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Le syndicat s'inquiète de l'épuisement des profs

Soumis par SAEN le 10 août 2016

A la veille de la rentrée scolaire, le Syndicat des enseignants romands (SER) s'inquiète de la surcharge administrative dans la profession et de l'épuisement de ses membres.

Le syndicat va réaliser une étude sur l'état de santé du corps enseignant.
Le syndicat va réaliser une étude sur l'état de santé du corps enseignant. Image: AFP

«Il est temps que les autorités cessent de faire la sourde oreille», a déclaré Samuel Rohrbach mercredi devant la presse à Lausanne. Selon lui, les causes de l'épuisement des enseignants sont diverses et face à leur multiplication, de nombreux professionnels de la formation sont à bout de souffle.

Le Jurassien de 44 ans, qui remplace depuis août à la présidence du SER le Genevois Georges Pasquier, parti à la retraite, a dénoncé l'inflation des tâches administratives. «Les enseignants se plaignent de plus en plus», assure-t-il.

Fantasme des vacances

De la gestion des élèves à celle des crayons, tout est contrôlé, analysé et «formularisé». Conséquence, le temps légitimement dû à l'élève est de plus en plus rogné par des impératifs bureaucratiques. Les enseignants sont installés dans un rôle d'exécutant incompatible avec la liberté professionnelle nécessaire à ce métier, déplore Samuel Rohrbach.

Le président du SER a voulu au passage tordre le cou au «fantasme» des treize semaines de vacances de l'enseignant. «Des enquêtes montrent clairement qu'il n'y a pas autant: le nombre de semaines de vacances se situe entre 5,4 et 6,5, celui des heures oscille entre 1850 et 1950, mais approche souvent les 2000 au vu de l'augmentation des tâches administratives».

Manque de moyens

Depuis 2007, la légitime prise en compte des élèves à besoins particuliers demande une implication chronophage et énergivore des enseignants. «Le SER ne remet pas en cause cette intégration dans laquelle il s'implique volontiers, mais il déplore le manque de moyens alloués», a ajouté Jean-Marc Haller, secrétaire général du syndicat. De même, l'hypermédicalisation des élèves représente une charge accrue pour l'enseignant.

Soumise à un nombre impressionnant de paramètres, l'organisation du travail scolaire est loin d'être optimale. Selon le syndicat, le Plan d'études romand (PER) et l'école intégrative exigent notamment un enseignement plus différencié dans des locaux adaptés, alors que la tendance générale est à l'augmentation des effectifs des classes.

Démotivation rapide

Les problèmes de formation dénoncés l'an dernier par le syndicat contribuent largement à l'épuisement professionnel. La difficulté à entrer dans le métier a pour conséquence que 16% des jeunes enseignants quittent la profession au bout d'une année, et 49% sont susceptibles de le faire au cours des cinq premières années, souligne Samuel Rohrbach.

Beaucoup ont également recours au temps partiel pour tenir le coup. «Il est difficile de connaître l'état de santé du corps enseignant, car il y a la présence obligatoire et la période gérée librement. L'enseignant peut être malade sans que son employeur en soit informé. Des employés épuisés qui se requinquent pendant les vacances n'apparaissent pas dans les statistiques», relève M.Haller.

L'étude sur l'état de santé dans la profession qui sera menée par l'Institut romand de santé au travail devait permettre d'avoir une vision plus claire. Ses résultats seront connus à fin août 2017.

Demandes concrètes

La Suisse a le meilleur système éducatif au monde, selon le rapport du World Economic Forum. Cela ne doit pas être au détriment de la santé des enseignants, a souligné Samuel Rohrbach.

Concrètement, le SER demande des décharges pour gestion de classe à tous les degrés de la scolarité, ainsi que pour raison d'âge, une gestion du personnel plus efficace, une diminution drastique des directives et formulaires. Il exige une augmentation des ressources humaines et des budgets, notamment pour l'école inclusive et l'accueil des migrants.

Le syndicat exige par ailleurs une formation complète et un accompagnement des nouveaux collègues dans la profession. Il se réjouit que les soucis exprimés l'an dernier sur la formation insuffisante des enseignants aient été pris en compte. «La Conférence intercantonale de l'instruction publique (CIIP) a formé un groupe de travail pour y réfléchir», a indiqué Samuel Rohrbach.

(ats/nxp)

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