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Le parti radical sème ses idées à tout vent !

Soumis par Jean-François Kunzi le 6 octobre 2006

Sans doute dans la perspective des élections fédérales de 2007, le parti radical démocratique, en sérieuse perte de vitesse ces dernières années, entend augmenter son audience en se positionnant sur l’école et sur la formation.Depuis quelque temps, il sème, une à une, les idées assez peu révolutionnaires pour les Suisses romands qui ont jailli lors de son congrès de Martigny. Pour un parti qui a « inventé » et mis en place l’Etat fédéral qui fonctionne depuis presque 160 ans maintenant, ne pouvait-on pas attendre davantage d’innovations et de prospectives ?

Il est piquant de relever que les héritiers politiques des Radicaux qui inventèrent notre Etat fédéral proposent, aujourd’hui, davantage de centralisme tout en préconisant le « moins d’Etat ».

Le 19ème siècle a vu les idées qui ont engendré la Révolution française se répandre à travers l’Europe, la chute des monarchies absolues et l’instauration de régimes parlementaires. En Suisse, l’invasion française, l’Acte de Médiation, la guerre fratricide et confessionnelle du Sonderbund ont heurté les sensibilités et entraîné de profonds changements dans le fonctionnement de la Confédération. En 1874, la révision complète de la constitution fédérale de 1848, a maintenu, pour préserver une cohésion pas forcément évidente, le respect des particularismes en conférant aux cantons des prérogatives, notamment dans le domaine de l’instruction.

Aujourd’hui, malgré l’évolution considérable des mentalités, la réalité scolaire helvétique reste fort diverse : 26 ministres dirigent presque autant de systèmes scolaires. Cette singularité s’avère désormais obsolète. L’absence, sur le plan national, d’un ministère de l’éducation et de la formation se fait de plus en plus cruellement ressentir. Le plébiscite des articles constitutionnels constitue assurément un pas opportun dans cette direction.

Que les Radicaux suisses, constatant que le fédéralisme a atteint ses limites et que son maintien absolu risque d’hypothéquer gravement l’avenir dans le contexte de la mondialisation que nous connaissons, suscitent le débat me paraît louable. Encore faut-il le faire avec discernement en évitant d’enfoncer des portes qui sont déjà ouvertes en Suisse romande ou de préconiser un retour à des pratiques passéistes.

Préconiser le port d’un uniforme à l’école pour tenter de gommer les inégalités sociales – une expérience est actuellement en cours à Bâle – ne résout pas le problème beaucoup plus fondamental de l’origine et de la persistance de ces disparités choquantes.

Mis à part le canton de Fribourg qui est en train de mettre en place les structures adéquates, le début de la scolarité s’effectue, parfois depuis longtemps, à l’âge de 4 ans, en Romandie.

La journée continue répond, non à des considérations pédagogiques, mais à des besoins économiques et sociologiques (les mères doivent pouvoir poursuivre leur activité professionnelle). Elle dépend donc d’une décision purement politique et nécessite des infrastructures extrascolaires.

L’engagement radical pour les notes et les moyennes me consterne. Comment peut-on continuer à accorder une importance mythique à un instrument aussi peu fiable, aussi peu objectif et aussi réducteur ? La référence pour l’évaluation à l’école doit-elle être celle de la « Star Academy » ?

Qu’un enfant précoce – on évite soigneusement d’employer le terme de surdoué – pose un réel problème s’avère tout à fait normal. Doit-on pour autant lui proposer des mesures particulières qui contribueraient à le marginaliser encore davantage ? Chaque enseignant, en vrai professionnel, est parfaitement à même d’apporter des solutions à travers la différenciation.

Que vont devenir les idées ainsi semées ? Contribueront-elles à augmenter l’audience du parti radical face au mutisme quasi absolu des autres partis ?

Jean-François Kunzi

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