La réponse du berger à la bergère était très attendue depuis que les syndicats de la fonction publique ont révélé en primeur le projet de nouvelle grille salariale du Conseil d’Etat il y a trois semaines. Un projet qui les avait fâchés au point de quitter les négociations. Jeudi, devant la presse, Monika Maire-Hefti, cheffe du Département de l’éducation et Alain Ribaux, conseiller d’Etat chargé de la Justice et de la Sécurité, ont présenté la dernière mouture de la grille salariale des fonctionnaires.
Une version différente de celle présentée par les syndicats et largement remaniée. Les deux conseillers d’Etat affirment avoir «intégré les revendications réalistes des syndicats» et jugent la nouvelle grille «plus juste, plus claire et harmonisée». Les milieux syndicaux ne l’entendent pas de cette oreille.
Progression salariale ralentie
La nouvelle grille, qui devrait entrer en vigueur au 1er janvier 2017, propose deux échelles de traitement, l’une pour toute la fonction publique, l’autre pour les enseignants. Les deux consacrent le principe de la progression salariale automatique.
Un principe qui ne dérange pas nécessairement les syndicats, mais le rythme de progression fait beaucoup perdre aux enseignants. Le projet du Conseil d’Etat propose 25 annuités pour atteindre le pic salarial, soit vingt-cinq ans de carrière. Or, la situation actuelle permet aux enseignants de l’atteindre en dix ans.
Si le Conseil d’Etat affirme que sa nouvelle échelle de traitement ne fait baisser aucun salaire, cette mesure représente «un manque à gagner de l’ordre de 80 000 à 350 000 sur une carrière, selon qu’on enseigne au primaire ou au Lycée», estime Pierre Graber, président du Syndicat autonome des enseignants.
Une économie de 7 millions de francs
Au final, cette nouvelle grille devrait permettre à l’Etat d’économiser 7 millions de francs par année sur une masse salariale de la fonction publique de 474 millions. Une somme relativement modeste mais qui a son importance dans le programme d’assainissement des finances cantonales visant à trouver 165 millions de francs d’économies par an.
«Nous ne sommes pas réfractaires à donner des coups de main et à consentir des sacrifices provisoires, comme c’est le cas depuis deux ans, mais certainement pas à accepter un système perdant durable. Surtout que les enseignants neuchâtelois sont de loin les plus mal lotis de Suisse», s’indigne Pierre Graber. En effet, une étude de l’agence Bak Basel, commandée par le gouvernement, a démontré que l’école neuchâteloise est la meilleur marché de Suisse. Elle coûte 32% de moins que la moyenne nationale. «Difficile de nous tondre plus», conclut le syndicaliste.
Revendications intégrées
Côté bonnes nouvelles pour les enseignants, on peut noter l’abandon de l’obligation de cotiser pour la caisse de remplacement. Une spécificité neuchâteloise difficilement justifiable en comparaison intercantonale et une revendication de longue date des syndicats. Concrètement cette mesure équivaut à «une augmentation du salaire net des enseignants de 0,7%», selon le Conseil d’Etat.
Autre point positif, également réclamé de longue date, les revalorisations salariales des enseignants des degrés Harmos 1-2 et 3-6 qui verront leur salaire augmenter respectivement de 8% et 4%. Enfin, les professeurs de lycée nouvellement engagés devront enseigner une période de moins par semaine (23 contre 24).
Une mobilisation plus modeste
Fort de ces aménagements, le Conseil d’Etat appelle les syndicats à revenir à la table des négociations. Une éventualité peu probable qui sera discutée par toutes les associations de personnel de l’Etat lundi prochain. Elles annonceront les éventuelles mesures prises mardi. Des manifestations et des grèves ne sont pas à exclure du côté des syndicats. Mais comme les métiers autres que l’enseignement sont plutôt épargnés, la mobilisation sociale risque cette fois-ci d’être plus modeste.
Mohamed Musadak
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