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L’école dans le collimateur des conservateurs

Soumis par SAEN le 14 mars 2010

Harmos gagne à Fribourg, mais l'UDC poursuit son offensive réactionnaire.

HarmoS, le concordat intercantonal en matière de scolarité obligatoire, a souverainement passé le test référendaire en terre fribourgeoise. Ce succès n'est en rien anodin; douze cantons ont maintenant adhéré à ce concordat qui harmonise l'âge de l'entrée à l'école, la durée de la scolarité obligatoire, les objectifs et les passages entre les niveaux d'enseignement et la reconnaissance des diplômes. Mais six autres (LU, OW, UR, ZG, TG et GR) l'ont refusé et les sept derniers doivent encore se prononcer. Fribourg donne un signal positif, après une série d'échecs en Suisse centrale et orientale.

L'obligation de fréquenter l'école dès l'âge de 4 ans - une obligation déjà largement répandue en Suisse - déplaît à certains parents. Cette réticence, mais aussi l'inquiétude face à des réformes pédagogiques pas toujours bien comprises n'ont pas échappé à l'UDC. Le retour à l'école de grand-papa est devenu l'un des piliers de son action, au même titre que l'immigration et la menace européenne. Le parti a déclaré la guerre à une instruction publique prétendument dirigée par des gauchistes. Une guerre en priorité contre Harmos et qui a valu quelques beaux succès cantonaux à l'UDC. 

Mais la défaite d'Harmos ne suffit pas aux conservateurs. Ils dénoncent les gouvernements de Lucerne et d'Uri qui veulent imposer aux communes l'ouverture d'écoles maternelles non obligatoires: une manière d'introduire Harmos de manière rampante, accusent les députés UDC de Suisse centrale.

Inspiré par Ulrich Schlüer, le très réactionnaire conseiller national zurichois, principal moteur de l'initiative anti-minarets, un programme-manifeste sur l'éducation a été élaboré qui esquisse l'école idéale selon l'UDC. Une école qui exile les élèves handicapés, difficiles et faibles dans des classes spéciales, de manière à ne pas freiner les meilleurs; après Harmos, l'UDC mobilise ses troupes cantonales contre le concordat sur la pédagogie spécialisée. Exil également pour les élèves étrangers qui ne maîtrisent pas l'allemand. Usage exclusif du dialecte à l'école enfantine pour favoriser le développement de la capacité linguistique! Plus de travaux manuels et moins de langues pour les élèves faibles du degré secondaire, pour mieux les préparer à l'apprentissage professionnel. 

Bref un programme solidement construit sur des idées reçues et ignorant des connaissances pédagogiques empiriquement établies. Sur l'étendard scolaire de l'UDC sont inscrites les valeurs de responsabilité et d'effort, sanctionnées par des notes aptes à sélectionner les meilleurs. Un programme peu apte à promouvoir scolairement la progéniture de l'électorat de ce parti. Mais qu'importe à l'UDC. Tel un parasite, elle se nourrit des problèmes ressentis par telle ou telle partie de la population et, le cas échéant, n'hésite pas à les attiser. Leur résolution ne l'intéresse pas.

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