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L’école doit faire face à la réalité

Soumis par SAEN le 7 mars 2010

L'éducation nationale accueillera bientôt davantage d'enfants étrangers que luxembourgeois.

Le profil des élèves scolarisés au Luxembourg est en train d'évoluer. L'enseignement saura-t-il s'adapter? / De notre journaliste Olivier Landini

L'Association de soutien aux travailleurs immigrés (ASTI) mettait hier en ligne sur son site internet quelques «chiffres clés» concernant l'éducation nationale au Luxembourg. Analysant son évolution au cours des huit dernières années, l'association fait quatre observations : «Le nombre d'enfants luxembourgeois fréquentant le préscolaire a diminué, celui des étrangers a augmenté. On en est aujourd'hui à cinquante-cinquante. Au primaire, l'évolution est semblable, même si on n'en est pas encore à cette répartition. Au classique: augmentation du nombre des Luxembourgeois et des étrangers. Au technique : faible progression des Luxembourgeois et forte progression des étrangers.»

«On trouve que ce sont des informations importantes», indiquait hier Laura Zuccoli, présidente de l'ASTI. En effet, les chiffres avancés par le ministère de l'Éducation nationale, repris et commentés par l'ASTI, parlent quasiment d'eux-mêmes. Le profil des élèves scolarisés au Luxembourg est en train d'évoluer. Et ce constat devrait nous alerter sur la nécessité de devoir adapter le système scolaire à une nouvelle réalité. «Il y aura bientôt plus d'étrangers que de Luxembourgeois dans nos écoles.»

Un enseignement ségrégatif

L'enseignement luxembourgeois est fortement ségrégatif. Différentes études l'ont démontré ces dernières années. Milieu social et nationalité déterminent en effet en grande partie le parcours scolaire d'un élève au Grand-Duché. Laura Zuccoli observe également que ces deux variables (nationalité et milieu social) sont souvent fortement corrélées. Et contrairement à la situation que connaissait le Grand-Duché dans les années 1960 par exemple, «il n'y a plus beaucoup d'ouvriers luxembourgeois». Milieu social moins favorisé et nationalité étrangère iraient donc souvent de pair.

Et ainsi, il existerait aujourd'hui au Luxembourg une école à deux vitesses. Il suffit peut-être simplement de comparer le taux d'étrangers et le taux de Luxembourgeois présents dans l'enseignement secondaire dit classique et dans l'enseignement secondaire technique pour s'en rendre compte. Pendant l'année scolaire 2008/2009, 19,2% d'élèves de nationalité étrangère étaient scolarisés dans l'enseignement dit classique et 43% dans l'enseignement technique.

«On peut espérer qu'avec la réforme de l'enseignement fondamental, les choses changeront», confie la présidente de l'ASTI. Pour l'instant, il est toutefois trop tôt pour en juger. Certaines mesures prises dans le cadre de la réforme visent en effet à réduire les inégalités, notamment en impliquant davantage les parents dans la scolarité de leur enfant. «C'est une bonne chose que les parents soient à présent obliger de venir discuter avec les enseignants, note Laura Zuccoli, qui craint cependant que cela ne suffise pas : Il faudra aussi pouvoir expliquer et faire prendre conscience de ce qui va ou ne va pas à des parents qui n'ont pas eu de parcours scolaire.» L'ASTI aurait d'ailleurs souhaité que les maisons relais soient davantage associées à la scolarité des enfants que ne le prévoit la réforme.

Enfin, il reste toujours un obstacle majeur pour tous les enfants d'immigrés : la langue. En effet, la réforme ne s'est pas penchée sur le problème. L'alphabétisation des enfants se fait toujours en allemand. Et ce, en se basant sur une approche phonétique favorable aux petits nationaux, car s'appuyant sur leurs connaissances du luxembourgeois. De plus, cette approche maintient en vigueur une autre difficulté d'intégration. «Les enfants n'acquiert pas les notions d'allemand qui les prépareraient au luxembourgeois», conclut la présidente de l'ASTI.

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