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L’école doit un peu naviguer à vue

Soumis par SAEN le 27 octobre 2016

Même dans un contexte délicat, Théo Bregnard calme le jeu.

La réforme du cycle 3 entraîne une augmentation du nombre de salles de classe, au collège Numa-Droz de La Chaux-de-Fonds  comme dans tous les établissements scolaires du canton de Neuchâtel.
La réforme du cycle 3 entraîne une augmentation du nombre de salles de classe, au collège Numa-Droz de La Chaux-de-Fonds comme dans tous les établissements scolaires du canton de Neuchâtel. CHRISTIAN GALLEY

L’annonce, la semaine dernière, de la démission d’un directeur adjoint pour la fin du semestre en cours a agi comme un détonateur à La Chaux-de-Fonds. Plusieurs voix souhaitant rester anonymes se sont fait entendre pour dénoncer un climat délétère et des conditions de travail peu propices à l’épanouissement des élèves et des enseignants.

Soucieux de transparence, qu’il entend faire rimer avec confiance, Théo Bregnard ne nie pas certaines difficultés. Mais elles tiennent d’abord au contexte particulier de cette année scolaire, ainsi qu’aux exigences nouvelles de la société, plutôt qu’aux personnes, juge-t-il. En charge de l’Instruction publique depuis moins de trois mois, l’élu du POP rappelle d’abord que la réforme du cycle 3 (les degrés 9 à 11 de l’école obligatoire) entraîne une augmentation du nombre de classes. «D’un cinquième», précise-t-il. Il a donc fallu agir dans l’urgence. «Toutes les salles utilisées ne sont sans doute pas idéales, mais nous avons réussi, de manière temporaire en tout cas, à nous réorganiser à l’intérieur des bâtiments scolaires existants», souligne-t-il. Tout en ajoutant que la Ville s’attelle à trouver des solutions plus pérennes, notamment en rentabilisant des salles de classe actuellement sous-utilisées, comme des salles de sciences ou d’informatique. «Etre dans une ville qui a des difficultés financières nous oblige à être inventifs et pragmatiques», sourit-il.

Interdit de rêver!

Car il s’interdit de rêver. Trente-quatre millions, comme pourrait investir la commune de Saint-Blaise pour agrandir son centre scolaire? Voire 44, coût estimé pour rénover l’ensemble des écoles de la ville? Juste impossible. Mais des pistes se dessinent. D’entente avec la coopérative gérant un des immeubles, quatre salles de classe seront créées dans le quartier Le Corbusier. Et d’autres projets mijotent dans les cuisines de l’Instruction publique.

En attendant, les réformes décidées à l’échelon cantonal – on peut aussi évoquer ici l’intégration des BEP (les élèves avec des besoins éducatifs particuliers) – pèsent encore plus sur les épaules des enseignants. A cela s’ajoute, à La Chaux-de-Fonds, la valse des directeurs (au moins quatre ces deux dernières années). Pour le président du SAEN (Syndicat autonome des enseignants neuchâtelois), Pierre Graber, c’est un problème réel, qui oblige les enseignants à s’adapter en permanence à de nouveaux modes de fonctionnement. D’où un surcroît de fatigue. Mais pourquoi spécifiquement à La Chaux-de-Fonds? Questions relationnelles? Ni Théo Bregnard ni Pierre Graber ne s’aventurent sur ce terrain-là. «C’est probablement dû au fait que l’école obligatoire, dans cette ville, représente une grosse entité, qui plus est partagée en trois cercles, qui n’ont pas une grande autonomie», analyse le second.

Exigences accrues

Pour lui, les directions n’ont pas les coudées assez franches. Moins, en tout cas, que dans d’autres gros ensembles comme l’Eoren, l’Ecole obligatoire de la région Neuchâtel (lire ci-contre). Pour le conseiller communal, cette situation reflète une volonté politique, qui doit maintenir dans toute la ville, et quel que soit le secteur concerné, une certaine unité. «Cette structure a ses défauts et ses lourdeurs, comme ses qualités, mais elle se justifie», estime-t-il.

Selon lui, il faut aussi tenir compte des exigences sans cesse accrues, tant de la part des élèves, des parents ou du canton, ce qui rend forcément le métier plus lourd et plus complexe.

Et ce qui peut aussi générer quelques couacs au niveau des directions. A l’image de la distribution (très) tardive des horaires aux enseignants et aux élèves en août dernier. «La multiplication des niveaux et des salles a rendu l’exercice plus complexe», plaide Théo Bregnard, tout en admettant (il s’en était déjà expliqué à la rentrée) des «problèmes de transmission».

Une opportunité

Et la dernière démission en date, celle de Fabien Guyot, directeur adjoint du cycle 2 aux Forges? «Une opportunité», résume le conseiller communal, ancien enseignant lui-même. «Il part après huit ans dans notre école, pour se réorienter dans la formation continue, un secteur qui lui tient à cœur», complète-t-il, rejetant l’idée, évoquée par certains, qu’il aurait claqué la porte.

Question d’autonomie

A l’instar de Fabien Guyot, Yann Muller a aussi quitté l’école chaux-de-fonnière cette année. Directeur adjoint du cycle 3 dans le secteur sud (Crêtets-Bellevue) jusqu’à la fin de l’année scolaire, il occupe la même fonction au Centre scolaire de la Côte, à Peseux, depuis la rentrée. «Ce n’est pas du tout pour des questions de relations avec ma direction ou avec les enseignants. Après six ans, j’avais besoin de vivre l’école autrement, dans une plus petite structure.»

A première vue, pourtant, l’Eoren, dont fait partie le centre de la Côte, n’est pas plus petite que l’Ecole obligatoire de La Chaux-de-Fonds. «Oui, c’est vrai, mais chaque centre bénéficie de davantage d’autonomie. A La Chaux-de-Fonds, si, par exemple, vous voulez mettre en place un soutien pédagogique pour un certain type d’élèves, les directions des trois secteurs vont devoir se réunir et se mettre d’accord pour que le soutien en question soit proposé partout. C’est une volonté politique, propre à la ville, de faire avancer l’école de manière globale.»

Dans la région de Neuchâtel (qui englobe plusieurs communes, regroupées en syndicat), on peut très bien imaginer qu’un seul centre développe une nouvelle prestation, sans que les autres lui emboîtent le pas. Mais Yann Muller ne porte pas de jugement. «C’est une affaire personnelle; mon fonctionnement est plus en adéquation avec une petite structure, c’est tout.»

En résumé

Secteurs - L’école obligatoire de La Chaux-de-Fonds est divisée en trois secteurs: nord, ouest et sud. L’administration générale se situe rue de la Serre.

Collèges - La dénomination des secteurs se fait aussi par le biais des collèges (anciennement secondaires) qui s’y trouvent. Numa-Droz pour le nord, les Forges à l’ouest, les Crêtets et Bellevue au sud. Les sites des Ponts-de-Martel et de La Sagne sont intégrés à La Chaux-de-Fonds, secteur sud.

Direction - Chaque direction de secteur est formée d’un directeur (Pascal Cosandier au nord, Fabrice Demarle à l’ouest et Alain Fournier au sud), et de trois directeurs ou directrices adjoint(e) s. Alain Fournier assure aussi la direction globale.

Cycles - Les directeurs et directrices adjoint(e) s ont la responsabilité des cycles. Cycle 1 pour les degrés 1 à 4, cycle 2 pour les degrés 5 à 8 et cycle 3 pour les degrés 9 à 11.

Par Stéphane Devaux

Source

Publié le
ven 24/08/2018 - 14:59
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