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L’école à la maison pendant la crise du Covid-19, un révélateur des inégalités face au numérique ?

Soumis par SAEN le 13 octobre 2020
Compétences internet selon la situation financière (OFS)

Dans son blog educationauxmedias.ch, Jean-Claude Domenjoz livre une analyse fouillée des conséquences probables de la période d’école à la maison du printemps 2020. Ça vaut le détour.

Ci-dessous, le début de l’article :

Fracture numérique • La fermeture subite des établissements scolaires et l’instauration de l’école à distance a bouleversé les manières d’enseigner et d’apprendre. Le corps enseignant et les familles ont dû redéfinir leurs rôles dans l’urgence, tandis que l’usage des outils numériques de communication et d’apprentissage a été fortement encouragé. Cependant, les élèves et leurs familles ne sont pas égaux face au numérique. Quelques mois après la reprise des cours, que sait-on des difficultés éprouvées par les familles défavorisées en Suisse romande ?

Dès le 16 mars 2020 et pendant près de deux mois les écoles de Suisse ont été fermées en raison de la crise sanitaire liée à la pandémie du Covid-19. Subitement, suite à la décision du Conseil fédéral, l’ensemble du système éducatif helvétique a dû s’adapter très rapidement pour dispenser un enseignement à distance, respectivement à la maison, à l’ensemble des élèves. Dans l’urgence, les établissements scolaires ont mis sur pied un enseignement à distance auquel, pour la plupart, ils n’étaient pas préparés. Les cadres normatifs ordinaires et stables de l’institution scolaire ont été bousculés, les routines remises en cause par cette situation sans précédent.

Pendant les longues semaines de fermeture des écoles et lors de la reprise des cours, les chef-fe-s de département et les autorités scolaires romandes ont cherché dans leurs nombreuses interventions dans les médias à rassurer la population en manifestant un optimisme à toute épreuve. Le leitmotiv, répété et décliné sous toutes ses formes, était de « maintenir le lien et les acquis » pendant la fermeture des écoles. C’est ainsi que les objectifs prioritaires de l’école à distance du département de l’instruction publique, de la formation et de la jeunesse (DIP) du canton de Genève communiqués lors d’une conférence de presse deux semaines après la fermeture des écoles (27 mars) étaient de « maintenir le lien avec les élèves et leurs familles, consolider les compétences acquises, garantir les certifications et l’orientation des élèves qui terminent l’école primaire ou le cycle d’orientation », ainsi que « d’aider les jeunes à structurer leurs journées ». Dans ce but une durée maximale de travail scolaire quotidien adaptée à l’âge des élèves était proposée. Anne Emery-Torracinta, conseillère d’Etat en charge du DIP, précisait lors de l’émission Forum (RTS, La 1ère) qu’il « ne s’agissait pas d’avancer dans les programmes car cela serait totalement inéquitable, les parents ne sont pas des enseignants, les familles n’ont pas le même niveau socioculturel et ne peuvent pas forcément aider leurs enfants ».

De grandes inégalités face au numérique

La fermeture des écoles a amené les institutions scolaires à rechercher des modalités d’organisation différentes sollicitant grandement les familles et s’appuyant sur les outils numériques de communication et de travail. L’école à distance a souvent consisté pour le corps enseignant à distribuer des devoirs et à offrir une assistance individuelle aux élèves par courriel, téléphone et vidéoconférence.

Comme on pouvait le prévoir, l’usage attendu des applications de l’informatique connectée tant de la part du corps enseignant que des élèves et de leurs familles a révélé des inégalités d’équipement et d’usages, mais plus encore les inégalités d’appropriation de ces dispositifs techniques pour enseigner et apprendre. Pour les élèves, la possibilité d’utiliser avec profit des moyens numériques pour consolider leurs connaissances a dépendu des compétences acquises en la matière par leurs enseignant-e-s et, bien sûr, de leurs propres compétences à utiliser des outils numériques pour effectuer des tâches scolaires. A ce propos, les données de l’enquête PISA 2018 ont permis de mettre en évidence que les équipements numériques étaient très peu utilisés par les élèves dans les classes de Suisse romande, plus des deux-tiers des élèves de 15 ans n’utilisant jamais d’appareil numérique pendant les cours. Le corps enseignant dans son ensemble était donc très mal préparé à encadrer le travail de leurs classes avec des moyens informatiques et les élèves à apprendre avec ceux-ci. L’enseignement par le truchement de moyens numériques à distance amenant des difficultés supplémentaires très sérieuses.

[suite]

Source :

Domenjoz J.-C., « L’école à la maison pendant la crise du Covid-19, un révélateur des inégalités face au numérique ? », Éducation aux médias et à l’information [en ligne], 5 octobre 2020, consulté le 13 octobre 2020. https://educationauxmedias.ch/ecole-a-la-maison-pendant-la-crise-du-covid-19-un-revelateur-des-inegalites-face-au-numerique

Publié le
mar 13/10/2020 - 12:23
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