Alors que les naissances sont reparties à la hausse, la réforme des caisses de pension pousse les enseignants âgés à anticiper leur retraite. Et nombre de leurs jeunes collègues quittent le métier.
L’évolution de la population n’est pas linéaire. Après une décennie de baisse de 1992 à 2003 (-17%), le nombre des naissances est reparti à la hausse, progressant de 24% en 14 ans. Selon les projections de l’Office fédéral de la statistique, il devrait encore augmenter d’environ 5% d’ici à 2024, avant de se stabiliser à 93 000 naissances par an. Cette situation est un défi pour le secteur de la formation, qui doit assurer un encadrement adéquat à des élèves toujours plus nombreux alors que beaucoup d’enseignants sont proches de la retraite, voire s’apprêtent à l’anticiper en raison de la réforme des caisses de pension publiques à l’œuvre dans de nombreux cantons.
Sur le terrain, la situation diffère d’une région à l’autre. «Actuellement, le problème de la relève est plus sensible en Suisse alémanique qu’en Suisse romande», assure Gérard Aymon, président de la Conférence latine des chefs d’établissement de la scolarité obligatoire. «Au niveau du cycle d’orientation, les questionnaires remplis par nos membres montrent surtout des difficultés dans le domaine de l’allemand et de l’enseignement spécialisé. Il devient aussi plus difficile de trouver des remplaçants. Mais ce qui nous inquiète, c’est surtout l’arrivée à la retraite de la génération du baby boom.»
Fribourg et Valais en alerte
En 2017, la proportion des enseignants du degré primaire âgés de plus de 50 ans allait d’environ 25% dans les cantons de Fribourg et Genève à 29% dans le Jura et 31% en Valais, voire plus de 35% à Berne. Dans les cantons de Vaud, on était à 30%, à Neuchâtel 33,5%. «Nous nous attendons à des difficultés de recrutement dans deux à trois ans», indique Gérard Aymon. «Leur ampleur dépendra du nombre d’enseignants qui prendront une retraite anticipée pour éviter la baisse des rentes due à l’assainissement des caisses de pension publiques.»
Samuel Rohrbach, président du syndicat des enseignants romands, souligne que la situation est particulièrement critique dans les cantons de Fribourg, du Valais et de Genève. «Dans les autres cantons, on ne peut pas parler de pénurie, mais les effectifs sont en flux tendu. Il suffirait d’un impondérable pour que la situation bascule, d’autant que les jeunes enseignants, découragés par les conditions de travail, sont nombreux à quitter le métier après quelques années.»
