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Les députés torpillent le projet de budget 2009

Soumis par SAEN le 3 décembre 2008

Le report de charges sur les communes a plombé le projet de budget du Conseil d'Etat. Le Grand Conseil a renvoyé plusieurs modifications législatives. Le déficit sera plus élevé que les 12,1 millions prévus par le projet. Le débat se termine aujourd'hui.

«L'Etat devra dépenser plus. Plus vous alourdissez le déficit 2009, plus nous devrons emprunter. Moins nous aurons de moyens lorsqu'il s'agira de soutenir.» Le conseiller d'Etat Jean Studer a abattu ses cartes hier au Grand Conseil. «Où sont les engagements que vous avez pris de défendre les intérêts généraux et non ceux de certains lobbies.» En vain.

Ceux-ci ont décidé d'aggraver le déficit en refusant certaines modifications législatives (notre édition du jeudi 27 novembre). De droite à gauche, les groupes dénoncent le report de charges sur les communes. «Le budget 2009 est trompeur», clame notamment le libéral-radical Olivier Haussener en dénonçant ledit report. «Le déficit réel est justement corrigé à 23,5 millions de francs. C'est mauvais et loin de l'équilibre.»

Les votes tombent les uns après les autres. Pas question, notamment, d'accepter une réduction de 10% du subventionnement des traitements du corps enseignant, décision qui aurait obligé les communes à compenser la différence. Le résultat est sans appel: 110 voix contre. La modification de la loi sur l'aide au logement subit le même sort. Le projet du Conseil d'Etat est largement modifié.

Au moment d'entreprendre l'examen de détail du budget, les députés ont décidé, en fin de soirée, de remettre à aujourd'hui une partie de cet exercice. Ce n'est que ce matin que sera chiffré le montant du déficit 2009. Le Conseil d'Etat tablait sur 12,1 millions de francs. Le montant final sera supérieur.

Auparavant, la situation conjoncturelle n'a pas manqué de s'inviter au débat. «Alors que la crise est à notre porte, vous diminuez les subventions, à Job Service notamment», s'est insurgée Claudine Stähli-Wolf au nom du groupe popvertsol. «L'Etat est quasi contraint de travailler contre lui-même en raison du frein aux dépenses», a-t-elle regretté.

«Les prévisions s'assombrissent. L'analyse faite en septembre est totalement fausse. Ce n'est pas la faute du gouvernement», a tempéré Pierre-Alain Storrer. Il a aussi précisé que les exportations neuchâteloises pourraient diminuer de 1 milliard de francs en 2009 par rapport à cette année et passer de 8,5 à 7,5 milliards. Le député table sur «une remontée de 0,5 milliard» en 2010.

L'analyse économique? «Le deuxième grand défaut du budget», a jugé le socialiste Baptiste Hurni. La récession? Il serait «surprenant que la Suisse y échappe. Aurait-il fallu revoir le budget?» Non, a répondu le Vallonnier, à l'instar de tous les groupes. /DAD

Le débat lance aussi la campagne électorale

Pas de doute! Le Grand Conseil est entré dans la dernière ligne droite de la législature. A environ cinq mois des prochaines élections cantonales, les discours sont affûtés. Le débat budgétaire se prête à l'exercice. Le Conseil d'Etat a subi hier un feu nourri. Son bilan a été critiqué par plusieurs groupes politiques.

Claudine Stähli-Wolf dégaine la première. «Après quatre ans, comment va l'Etat? La question n'a pas été envisagée», lance la porte-parole du groupe popvertsol. Il «a perdu de sa substance, juge-t-elle. Les conditions de travail se sont détériorées, les prestations sociales aussi». Et de dénoncer, en matière budgétaire, «une vision mécanique et non politique».

«L'UDC aurait voulu trouver l'esquisse d'une restructuration», regrette de son côté Pierre-Alain Storrer. Pour lui, il s'agit «d'infléchir le cours calamiteux» du canton. Lequel est «mal structuré. Nous devons tous l'admettre. Nous devons le réformer». Et d'adresser une pique encore: «Les réformes doivent venir des quatre départements fournisseurs de prestations et pas du seul Département des finances.» Pour l'UDC, «la réorientation est correcte, mais ne peut se faire sans concertation».

Le groupe libéral-radical se dit déçu et rappelle, en passant, qu'il a avalé quelques couleuvres pour faciliter la tâche du Conseil d'Etat. «La fête est quelque peu gâchée. Les prestations sociales sont redistribuées comme par le passé, les subventions élargies», lance Olivier Haussener. «Nous n'avons toujours pas réussi à sortir de l'eau de manière pérenne», conclut le député de Saint-Blaise.

Les socialistes sont plus nuancés. «C'est grâce à ce budget que le groupe socialiste peut évaluer le chemin parcouru», estime Baptiste Hurni. Et même s'il n'admet pas certains choix, il se félicite que 48 millions de francs d'amélioration au budget ont été possibles grâce à des restructurations.

Le bilan de la législature? «Un exercice incontournable» pour Jean Studer, qui sera aussi en course au printemps prochain. Le conseiller d'Etat rappelle que la priorité, dès 2004, avait été mise sur le redressement des finances. «Au fil des années, nous avons retrouvé un peu de marge, mais pas de liberté totale.» Le budget 2009? «Le Conseil d'Etat pouvait se montrer satisfait lorsqu'il a présenté ce budget», dit le chef des finances cantonales. «Le Conseil d'Etat déchante. Ce budget est marqué par de nombreux amendements. Il va au-delà des clivages partisans.» Jean Studer n'hésite même pas à évoquer le «lobby des doubles mandats» - bon nombre de députés, tous partis confondus, ont des responsabilités communales. La campagne est lancée. /dad

Enseignants en colère

«Nous exigeons que la parole donnée par le Conseil d'Etat soit respectée!» Hier soir dans la Cour du Château de Neuchâtel, une centaine d'enseignants ont manifesté pour dénoncer l'attitude de Sylvie Perrinjaquet, cheffe du Département de l'éducation.

«En mai 2008, les syndicats des enseignants ont conclu un accord avec le Conseil d'Etat, stipulant notamment que des maxima d'élèves par classe seront fixés et que des mesures seront prises en cas de dépassement, dès la rentrée 2009», a déclaré Michel Gindrat, président du Syndicat des services publics, section enseignants neuchâtelois (photo). John Vuillaume, président du Syndicat autonome des enseignants neuchâtelois, a ajouté que cet accord prévoyait un investissement de 1,1 million de francs pour lever certaines mesures d'économie et «atténuer leurs effets négatifs».

Mais cet accord n'a pas été tenu par le Conseil d'Etat, et n'a donc pas été intégré au budget 2009. Les enseignants ont déposé une pétition jeudi dernier invitant les députés au Grand Conseil à modifier le budget en conséquence (notre édition du 28 novembre). La manifestation d'hier a eu pour objectif d'appuyer cette revendication, en pleine session du Grand Conseil. Hier à l'heure de mettre sous presse, nous ne savions pas encore si le Grand Conseil avait intégré ce 1,1 million d'investissement au budget 2009. /vgi

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