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Les devoirs à domicile sont-ils vraiment nécessaires ?

Soumis par Jean-François Kunzi le 14 décembre 2007

Le débat sur cette importante question revient, périodiquement, sur la sellette. Sans doute parce que, en raison de sa complexité, on ne parvient pas à y apporter, au sein de l’école publique, une réponse satisfaisante et, bien entendu, définitive.

Récemment, « Le Temps » a relancé le sujet à travers un article d’Anna Lietti consacré au soutien scolaire privé qui s’avère, de plus en plus, un marché d’avenir. Cette dérive grave du système éducatif doit nous interroger. La question essentielle ne me semble pas « donner ou ne pas donner » mais plutôt « quoi donner » pour qu’un enfant puisse seul s’exercer à l’autonomie, entraîner la mise en œuvre des compétences acquises, consolider, à son rythme, les notions déjà étudiées qui, assemblées, vont constituer son savoir.

Les enquêtes PISA, particulièrement celle de l’année 2000 consacrée principalement à la lecture (littéracie). Révèlent que près de 20% des élèves se trouvent en grande difficulté scolaire parce qu’ils ne comprennent pas une consigne, même simple. Ce triste constat a incité le SER à exiger des mesures urgentes de remédiation qui ont été concrétisées, ici, par l’attribut d’une heure supplémentaires de français, là par la désignation d’un délégué à la lecture, ailleurs par l’organisation de séminaires de formation. Il a lui-même proposé et organisé, dès novembre 2004, une semaine de lecture afin de sensibiliser les enseignants à ce délicat problème et à les encourager, en leur suggérant des activités, à porter une attention toute particulière, durant la durée de la scolarité, à cet apprentissage si essentiel.

Les élèves en difficultés proviennent majoritairement de milieux sociaux défavorisés, immigrés récents, familles monoparentales, voire – critique vivante adressées à notre système scolaire – parents illettrés …

Jusqu’au début des années septante, chaque individu, quel que soit son bagage scolaire, était pratiquement certain de trouver un emploi. Aujourd’hui, dans le contexte de la mondialisation effrénée, seuls ceux qui bénéficient d’une formation solide et de haut niveau ont des chances d’être considérés comme compétitifs et d’être engagés dans le monde impitoyable du travail. Malheur à ceux dont les connaissances et les compétences s’avèrent rudimentaires ! Ils sont presque certainement condamnés à la marginalisation.

On comprend que des parents conscients de cette situation inconfortable et soucieux d’assurer l’avenir de leur enfant cherchent, par tous les moyens, à garantir une réussite scolaire la plus élevée possible. Faute de temps, de moyens intellectuels ou pour d’autres raisons ou moins avouables, le recours à des organismes spécialisés privés s’impose presque naturellement.

Quand des philosophes, des responsables politiques voire des collègues invoquent la sélection naturelle pour justifier les différences, les inégalités et sans doute, leur incompétence à différencier leur enseignement, on se demande s’ils ont bien conscience de l’enjeu considérable que leur conception du monde représente pour la société.

L’école publique est une lourde machine, parfois tiraillée par des courants contraires, qui peine à s’adapter à la réalité contemporaine. Si, soucieuse de demeurer garante de l’égalité des chances, de la solidarité et de la tolérance, elle doit réclamer davantage de moyens afin de permettre, à chaque enfant, d’acquérir la meilleure formation possible.

Pour les élèves en difficultés et assurément pour leur famille, les devoirs à domicile peuvent constituer un véritable calvaire et être perçu comme une punition incompréhensible. Ils ne sauraient, comme le prétend « un certain philosophe qui a un avis sur tout », gommer les inégalités. « En toute chose, il faut considérer la fin », c’est-à-dire bien réfléchir à l’objectif recherché, à la matière et à la quantité données.

Aujourd’hui, dans le contexte de la mondialisation effrénée, seuls ceux qui bénéficient d’une formation solide et de haut niveau ont des chances d’être considérés comme compétitifs et d’être engagés dans le monde impitoyable du travail. Malheur à ceux dont les connaissances et les compétences s’avèrent rudimentaires ! Ils sont presque certainement condamnés à la marginalisation.

Jean-François Künzi

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