Le Gouvernement jurassien a concrétisé les mesures du programme d'économies Opti-Ma qui s'appliquent aux enseignants. Un nouveau système d'allégement d'horaires devrait permettre au canton d'économiser 1,28 million de francs par an.
Actuellement, tous les enseignants engagés par le canton bénéficient dès 50 ans de deux périodes de décharges (2 x 45 minutes) sans baisse de salaire, a expliqué hier matin la ministre de la Formation, Elisabeth Baume-Schneider. Pour ceux qui oeuvrent à temps partiel, l'allégement est calculé proportionnellement au taux d'activité.
Dès le 1er août 2016, le canton changera son système en fixant deux palliers (à 50 et 60 ans) au lieu d'un seul pour effectuer des économies. Les enseignants de plus de 50 ans seront en effet répartis dans deux catégories. Ceux âgés de 50 à 59 ans ne bénéficieront plus que d'une période de décharge pour un 100%. Dit autrement, un 100% nécessitera de travailler 45 minutes de plus en classe. Cet allégement réduit sera toujours proportionnel pour les personnes travaillant à temps partiel.
Les enseignants qui ont plus de 60 ans et qui travaillent entre 90% et 100% verront, eux, leur condition inchangée, au contraire de leurs collègues sexagénaires travaillant à temps partiel, qui perdront 25% du temps de décharge octroyé avant la réforme.
Effort "notoire"
C'est clair, dans l'ensemble, les enseignants jurassiens travailleront plus. Le Gouvernement estime l'effort "notoire" , mais "le futur modèle jurassien reste tout à fait correct par rapport à d'autres cantons" , souligne Elisabeth Baume-Schneider. Autre son de cloche du côté du Syndicat des enseignants, qui conteste cette mesure (lire ci-dessous). L'automne dernier, le SEJ avait appelé ses membres à soutenir la pétition qui s'opposait au programme Opti-Ma.
Pour rappel, ce plan d'économies affectera tous les secteurs de l'Etat et les institutions parapubliques. Sa mise en oeuvre se traduira par la suppression de 90 emplois. Deux domaines ont été épargnés: il n'y aura ni hausse d'impôts ni baisse des salaires dans la fonction publique. JBE - ATS
PILULE DIFFICILE A AVALER
"Notre position n'a pas changé depuis l'automne dernier. Nous n'acceptons pas cette mesure 103 du plan Opti-Ma" , commente Rémy Meury, le secrétaire général du Syndicat des enseignants jurassiens (SEJ). Néanmoins, aucune grève ou manifestation n'est en vue. " Notre opposition est avant tout philosophique." Du moins, pour l'heure. Le syndicaliste rappelle qu'il y aura une assemblée générale d'ici à l'application, à la rentrée 2016, de cette mesure d'austérité. Entre-temps, donc, le ton pourrait bien se durcir.
Ce qui dérange au plus haut point le SEJ, c'est qu'il y a six ans en arrière, une mesure similaire avait déjà été discutée. "Cette fois, nous avions pu négocier et trouver d'autres solutions pour réaliser des économies. Des enseignants avaient accepté un sacrifice salarial" , explique Rémy Meury. "Revenir six ans plus tard avec la même mesure, alors que les membres du Gouvernement n'ont pas changé à l'exception d'une seule personne, c'est nous considérer avec mépris."
En termes d'allègement pour raison d'âge, la comparaison intercantonale montrerait que les instituteurs jurassiens sont aussi bien lotis que dans le canton de Berne, et peut-être même un peu mieux que dans le canton de Neuchâtel. Le Gouvernement s'appuie sur cet argument pour faire passer la pilule. "Cette notion d'égalité négative me répugne" , répond le secrétaire du SEJ, "car on ne compare que ce qui nous arrange. Quid des salaires? Du pensum (réd: nombre de périodes hebdomadaire) ?"
En l'état actuel, près d'un tiers des enseignants jurassiens sont concernés par cette mesure 103. Autrement dit, ils ont plus de 50 ans. "Ça va changer, car, dans la pyramide des âges, on constate à nouveau une grosseur chez les moins de 30 ans. Donc on ne va pas pouvoir économiser chaque année un million" , souligne Rémy Meury. "Cette mesure d'économie n'est pas pérenne. Elle prouve que le Gouvernement ne réfléchit pas à long terme. Aussi, ce qu'il oublie de rappeler, c'est que cette décision engendrera la suppression de 8,5 postes." JBE