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Les «mensonges» de l’Etat dénoncés

Soumis par SAEN le 22 juin 2016

La nouvelle grille salariale favorise les hauts fonctionnaires et réduit l’effet des annuités, selon les syndicats

«Mentir par omission n’enlève rien au mensonge. En l’occurrence, l’Etat ne présente que la moitié de la vérité pour faire passer en force son projet», fulminait mardi Michel Gindrat, coprésident de la section «enseignants» du SSP, entouré de ses confrères représentant l’ensemble de la fonction publique. Le ton est sec, le poing frappe la table à plusieurs reprises. L’heure est à la colère pour les syndicats après la présentation par le Conseil d’Etat de la nouvelle grille salariale des fonctionnaires censée entrer en vigueur en janvier prochain.

Les syndicalistes reprochent au gouvernement d’avoir présenté les enjeux de manière partiale en annonçant que les salaires seraient maintenus ou revus à la hausse. Outre le salaire de carrière (sur trente-cinq ans) des enseignants qui diminuera de 1,35% à 4,6% selon qu’on enseigne au primaire ou au secondaire à cause d’une progression salariale ralentie (notre édition du 17 juin), c’est l’ensemble de la fonction publique, notamment l’administration, qui est touchée.

Moindre progression salariale

Concrètement la nouvelle grille réduit l’amplitude salariale, à savoir l’écart entre le premier salaire et le salaire maximal, de 54% à 41% pour l’ensemble de la fonction publique. Mais la mesure ne touche pas toutes les classes salariales de la même manière.

José Sanchez, président du coté «administration» du SSP, y voit «une échelle de traitement inéquitable qui favorise les hautes classes salariales. L’augmentation du salaire de départ est particulièrement marquée pour les classes 10 à 16 (les plus hautes), alors qu’à l’inverse, le salaire maximal est particulièrement réduit pour les classes 2 à 9.»

Graphiques à l’appui, le syndicaliste s’est ensuite lancé dans une démonstration qui «prouve que sur quarante ans, les classes 2 à 4 perdent un peu moins de 90 000 francs, alors que les classes 11 à 16 en gagnent plus de 40 000». «A se demander qui commande à Neuchâtel, le Conseil d’Etat ou les chefs de services?» s’indigne Patrick Siron, président du Syndicat de la police neuchâteloise.

Salaire au mérite

Le gendarme s’inquiète encore davantage de l’arrivée des primes au mérite. Pour lui, pareil système n’a absolument pas sa place dans un service public, encore moins dans la police. «Vous imaginez? On va récompenser les policiers au nombre d’amendes? On a vu le résultats en France, où les brigades se font de la concurrence au point de retenir des informations cruciales pour des enquêtes.» Autre point d’inquiétude, l’apparition d’un statut «junior», dont les contours n’ont pas été précisés, mais que les syndicalistes soupçonnent déjà de favoriser la sous-enchère salariale.

Malgré cette colère bien perceptible, aucune action concrète n’a encore été annoncée si ce n’est une campagne d’information auprès de la population et des députés. Une manifestation devrait toutefois avoir lieu «début septembre». Avant de possibles grèves d’amendes, de leçons du mercredi et autres débrayages après les vacances estivales.

Mohamed Musadak

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