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L’intégration, oui, mais à certaines conditions

Soumis par SAEN le 4 avril 2009

Laval - Le constat est le même tant chez les enseignants, les professionnels que chez les chercheurs : l'intégration des élèves en difficulté peut se faire et donner de bons résultats. Pour y arriver, certaines conditions doivent cependant être dûment remplies.

Alarmée par l'épuisement de ses membres, la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE) a mené une enquête à laquelle plus de 1000 enseignants ont répondu afin de déterminer la réalité de la classe ordinaire. À la lumière des réponses obtenues, la FSE réitère sa demande de mise en place de balises claires et de limites à l'intégration des élèves en difficulté dans les salles de classe régulières.

Conférencière invitée au Colloque de la CSQ le 18 février dernier, la conseillère de la FSE au dossier des élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage (EHDAA), Pauline Ladouceur, a expliqué le contexte difficile de la classe ordinaire.

L'intégration des élèves en difficulté dans les classes régulières est introduite dans les écoles du Québec depuis environ vingt ans. Mme Ladouceur souligne que la classe ordinaire fait cependant aujourd'hui face à la perte de ses éléments les plus forts au profit de l'école privé et de projets sélectifs comme celui des écoles internationales. Elle soutient que la classe ordinaire se retrouve ainsi avec un plus grand nombre d'élèves à risque.

La FSE revendique d'abord l'évaluation obligatoire des besoins et des capacités des élèves reconnus HDAA. Le syndicat demande aussi une définition plus claire de la contrainte excessive qui figure dans la Loi sur l'instruction publique.

De fait, la Loi stipule simplement que l'intégration d'un élève HDAA peut être envisagée « lorsque l'évaluation de ses capacités et de ses besoins démontre que cette intégration est de nature à faciliter ses apprentissages et son insertion sociale et qu'elle ne constitue pas une contrainte excessive ou ne porte pas atteinte de façon importante aux droits des autres élèves »

La FSE demande donc que des conditions, comme la composition de la classe (nombre d'élèves, proportion d'élèves à risque et intégrés) et la lourdeur de la tâche incombée à l'enseignant, soient prises en considération avant de permettre l'intégration.

La FSE rappelle également l'importance de tenir compte de l'atteinte aux droits des autres élèves lors de la prise de décision de l'intégration d'un élève en difficulté, tel qu'énoncé dans la Loi.

Nathalie Trépanier, professeure de la Faculté des sciences de l'éducation de l'Université de Montréal, également présente lors de la conférence, a fait allusion à des « conditions gagnantes » favorisant l'intégration. Elle croit qu'une bonne intégration « exige qu'on se pose beaucoup de questions », notamment en ce qui a trait aux besoins de l'enfant, de l'enseignant et des autres élèves, ainsi qu'aux ressources disponibles.

Le soutien manque pour les enseignants

Orthophoniste et présidente du Syndicat des professionnels des commissions scolaires de la Montérégie, Johanne Pomerleau croit qu'il y a un important besoin de ressources professionnelles spécifiquement formées pour répondre aux difficultés des jeunes.

Elle constate que, comme il n'y a pas assez de ressources, les personnes qui viennent en aide aux jeunes ne sont pas toujours les mieux formées. Elle ironise : «Si un jeune a un problème de comportement, il a besoin d'un psycho-éducateur; s'il a un problème de langage, il a besoin d'un orthophoniste. S'il a un problème de vision, il ira voir un optométriste, pas un dentiste ».

Pour renchérir sur ce manque de ressources, l'enseignante Francine Majeau se dit consternée par les délais d'évaluation des besoins des élèves en difficulté, d'autant plus que plusieurs élèves en attente d'une évaluation sont intégrés dans une classe ordinaire, et ce, sans recevoir de services appropriés à leurs besoins.

Pour l'enseignante en première année du primaire dans la région de Lanaudière, c'est une situation très difficile à gérer, surtout que la proportion d'élèves en difficulté dans sa classe est très élevée.

Elle indique que sur 16 élèves, elle a en moyenne cinq à dix élèves potentiellement en difficulté d'apprentissage chaque année, et que ceux-ci se retrouvent souvent en attente d'une évaluation faite par des professionnels. «Je suis pour l'intégration bien sûr, mais avec les ressources nécessaires ».

En juin 2008, la ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport, Michelle Courchesne, rendait public son Plan d'action pour soutenir la réussite des élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage (EHDAA).

Elle avait alors promis de réduire le ratio enseignants-élèves dans les écoles en milieux défavorisés et de soutenir une organisation de services variés, incluant la classe spéciale. Elle avait promis des lignes directrices et des balises afin de définir les conditions requises pour une intégration réussie des EHDAA à la classe ordinaire. Elle avait annoncé la publication d'outils d'information à l'intention des parents afin de leur permettre de bien jouer leur rôle, particulièrement dans le cadre du plan d'intervention de leur enfant.

Jusqu'à maintenant, le plan en a cependant déçu plus d'un dans le milieu de l'éducation. La FSE souligne qu'elle est toujours en attente de l'énoncé de balises concernant les conditions requises à l'intégration. La ministre Courchesne en avait promis la publication pendant l'année scolaire 2008-2009. Les travaux sont en cours, confirme le MELS.

En attendant que le ministère aille de l'avant, la FSE n'a pas attendu et a conçu un guide pratique qui se veut un référentiel pour les enseignants qui interviennent auprès d'élèves à risque ou HDAA. L'Infobourg vous le présente dans cet article.

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