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L’UDC veut interdire le port du voile à l’école obligatoire

Soumis par SAEN le 30 décembre 2009

Le groupe UDC au Grand Conseil a déposé début décembre une motion pour interdire le port du voile dans les écoles neuchâteloises. Le conseiller national Yvan Perrin argumente en ce sens. Pour le conseiller d'Etat Philippe Gnaegi, directeur de l'Education, le voile ne pose aucun problème.

Après les minarets, le voile. Le groupe UDC au Grand Conseil veut interdire le port du voile dans les écoles neuchâteloises. Il a déposé une motion dans ce sens début décembre. Selon le conseiller national Yvan Perrin, il s'agit de garantir «l'égalité», d'interdire «un motif d'exclusion» et de «protéger les jeunes filles voilées des quolibets» de leurs camarades (lire ci-contre).

Pour Thomas Facchinetti, chef du Service de la cohésion multiculturelle, il y a quelques dizaines d'élèves musulmanes qui portent le voile dans le canton. «Le port d'un symbole religieux quel qu'il soit est autorisé à l'école. Il s'agit de liberté de croyance.» Par contre les enseignants, employés de l'Etat, ne sont pas autorisés à afficher leur appartenance religieuse. «On ne peut pas avoir un enseignant qui porte la kippa ou une enseignante voilée», explique Thomas Facchinetti.

Dans son développement, l'UDC écrit: «On voit de plus en plus au sein de l'école obligatoire des filles affublées d'un voile parce que leurs parents appartiennent à des franges musulmanes «ultraorthodoxes» et considèrent la mixité des classes comme hautement préjudiciable au développement de leur enfant. Ces mêmes filles assistent au cours de gymnastique ou de natation engoncées dans des combinaisons intégrales qui, non seulement les marginalisent par rapport aux autres enfants, mais encore dont l'hygiène est pour le moins douteuse.»

Les motionnaires estiment que «l'enfant n'est pas en mesure de comprendre les raisons de sa différenciation vestimentaire par rapport à ses camarades et se sent d'autant plus marginalisée qu'elle fait souvent l'objet de questions ou de remarques si ce n'est désobligeantes, à tout le moins déstabilisantes».

Le voile à l'école sera à l'ordre du jour du Conseil d'Etat neuchâtelois courant janvier 2010. Pour Philippe Gnaegi, chef du Département de l'éducation, de la culture et des sports, «le devoir de laïcité s'applique aux enseignants, mais pas aux élèves. Faisons une distinction claire avec la burqa! Aujourd'hui, le voile ne pose pas de problème dans l'école neuchâteloise. Il y a d'autres sujets d'actualité comme le concordat Harmos ou l'intégration des élèves handicapés».

Et le conseiller d'Etat d'énumérer les buts de l'école: «éduquer, expliquer, intégrer et faire accepter l'autre».

Selon le directeur de l'Education, seule «une contrainte excessive et prouvée des parents entraînerait une intervention des autorités scolaires. Depuis quatre ans, il n'y a eu aucune information ou plainte au sujet du voile».

En 1998, à La Chaux-de-Fonds, la commission scolaire avait interdit à la fille d'un réfugié palestinien de porter le voile à l'école. Le Département de l'éducation l'avait autorisé. Après un recours de la commission scolaire, le Tribunal administratif cantonal avait confirmé l'autorisation. Mais la jeune fille avait été placée dans une école privée. /BWE

«C'est le choix de ma fille»

«C'est ma fille qui a choisi de porter le voile.» Le papa de Najad, 11 ans, scolarisée dans une école secondaire du canton, ne comprend pas pourquoi le voile à l'école poserait un problème. «A son âge, le voile n'est pas encore obligatoire. C'est sa liberté et son choix. Elle n'a pas été forcée.» Et Najad de poursuivre: «C'est la première année que je le porte. Mais c'est comme d'habitude. Mes camarades ne disent rien, ils sont très gentils. Et les professeurs aussi.» Elle dit ne pas souffrir d'exclusion, même s'il n'y a pas beaucoup de jeunes filles voilées dans son école.

En ce qui concerne les cours de gymnastique, le voile n'est pas davantage un problème: «Je le garde, mais j'ai des habits de gymnastique comme tout le monde». Et pour les leçons de natation? «Je mets un bonnet de bain.» Aux yeux de Najad, la situation est simple: elle aimait bien le voile et voulait le porter. Et cela ne l'empêche pas d'avoir une scolarité normale. Si le voile devait être interdit? Elle ne sait pas trop ce qu'elle ferait: «Je n'ai jamais réfléchi à ça.» /jpe

«Le voile est un handicap visuel»

Pour Yvan Perrin, président de l'UDC neuchâteloise, «le voile est un thème porteur. La motion pour l'interdiction du voile est la traduction cantonale de l'initiative antiminarets au niveau suisse.»

«Je suis favorable à ce que l'école soit le creuset de l'intégration et que les enfants y soient tous égaux. L'égalité des chances doit y être aussi large que possible», lâche l'inspecteur de police. «Les parents font du prosélytisme par enfant interposé. Le voile est un handicap visuel. C'est un motif d'exclusion. Il est difficile pour les élèves de comprendre ça comme une richesse, alors que des parents ont de la peine à le comprendre. Nous sommes contre tous les signes qui différencient. Il faut bannir de l'école tous les signes extérieurs d'appartenance religieuse.» Qu'en est-il alors d'une croix chrétienne, d'une étoile de David ou d'un croissant portés autour du cou? «Nous sommes dans l'ordre du privé si les signes ne sont pas ostentatoires.» Et la kippa? «J'ai moins de problème avec la kippa, elle se voit moins (sic).»

Deux motions pendantes devant les législatifs cantonaux vaudois et fribourgeois. L'une est UDC, l'autre socialiste

L'instruction publique étant du ressort des cantons, c'est donc à ce niveau que les opposants au port du voile à l'école obligatoire interviennent. Il en est ainsi pour l'UDC vaudoise, qui a déposé une motion identique à celle de sa voisine neuchâteloise au Grand Conseil. Dans le canton de Fribourg, c'est une députée socialiste qui est intervenue dans le même sens sur le sujet. /réd

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