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Mais à quoi jouent les médias ?

Soumis par Jean-François Kunzi le 29 septembre 2003

Les médias ne cessent d’agiter le débat sur l’école en donnant nettement l’impression de se placer du côté des détracteurs de l’institution à qui ils donnent systématiquement la parole. Qu’est-ce qui motive cette attitude hautement populiste ? Des motifs honorables ou la recherche du sensationnel qui assure une audience ou un tirage supplémentaires ?

Même si elle ne s’effectue pas simultanément dans chacun des cantons romands, la rentrée scolaire, cette année, n’a pas pu passer inaperçue. Dans la canicule estivale encore bien présente, les médias, emmenés par ceux relevant du service public, ont relancé des débats que les vacances avaient obligatoirement mis en veilleuse. Qui, dans la frange de la population qui se tient régulièrement informée, ignore encore que les peuples vaudois et genevois se prononceront sur le maintien des notes durant toute la scolarité obligatoire ? Dans quel but la SSR a-t-elle commandé ce sondage exclusif révélant que près de 85% des personnes interrogées souhaitent le maintien d’une notation chiffrée ? Mis à part pour JR dont on sollicite systématiquement l’avis (même quand Neuchâtel sort un moyen pour l’enseignement des cultures religieuses et humanistes) et pour ses partisans d’ARLE ou d’AVEC, je me demande bien en quoi, à travers cette opération discutable, le dossier a-t-il réellement progressé ? Dans le domaine si sensible et si pointu de l’évaluation, la population de la Romandie connaît-elle suffisamment les alternatives possibles à l’emploi des notes pour être véritablement en mesure d’effectuer un choix fondé et objectif ?

L’arrivée des ouvrages de Mathématiques 7-8-9, en juin dernier, a fourni un sujet de polémique rêvé. Les coups de téléphone de journalistes n’ont pas manqué pour recueillir la petite phrase, la formule choc destinées à l’alimenter. N’est-il pas symptomatique qu’elle surgisse justement là où l’école est remise en question ? Depuis plus de vingt ans, Barrigue brocarde les enseignants à travers des caricatures parfois féroces et pas toujours du meilleur goût. Jusqu’à présent, personne ne s’était offusqué ou senti offensé de leur présence dans un moyen d’enseignement ou ... dans les pages de l’Educateur. Mes collègues du primaire doivent probablement posséder davantage d’humour que ceux du secondaire 1 lémanique. Même si notre image, déjà pas forcément très bonne auprès du public, est malmenée par ces dessins, est-ce en jouant les vierges effarouchée que nous parviendrons réellement à l’améliorer ?

Les médias n’éprouvent aucune sympathie pour les enseignants. Ils s’en prennent à eux sans ménagement et, souvent, avec plus de méchanceté que les caricatures de Barrigue.

Jean-François Kunzi

A savoir

  • Réforme du secondaire I
    Le 25 août, dans la salle du Grand Conseil, devant un parterre de plus de 80 personnes concernées, M. Thierry Béguin a officiellement lancé les travaux de mise en œuvre de la réforme du secondaire I qui prévoit l’instauration d’une voie générale, un plan d’études inspiré du PECARO, une nouvelle approche de l’évaluation. Vu l’état préoccupant des finances cantonales, le climat n’était guère à l’euphorie.
  • Solidaires avec le SEJ
    Nous sommes solidaires de nos collègues jurassiens, actuellement confrontés à l’autoritarisme d’un gouvernement imprévoyant qui entend réaliser, sur leur dos, de substantielles économies et à l’hostilité démagogique des médias.
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