Prolongeant les thèmes de NeuchÀtoi 2009, l'exposition MéTèKi? invite à questionner un double enjeu en matière de construction identitaire et d'intégration sociale: celui d'être à la fois jeune et musulman à Neuchâtel aujourd'hui.
Conçue par un groupe d'étudiantes en ethnologie, l'exercice interroge plus particulièrement les discours et les stéréotypes communément projetés sur cette population. A commencer par ceux qui la voudraient uniforme et postulent que chaque membre, chaque problème ou chaque dérapage implique sa totalité.
Trait commun aux débats politiques, médiatiques ou socio-éducatifs portant sur les «jeunes musulmans», cette tendance à la généralisation n'amène-t-elle pas à fausser la réalité ? A penser le monde via des exceptions ou des particularismes ? A nier l'individu au profit d'ensembles caricaturaux ? Bref, à produire un spectacle dont les figures emblématiques (échec, détresse, délinquance, repli communautaire, sexisme, intégrisme) interpellent, divertissent et finalement rassurent le bon citoyen quant à sa propre normalité ?
Partant de cette hypothèse, l'exposition développe la métaphore du cirque pour échafauder son propos et sa mise en scène. En effet, si le chapiteau évoque bien l'orchestration d'un spectacle tonitruant mais aussi un peu vain, rabâché, attendu, il offre en plus matière à une interrogation globale de la société. Dans ce cadre en perpétuel mouvement, au gré des lieux, des publics et des numéros, se donnent à lire des tensions dynamiques entre l'ici et l'ailleurs, l'individu et le groupe, le sédentaire et le nomade, le grandiose et le pathétique, la sauvagerie et le dressage, l'homme et la femme, l'innovation et la tradition.
En invitant le spectateur à pénétrer dans le «cirque» aux discours braqués sur les jeunes musulmans, l'exposition orchestre donc aussi un renversement de perspective amenant à questionner le rapport spectateur-acteur, à explorer les coulisses du spectacle et à resituer l'individu par delà son rôle imposé.
