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Merci patron!

Soumis par Pierre Graber le 19 février 2016

Alors que les ratings1 font florès, l’envie nous vient de délivrer un diplôme d’excellence à notre employeur! En décembre, nous souhaitions «bon courage à qui serait appelé à concevoir une campagne de pub pour recruter les enseignants dont notre canton manquera dans quelques années!» Aujourd’hui, nous apportons notre contribution.

Les enseignants neuchâtelois sont de sacrés veinards… et le pire est qu’ils n’en ont même pas conscience.

Manifestation du 25 novembre 2014

Manifestation du 25 novembre 2014 (photo Georges Pasquier)

Et de un, nos autorités ayant flairé l’extraordinaire passion qui habite chaque enseignant y répondent en lui offrant davantage de temps en présence des élèves que ses collègues romands; toujours attentionnées, elles assortissent cette prestation en servant des salaires inférieurs, ce qui évite de perdre du temps à gérer ses économies. Mieux, cette dernière mesure contribue encore à la paix sociale en préservant de la jalousie que des salaires outrageusement supérieurs à ceux de la classe ouvrière auraient suscitée.

Et de deux, la même précaution est appliquée au nombre de semaines de vacances; l’enseignant neuchâtelois a ainsi le loisir de côtoyer ses élèves une semaine de plus que ses collègues romands; dépourvu d’arrières-pensées financières, le plaisir ainsi éprouvé ne risque pas d’alimenter un quelconque «effet privilège».

Et de trois, en fin de carrière, quand les enseignants des autres cantons sont «mis au rancard» prématurément, les Neuchâtelois sont choyés: ils ont tout loisir d’enseigner jusqu’à l’âge AVS officiel… et même au-delà2.

Et de trois et demie, puisqu’on parle caisse de retraite, là encore, les prestations limitées et les efforts de recapitalisation développent l’imagination des fonctionnaires neuchâtelois pour «optimiser» leurs futures rentes.

Et de quatre, en 2010, lorsqu’il a adopté la loi installant la régionalisation de l’école, le Grand Conseil a implicitement mis fin à une longue période caractérisée par la recherche de l’égalité de traitement; celle-ci est désormais remplacée par une saine concurrence entre cercles, chacun développant des spécificités propres. Si l’on ne parle pas (officiellement) de rating à ce niveau, les cultures d’établissement spécifiques ne manqueront pas d’inciter les enseignants à la mobilité pour accéder au cercle qui correspond le mieux à leurs conceptions3.

Et de cinq, en cette période de construction de grille salariale, le Conseil d’État ne craint pas de bousculer le confort des enseignants, dont le statut n’a pas été revu depuis une bonne cinquantaine d’années. Si les enseignants neuchâtelois étaient jusqu’ici mal lotis en comparaison intercantonale, il n’est pas impossible qu’ils le soient davantage encore à l’avenir. Quel sombre dessein se cache-t-il là-derrière? Aucun, voyons! Une fois encore l’argument est imparable: on évitera ainsi d’engager des «chasseurs de primes» dont la motivation première serait le niveau des salaires. Une garantie de désintéressement; il fallait y penser!

Et de six, enfin, originalité suprême, exclusivité nationale au minimum, l’autorité donne l’occasion aux enseignants de manifester spontanément leur solidarité envers leur employeur en participant au paiement de leur remplaçant en cas de maladie ou d’accident.

La place nous manque hélas pour être exhaustifs…

Bref, s’il y avait un prix Nobel des RH, l’État de Neuchâtel mériterait largement de l’emporter!

Bienvenue au pays de Neuchâtel!

(PDF)


1 Ça a quand même plus de gueule qu’un classement...
2 s’ils ont eu la chance de naître entre janvier et juillet
3 ou qui n’aurait pas encore eu l’idée de rendre payant le parking du collège

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