Aller au contenu principal

Neuchâtel, réveille-toi !

Soumis par Myriam Facchinetti le 20 mars 2020
Roman Synkevych (Unsplash)

Notre canton tourmente ses jeunes enseignant·es et peine à accepter la reconversion des plus âgé·es. L’entrée dans le monde du travail des un·es est pénible, leur salaire est raboté. La réorientation des autres est difficile, voire impossible. Pourtant, notre école a tant besoin de forces vives…

Neuchâtel, réveille-toi !

Neuchâtel, toi mon canton que je chéris depuis tant d’années, tu dois aujourd’hui entendre mon cri.

Les temps sont durs, Neuchâtel : tes enseignant·es s’épuisent pour offrir à leurs élèves un enseignement de qualité, avec des moyens de plus en plus réduits. Mais là, je ne t’apprends rien, n’est-ce pas ? Tu connais bien ces indispensables magicien·nes sans lesquel·les ta réputation sombrerait un peu plus.

Neuchâtel, être enseignant·e aujourd’hui dans tes écoles, c’est souffrir d’injustice. C’est avoir un salaire moins élevé que les collègues qui travaillent dans les cantons voisins et qui pourtant, sont passé·es par la même HEP. C’est être insuffisamment formé·e et subir des retenues salariales. C’est se sentir dévalorisé·e parce qu’on n’est pas bilingue et qu’on ne peut pas participer à tes projets d’envergure.

Neuchâtel, être enseignant·e aujourd’hui dans tes écoles, c’est parfois devoir se reconvertir après un épuisement professionnel. Mais, toi, tu es loin d’imaginer l’odyssée que cela représente.

Je suis au milieu de ma carrière et je veux me reconvertir, Neuchâtel. Parce que je suis épuisée par mon travail au cycle 1. Te rends-tu compte ? J’y travaille depuis 20 ans. Et je n’en peux plus ! Et toi, pour une question de diplôme, tu négliges mon expérience et me proposes un salaire au rabais, comme si je n’avais aucune formation pédagogique ! Pire que cela : ta HEP ne veut pas me former, Neuchâtel. Elle fait l’autruche, en ignorant ma pratique pédagogique, alors que ses voisines vaudoise et fribourgeoise ne demandent qu’à m’accueillir en formation allégée sur leurs bancs.

Neuchâtel, réveille-toi !

Tu pleurniches chaque année que tes caisses sont vides. Tu te plains que tu manques d’enseignant·es formé·es pour être titulaires de tes classes. Neuchâtel, tu invites des collègues des cantons et pays germanophones à entrer dans ton génial projet bilingue. Mais que fais-tu concrètement pour ceux qui t’aiment, te construisent et te dédient leur énergie ? Que proposes-tu à cette nouvelle enseignante qui perd 15 % de son salaire chaque fois qu’elle donne l’éducation physique, parce qu’elle n’a pas choisi cette option à la HEP ? Quel est ton argument pour justifier que cet autre enseignant surqualifié et efficace, formé dans le canton de Berne, gagne 1000 francs de moins par mois sur tes terres ? Quelles solutions prévois-tu pour toutes ces personnes épuisées qui veulent se former pour retrouver confiance et se sentir compétentes ?

J’ai mal, Neuchâtel. Je me sens incomprise, incompétente et usée. Ton système me fait mourir, à petit feu. J’ai perdu la flamme. Je me croyais indestructible, bien ancrée dans ce métier que j’aime et pour lequel je suis faite.

Mais non, Neuchâtel, par ta faute, je m’éteins, comme de nombreux·ses enseignant·es qui ne peuvent plus croire à tes belles promesses.

Réveille-toi, Neuchâtel !

Publié le
Jeu 19/03/2020 - 22:36
Mots-clés associés