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OCDE : La profession enseignante peine à attirer les hommes

Soumis par SAEN le 12 septembre 2018
Regards sur l'éducation 2018 (OCDE)

Attirer des hommes dans la profession enseignante s’avère particulièrement difficile : en effet, si la rémunération effective des enseignantes supporte la comparaison avec la moyenne des autres femmes ayant fait des études supérieures et travaillant à temps plein, pour les hommes qui enseignent en primaire ou dans le secondaire, elle ne représente qu’entre 77 % et 88 % de ce que gagnent les diplômés du supérieur de sexe masculin occupant un emploi à temps plein.

Plus généralement, l’origine sociale reste le facteur qui exerce la plus forte influence sur la scolarisation et l’apprentissage, ainsi que sur les retombées économiques et sociales de l’éducation, d’après un nouveau rapport de l’OCDE.

Les enfants issus d’un milieu défavorisé sont moins susceptibles de faire des études poussées. Au second cycle du secondaire, ceux dont les parents n’ont pas suivi d’études supérieures tendront à privilégier les cursus de l’enseignement professionnel à ceux de l’enseignement général, et la probabilité d’un abandon en cours de route est chez eux relativement élevée. Leur présence dans l’enseignement supérieur s’en ressent logiquement : la part de nouveaux étudiants qui n’ont pas un parent ayant lui-même atteint ce niveau d’instruction est faible.

Les études supérieures sont plus déterminantes que jamais, fait savoir l’OCDE. De fait, les mutations technologiques, la transformation numérique et l’innovation donnent un large avantage aux compétences avancées, les emplois moins qualifiés étant quant à eux voués à se raréfier. Les revenus d’un diplômé du second cycle de l’enseignement secondaire ne représentent que 65 % de ceux d’un diplômé du supérieur, en moyenne, et les générations suivantes se trouveront prises au même piège. Il faut en effet entre quatre et cinq générations aux familles du dernier décile de revenu pour se hisser jusqu’au revenu moyen dans les pays de l’OCDE.

L’équité devant l’enseignement suppose que les pays affectent des moyens, financiers et autres, à l’instruction des plus vulnérables, luttent contre le redoublement et encouragent les personnes issues d’un milieu défavorisé à fréquenter le système éducatif ordinaire. Les enseignants quant à eux devraient avoir l’occasion de se perfectionner et se montrer des pédagogues capables d’apprécier le niveau de leurs élèves et de venir en aide à chacun là où il en est. Il faut d’autre part développer et rendre accessibles, y compris financièrement, des services de qualité dédiés à l’éducation de la petite enfance. L’importance d’investir dans l’education de la petite enfance pour les enfants défavorisés est aussi une recommandation importante, présentée récemment, du Cadre de l’OCDE pour la croissance inclusive pour réduire les inégalités.

Le rapport révèle par ailleurs que les différences entre les sexes ont la vie dure. Les garçons sont plus enclins que les filles à redoubler, à abandonner l’école et à ne pas faire d’études supérieures. Leurs meilleurs résultats scolaires n’empêchent toutefois pas ces dernières d’être moins bien servies en termes d’emploi et de rémunération. Elles conservent une plus faible probabilité de s’inscrire dans une filière supérieure conduisant à des professions très lucratives et d’y décrocher un diplôme. À titre d’exemple, alors que les ingénieurs sont très demandés de nos jours, 6 % seulement des femmes diplômées du supérieur sont issues d’une école d’ingénieurs, contre 25 % des hommes.

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La cohésion sociale grandira dans la mesure où l’on intègrera les immigrés et où l’on veillera à les doter des compétences nécessaires pour s’investir sur le marché du travail et au sein de la collectivité, estime l’OCDE. Or les immigrés de première et de deuxième générations ont comparativement moins de chances de s’inscrire en licence ou de suivre une première formation supérieure de type long et d’en sortir diplômés dans les pays pour lesquels des données sont disponibles. Les adultes, de leur côté, ont moins de chances de prendre part à une formation structurée au cours de leur vie s’ils sont nés à l’étranger.

Le rapport montre que si l’instruction est financièrement rentable pour l’individu, elle l’est également pour l’État, la présence d’une forte proportion de diplômés du supérieur se traduisant, par exemple, par davantage de rentrées fiscales et de cotisations sociales. Dans les pays de l’OCDE, le secteur public reçoit un retour sur investissement de 10 % pour chaque homme et 8 % pour chaque femme ayant obtenu un diplôme tertiaire.

L’écart entre les sexes au niveau du taux de participation aux activités, formelles ou non, de formation des adultes est extrêmement variable selon les pays, défavorable aux femmes dans quelques-uns et aux hommes dans les autres. La qualité des résultats d’apprentissage est elle aussi d’une criante inégalité : dans tous les pays de l’OCDE, le niveau en mathématiques des jeunes de 15 ans est en forte corrélation avec leur statut socioéconomique et la situation géographique (urbaine ou rurale) de leur établissement scolaire. La plupart du temps, cette relation n’a rien perdu de son intensité au cours de la dernière décennie.

Regards sur l’éducation dresse notamment les constats suivants :

Dépenses d’éducation

Entre 2010 et 2015, les dépenses par élève dans la zone OCDE ont augmenté de 5 % dans l’enseignement primaire, secondaire et post-secondaire non supérieur, et de 11 % dans l’enseignement supérieur.

En 2015, 90 % du financement de l’enseignement primaire, secondaire et post-secondaire non supérieur et 66 % de celui de l’enseignement supérieur était assuré sur les deniers publics.

Le nombre d’enfants de 3 à 5 ans inscrits en structure éducative allant croissant, l’investissement public dans les écoles maternelles augmente lui aussi et représentait 83 % de leur budget total en 2015, en progression de 4 points de pourcentage sur la décennie dans les pays disposant de données.

Corps enseignant

La quasi-totalité des enseignants de maternelle sont des femmes, contre moins de la moitié dans l’enseignement supérieur. Au cours de la dernière décennie, l’écart s’est creusé encore en primaire et secondaire tandis qu’il se resserrait au-delà.

Attirer des hommes dans la profession enseignante s’avère particulièrement difficile : en effet, si la rémunération effective des enseignantes supporte la comparaison avec la moyenne des autres femmes ayant fait des études supérieures et travaillant à temps plein, pour les hommes qui enseignent en primaire ou dans le secondaire, elle ne représente qu’entre 77 % et 88 % de ce que gagnent les diplômés du supérieur de sexe masculin occupant un emploi à temps plein.

La fonction de chef d’établissement a de quoi attirer les enseignants avec une rémunération effective supérieure de 35 % au moins et qui excède de 20 %, sinon davantage, la rémunération moyenne des autres diplômés de l’enseignement supérieur.

(extraits du communiqué de l'OCDE)

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Publié le
mer 12/09/2018 - 10:42
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