Il y a quelques années, avec mes élèves, nous sommes allé·es visiter le collège secondaire qui devait bientôt les accueillir. Je me souviens avoir regardé avec envie la bibliothécaire en me disant que si elle s’en allait, je pourrais peut-être la remplacer. C’était une volée compliquée, mais heureusement, les suivantes m’ont rapidement fait oublier cette mauvaise passe et permis de retrouver le plaisir d’être avec des enfants. Malheureusement, je constate que de plus en plus de collègues cherchent la porte de sortie de notre métier, non pas à cause des élèves, mais surtout à cause d’une pression des adultes qui s’intensifie.
Qui n’a pas un·e collègue qui a fait une formation en médecine alternative, s’est pris·e de passion pour la photographie au point d’en faire un métier à temps partiel ou donne des conseils en matière de nutrition? Certain·es postulent à un poste de direction, d’autres prennent des mandats au SEO ou alors se forment pour se diriger vers le soutien. Le métier d’enseignant·e à temps complet attire de moins en moins.
Si notre métier, il y a peu encore, était considéré comme stable au point que le corps enseignant semblait intouchable, les choses prennent une autre tournure depuis quelques années. Le flux des demandes d’aide de la part de nos membres s’intensifie et avec lui les recours à notre protection juridique. La raison principale? Une augmentation exponentielle des plaintes de parents… La confiance de ces derniers dans les compétences professionnelles de celles et ceux à qui on a confié l’instruction de leurs enfants s’effrite en raison des nombreuses réformes scolaires souvent mal expliquées et donc perçues négativement par la population.
Les courriels de parents demandant de plus en plus de justifications quant aux choix pédagogiques, à l’échelle des notes, ou donnant des conseils sur la bonne façon d’enseigner et d’évaluer se multiplient au fil des ans. Certain·es n’hésitent pas à entrer directement en contact avec les directions, parfois sans même en avoir parlé avec l’enseignant·e. Au lieu d’engager un dialogue constructif, les directions abondent parfois dans le sens des parents, mettant en doute les choix pédagogiques de leurs subordonné·es.
Dès lors, il n’est pas étonnant que la charge de titulaire pèse de plus en plus lourd et que certain·es se mettent à la recherche de la sortie de secours. Le SAEN souhaiterait que les directions prennent conscience que des accusations faites à l’encontre de leurs employé·es peuvent provoquer des dégâts considérables et qu’il est dans leur intérêt de soutenir les personnes ainsi mises à mal. Il ne s’agit pas de tout excuser, mais de prendre connaissance de la situation de façon neutre, d’agir de manière constructive et d’accompagner la personne dans sa remise en question. En somme, nous demandons aux directions la même bienveillance envers nous que celle qu’elles attendent de notre part, face à nos élèves.