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Où sont passés les manifestants?

Soumis par SAEN le 27 mai 2015

Les fonctionnaires n'étaient qu'une cinquantaine.

Photo David Marchon

Même le porte-voix, à la limite de l'effet larsen, donnait l'impression de ne pas avoir envie. Ils étaient 2000 en novembre, près d'un millier le mois suivant, et six mois plus tard, ils se sont retrouvés à une cinquantaine, les manifestants opposés aux coupes salariales qui touchent la fonction publique neuchâteloise. Ils se sont dégoté une petite place dans la cour du Château, un peu contre le mur, il y a eu un discours, deux ou trois banderoles, et puis c'est tout.

Pourtant, tous les partenaires syndicaux étaient là, à protester contre le plafonnement de l'augmentation globale de la masse salariale à 0,5% pour les années 2015 et 2016, sans parler des trois mois de début 2014, où les annuités n'ont pas été honorées par l'Etat. Et en attendant l'harmonisation promise des grilles salariales de la fonction publique, les manifestants réclament la réintroduction des mécanismes valables depuis 1999.

Malgré le bénéfice 2014

"Le futur du canton dépend de la qualité de son éducation" , pouvait-on lire sur une pancarte. Et sur une autre: "Réformes à la hausse, salaires à la baisse, qui voudra encore enseigner?" Ou encore: "On aime notre métier, gardons la qualité! " Dans la maigre foule, une majorité d'enseignants. Dans la profession, les jeunes, comme on a déjà eu l'occasion de l'écrire, sont particulièrement touchés par les mesures d'économie. On peut le lire dans leur communiqué, ce qui agace aujourd'hui les représentants des employés, c'est que "le conseil d'Etat avait demandé en 2014 de repousser de trois mois le versement des annuités pour éviter une catastrophe financière" . Or au lieu du déficit de 15,4 millions de francs annoncé, les comptes 2014 ont bouclé dans les chiffres noirs...

Ces arguments, le conseil d'Etat les a déjà entendus. Il leur oppose "la fragile santé financière du canton de Neuchâtel, qui reste, malgré tout, durablement problématique" , estime le président du gouvernement Alain Ribaux.

"Nos préoccupations, sur le long terme, sont la maîtrise de la masse salariale qui ne cesse d'augmenter et l'introduction d'une seule grille salariale systématiquement applicable. Je comprends la position des syndicats dans ce climat d'incertitudes, mais nous allons faire le forcing pour que le nouveau système salarial entre en vigueur en 2017" , promet le conseiller d'Etat.

Si peu nombreux hier au Château, les fonctionnaires semblent se satisfaire de ces promesses. Sinon, comment expliquer cette baisse spectaculaire de la mobilisation? "Je ne partage pas cette analyse" , réagit Yasmina Produit, secrétaire syndicale au Syndicat des services publics (SSP). "Mais il faut reconnaître que 16 heures, ce n'est pas l'horaire idéal. En plus, pour les enseignants notamment, c'est une période chargée. Ils ont beaucoup de réunions et de discussions, notamment avec les parents dont les enfants, scolairement, sont sur le balan."

C'était l'heure de l'apéro

On insiste: est-ce que cette discrète incursion dans la cour des autorités politiques ne ressemblerait pas, ne serait-ce qu'un peu, à un autogoal? "Jusqu'ici, le Conseil d'Etat est resté sourd à nos revendications. Nous voulions donc sensibiliser les députés à la problématique, à un mois de l'approbation des comptes 2014 de l'Etat par le Grand Conseil." Résultat: "Certains sont d'accord avec nous, d'autres moins. J'entends parfaitement leur argument, la valorisation du statut d'enseignant ne passe pas uniquement par une amélioration des conditions salariales."

Cela dit, hier après-midi, les députés ne se sont pas attardés dans la cour du Château. Ils semblaient surtout pressés d'aller goûter l'air de Bevaix, où les attendait Veronika Pantillon, la nouvelle première citoyenne du canton.

VINCENT COSTET

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