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Quand règne le mépris...

Soumis par Jean-François Kunzi le 30 mars 2007

La cheffe du DECS qui préside, cette année, le Conseil d'État, a tenu, dans la presse dominicale, puis devant la commission des lycées, des propos qu'on peut qualifier, et c'est assurément un euphémisme, de fallacieux.

Pourquoi celle qui incarne la plus haute autorité exécutive du canton, sans doute sûre de sa totale impunité, se permet-elle d'affirmer que les enseignants ont préféré se battre pour une «revalorisation» de leur salaire plutôt que de s'opposer à l'augmentation des effectifs de classes? Elle qui est issue du milieu de l'enseignement, maintenant double candidate aux élections fédérales, doit-elle donner des gages à une certaine droite en «cassant du fonctionnaire et de l'enseignant»? Comment, dans un tel contexte, maintenir un indispensable climat de confiance dans les relations qui doivent exister entre la cheffe du DECS et les représentants des enseignants?

Sylvie Perrinjaquet n'a toujours pas accepté l'attribution du DECS, par la nouvelle majorité gouvernementale, en juin 2005. Ses dénégations répétées ne parviennent à convaincre personne. Son département, pourtant l'un des éléments clés du programme de législature 2006-2009 du Conseil d'État, l'intéresse si peu qu'elle se déclare prête à mener de front une carrière de parlementaire et l'exercice de son ministère. Ce désintérêt est palpable jusque dans des séances qu'elle préside avec un air absent qui intrigue fortement les participants. A cela s'ajoutent une difficulté à répondre précisément à des questions éminemment politiques et une propension à s'abriter prudemment et sans états d'âme derrière la volonté ou les décisions du gouvernement. «On m'a demandé de réaliser des économies. Je les fais.»

Qui osera affirmer qu'elle a traité deux dossiers, certes délicats, celui du licenciement abrupt du recteur de l'université et celui de l'implantation de la HE-Arc, avec le doigté, la diplomatie et le respect requis? L'absence, à la tête du DECS, d'une véritable «patronne» animée par une vision solide de l'école et de la formation, prête à s'engager et à combattre, avec l'appui des partenaires reconnus, pour que, malgré les difficultés financières, l'école républicaine remplisse toujours plus efficacement la mission capitale qui lui est assignée, ne peut que susciter de solides inquiétudes.

Des défis majeurs attendent l'école et la formation dans la prochaine décennie: introduction d'un plan d'études inspiré du Pecaro, réforme de la scolarité obligatoire avec la prise en compte de deux années d'école enfantine, harmonisation des structures scolaires (projet HarmoS) avec une vérification de l'atteinte de certains standards à des niveaux précis de la scolarité, apprentissage d'une deuxième langue étrangère au degré primaire, amélioration de la transition scolarité obligatoire-secondaire 2, réforme du RRM... Demain se construit aujourd'hui. L'anticipation est absolument indispensable!

Dans cette perspective, dénigrer, publiquement, à deux reprises, les enseignants relève, non seulement de la faute, mais, plus grave, de la malhonnêteté. La cheffe du DECS sait parfaitement que le Conseil d'État a pris, en décembre 2005, l'arrêté concernant les effectifs de classe sans procéder à la consultation prévue par la loi. Ce qui a suscité de vives réactions chez certains responsables scolaires communaux. Seuls les syndicats d'enseignants ont osé, hélas sans succès, recourir auprès du Tribunal fédéral.

Dans chacune des réunions de «consultation», les représentants syndicaux se sont clairement opposés à toutes les mesures de restriction, dénonçant, y compris auprès de Jean Studer, la discrimination dont sont victimes les seuls enseignants: les mécanismes de rattrapage salarial décidés pour l'ensemble de la fonction publique ont pour conséquence inadmissible de péjorer leurs conditions de travail. Sylvie Perrinjaquet s'est contentée de dire: «J'enregistre votre opposition. Je la transmettrai au Conseil d'État.»

Peut-on attendre un minimum de respect et des excuses de la part de la présidente du Gouvernement?

Jean-François Kunzi

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