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Quelle formation pour relever les défis de demain ?

Soumis par Jean-François Kunzi le 31 mars 2006

Le petit monde de l’éducation helvétique va connaître, dans les toutes prochaines années des changements sans précédent. Le fédéralisme qui a réussi l’exploit d’engendrer 26 systèmes scolaires différents, forcément tous géniaux, est parvenu, jusqu’ici, à freiner considérablement les velléités de coordination. Si le peuple accepte, en mai prochain, les nouveaux articles constitutionnels qui lui sont soumis, les prérogatives exclusives des cantons dans le domaine de la scolarité obligatoire seront sérieusement remises en question. En l’absence d’accord concret, la Confédération pourra imposer certaines mesures, par exemple l’apprentissage de deux langues étrangères à l’école primaire.Dans ce contexte, la formation des enseignants devra obligatoirement être reconsidérée. Peut-être à l’exception de l’école enfantine, les jours du généraliste semblent comptés.

N’étions-nous pas des précurseurs quand, voici maintenant une bonne dizaine d’années, sur la base du rapport d’une commission ad hoc de la CDIP, nous avons ouvert le débat sur le type d’enseignant qu’on désignait, alors, par le terme de « semi-généraliste » ? Cette appellation malheureuse a, sans doute, contribué à occulter le problème fondamental qui était posé et à susciter des réactions très négatives presque unanimes. Même si beaucoup de collègues admettent leur essoufflement voire leurs difficultés et leur souffrance à suivre toutes les formations complémentaires impliquées par les changements intervenus dans pratiquement chaque branche, ils s’accrochent à une image un peu idéalisée du généraliste qui seul connaît parfaitement chacun de ses élèves et est capable de les assister efficacement dans leurs différents apprentissages. Ce modèle qui date de l’institution de l’école publique obligatoire au 19ème siècle est-il encore approprié aujourd’hui ?

Reconnaissons-le, l’environnement dans lequel nous évoluons s’est considérablement et relativement rapidement modifié. Les crises qui ont bouleversé l’économie ont aussi eu des répercussions sociales importantes. Des valeurs qui paraissaient solides et immuables sont remises en cause. Les mœurs, les coutumes, les habitudes, les besoins ont évolué. La majorité de la population (plus des deux tiers) vit dans les villes. Les échanges commerciaux s’opèrent à l’échelle de la planète. Les médias informent instantanément des événements survenus dans le monde entier. La science et la technique connaissent des progrès fulgurants. La médecine recule l’échéance de la mort. La météo peut annoncer des tempêtes destructrices. L’innovation et la nouveauté font partie du quotidien …

L’avance que possèdent certains pays occidentaux dont la Suisse se réduit comme une peau de chagrin. La compétition engendrée par la libéralisation devient de plus en plus rude. Elle risque bien de provoquer, avec un déclin économique, des dégâts sociaux considérables.

A l’exception notable de sa matière grise, notre pays ne recèle pratiquement aucune richesse naturelle. Dans le contexte actuel, il est primordial, non seulement qu’il ne la galvaude pas mais encore qu’il cherche constamment à en améliorer le niveau et la qualité.

Dans ce processus vital, seul susceptible de garantir un avenir relativement serein, les enseignants ont un rôle essentiel à jouer. En citoyens responsables, parfaitement conscients de l’importance de l’enjeu et du défi considérable à relever dès les premières années de la scolarité, ne doivent-ils pas réclamer, comme le propose le SER, une formation de base plus élevée – au minimum le bachelor universitaire – et accepter, même dans l’enseignement primaire, une certaine spécialisation ?

L’environnement dans lequel nous évoluons s’est considérablement et relativement rapidement modifié. Les crises qui ont bouleversé l’économie ont aussi eu des répercussions sociales importantes. Des valeurs qui paraissaient solides et immuables sont remises en cause.

Jean-François Kunzi

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