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Six millions d’économies sur l’école

Soumis par SAEN le 14 janvier 2017

Le Conseil d’Etat va supprimer une période par an au cycle 2.

Quatre périodes vont tomber au cycle 2, une par année. C’est le cours de formation générale, une nouveauté, qui va disparaître. Les enseignants touchés seront informés d’ici la fin du mois.
Quatre périodes vont tomber au cycle 2, une par année. C’est le cours de formation générale, une nouveauté, qui va disparaître. Les enseignants touchés seront informés d’ici la fin du mois. KEYSTONE

Six millions de francs par année scolaire: c’est ce que le Conseil d’Etat neuchâtelois a décidé d’économiser dès la prochaine rentrée scolaire, à l’école obligatoire et dans le secondaire 2. La somme représente 6% du dernier plan d’assainissement financier rendu public par le gouvernement à l’automne.

Dans le contexte d’après-grève, le collectif du Pervou, observatoire de l’école neuchâteloise composé de gens du métier, a choisi de ne pas passer la chose sous silence: «Ce qu’on a donné aux enseignants pour les calmer, on le prend aux élèves. Ce n’est pas du pilotage, c’est du marchandage», s’énerve John Vuillaume, enseignant, syndicaliste et membre du collectif, qui s’est fendu hier soir d’un communiqué.

Quatre heures supprimées au cycle 2

«Nous dénonçons de nouvelles coupes dans le système éducatif le moins cher du pays», réagit Pierre Graber, le président du Syndicat autonome des enseignants neuchâtelois (SAEN), que nous avons contacté. «Selon les données actuelles de l’Office fédéral de la statistique, Neuchâtel est le canton romand où les dépenses publiques d’éducation sont les plus basses en rapport avec le produit intérieur brut (4,5% contre 5,6% pour la moyenne nationale)

La principale mesure, c’est la suppression de quatre périodes au programme scolaire, une par année pour les élèves du cycle 2 (5, 6, 7 et 8e Harmos). Pas du français, ni des maths, mais de la «formation générale», héritage du plan d’études romand. «C’est la moins mauvaise des solutions qui a été trouvée», assure Pierre Graber. «L’idée de cette période, c’est notamment de développer la socialisation, de réfléchir à la gestion de classe, de sensibiliser les élèves à certaines campagnes, de santé publique par exemple. Mais on s’aperçoit que cette matière est ‘enseignable’ en marge d’autres leçons.» Les collaborateurs touchés doivent être informés d’ici la fin du mois.

Si le SAEN déplore que les syndicats aient dû «un peu tirer l’oreille du gouvernement» pour être informé et consulté – «les dégâts ont été limités» –, Pierre Graber salue l’effort: «Dans d’autres législatures, les enseignants apprenaient les mesures adoptées par les autorités à la lecture du bulletin annuel du Service cantonal de l’enseignement obligatoire!» Les directions d’école et les communes ont été préalablement approchées par le Département de l’éducation et de la famille (DEF).

Appeler la Confédération à la rescousse?

Il y aura moins d’heures de cours pour l’élève à partir de la rentrée 2017, donc. Si le syndicaliste le déplore, il souligne que «le programme des 7 et 8e Harmos est chargé et que la dotation neuchâteloise au cycle 2 restera très proche de celle des élèves du Jura et du Jura bernois.» John Vuillaume, lui, préfère affirmer qu’en fin de scolarité, «l’élève neuchâtelois aura fait une année scolaire de moins que le valaisan».

Le collectif du Pervou va jusqu’à se demander s’il ne faut pas «appeler la Confédération à la rescousse». Dans son communiqué, il s’en prend ouvertement à la cheffe du DEF, Monika Maire-Hefti, injoignable hier: «Les services administratifs ont retrouvé le pouvoir qui leur avait été légitimement confisqué le temps d’une législature.» Implicitement, c’est le Service de l’enseignement obligatoire du canton de Neuchâtel que vise l’attaque.

Au passage, on peut s’étonner que le prédécesseur de la conseillère d’Etat socialiste, le radical Philippe Gnaegi, soit cité en exemple, lui qui s’était attiré les foudres des enseignants et des syndicats.

«Repenser l’appareil»

Sur ce terrain-là, Pierre Graber estime qu’après «les élections, il conviendra de repenser l’ensemble de l’appareil pilotant le système éducatif». Par ailleurs, il s’étonne, en s’appuyant sur l’étude BAK Basel, que «sauf erreur, le DEF est le seul département du canton ayant vu son budget réduit pour 2015, 2016 et 2017».

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