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Sur nos monts, enfants heureux...

Soumis par SAEN le 12 février 2014

Le groupe UDC propose d'inclure dans le programme scolaire les hymnes suisse et neuchâtelois. Le Conseil d'Etat est favorable.

" L'hymne neuchâtelois, j'en connais juste le début, mais j'aurais bien voulu l'apprendre à l'école ". C'est le jeune député UDC Lucas Fatton qui a lancé l'idée: inclure dans le programme de l'école obligatoire l'apprentissage des hymnes suisse et neuchâtelois. Son idée est devenue une motion du groupe UDC. Elle demande l'apprentissage des deux hymnes, " dans leur version intégrale" , en primaire ou en secondaire, et devrait être traitée au Grand Conseil la semaine prochaine - pour autant que l'ordre du jour soit tenu.

Le Conseil d'Etat favorable

" Tous les députés de mon parti ont été séduits par ma proposition ", se réjouit le citoyen de Fontaines, qui est député suppléant. Motif supplémentaire de satisfaction: le Conseil d'Etat propose au Parlement d'accepter cette motion. " J'ai vu cela, c'est une très bonne nouvelle, mais en même temps il s'agit de bons sens, et ma proposition ne coûte rien."

Lucas Fatton a été déçu, voire même choqué, dit-il, de n'avoir jamais appris le Cantique suisse à l'école. " Je trouve cela très dommage, car l'hymne d'un Etat est un élément important pour la cohésion cantonale ou nationale. C'est aussi un facteur important d'intégration."

Et de constater qu'aujourd'hui, " beaucoup de citoyens ne connaissent pas les paroles de l'hymne national, ou alors seulement la première strophe. Et encore moins celles de l'hymne neuchâtelois. Autour de moi, j'entends de nombreuses personnes dire qu'elles regrettent de ne pas les avoir appris à l'école. "

Le texte de la motion indique que le Grand Conseil argovien, en 2008, a adopté un postulat demandant l'enseignement de l'hymne national durant les leçons de musique. Et l'an dernier le Grand Conseil tessinois a rendu son apprentissage obligatoire à l'école primaire.

Echec en 2011 au chef-lieu

Les députés neuchâtelois iront-ils dans la même direction? En ville de Neuchâtel en tous les cas, une résolution du groupe PLR avait échoué fin 2011 devant le Conseil général, qui l'avait refusée par 16 voix contre 9. Le conseiller général Alexandre Brodard voulait, comme le demande Lucas Fatton aujourd'hui, enseigner les deux hymnes aux élèves, mais seulement au chef-lieu. Quelques mois auparavant, à l'occasion de la 11e édition des concerts des écoliers neuchâtelois, plus de 3000 enfants avaient chanté " avec ferveur ", indiquait-il alors, l'hymne neuchâtelois. Il estimait que " la connaissance de l'hymne national et de l'hymne neuchâtelois devrait faire partie des connaissances générales qu'un élève acquiert au cours de sa scolarité ".

Le conseiller général socialiste - par ailleurs aussi député - Matthieu Béguelin avait alors raillé un brin la démarche, se disant " heureux que le groupe PLR se soucie de la santé de nos chorales ", mais estimant que ce type de démarche devait plutôt être adressée... au Grand Conseil. Voilà qui est fait. Sur le fond, Matthieu Béguelin estimait surtout que ces chants étaient dépassés et que si personne n'en connaissait les paroles, c'est que " personne ne se retrouve dans ces hymnes, qui ne collent plus au temps d'aujourd'hui. "

Un hymne relooké, très peu pour lui!

Et là, il tombe en plein dans l'actu, Lucas Fatton, puisque la Société suisse d'utilité publique vient de lancer son concours pour la création d'un nouvel hymne national suisse.

" Les jeunes UDC ont été très choqués par cette démarche. Certains trouvent que l'hymne national a une connotation trop religieuse? Eh bien pour nous, elle est importante, cette référence à Dieu, qui figure d'ailleurs en préambule de la Constitution fédérale: Au nom de Dieu tout-puissant! " Le président de la section neuchâteloise, Niels Rosselet-Christ, a d'ailleurs lancé, avec son homologue vaudois Yohan Ziehli, une action visant à sauvegarder l'hymne national.

Mais lui, Lucas Fatton, le connaît-il par coeur, cet hymne national? " Jusqu'à la troisième strophe, oui, et la première strophe aussi en allemand. Je peux vous le chanter si vous ne me croyez pas ", rigole-t-il. Heu, promis, on le croit!

QUI ET QUAND?

Le Cantique suisse - "Sur nos monts quand le soleil..." - a été composé en 1841 par Alberich Zwyssig avec les paroles allemandes de Leonhard Widmer. Il devient hymne national provisoire en 1961 puis définitif en 1981. Le texte officiel français est de Charles Chatelanat (1833-1907). De son côté, l'hymne neuchâtelois a été écrit par le poète vaudois Henri Warnery et composé par Charles North en 1898. Reproduites ci-dessus, ses paroles sont bien moins connues.

La Citadelle en choeur

Classe de 5e année Harmos au collège de la Citadelle à La Chaux-de-Fonds hier après-midi. Le prof nous accueille pour une brève "leçon" d'introduction à l'hymne national et pourquoi pas neuchâtelois. Les enfants ont huit ou neuf ans. Qui sait ce qu'est un hymne national? Cinq bras se lèvent.

Pierre: "C'est quand par exemple une équipe de foot gagne. Ils chantent l'hymne de leur pays. C'est une chanson" . Besma ajoute: "C'est la chanson de notre pays". Les trois autres auraient dit à peu près la même chose. Qui connaît l'hymne national suisse? Noah se lance: "Sur nos monts quand le soleil, annonce un brillant réveil..." , chante-t-il. Les autres le regardent un peu admiratifs. Pierre le double en choeur.

Peut-être un enfant de la classe sait-il un autre hymne national? Besma lève la main: "Je connais un peu l'hymne algérien, mais pas les paroles sauf un mot" . Pas d'autres réactions dans la classe. Et Noah, à moitié italien? Ne sait-il pas aussi l'hymne transalpin? Non. Un garçon glisse qu'il savait un peu l'hymne suédois. Pas parce qu'il est nordique, mais parce qu'il aimait bien le drapeau bleu à croix jaune.

En revanche personne parmi les enfants ne connaît l'hymne neuchâtelois. Sauf une fillette qui dit l'avoir entendu une fois. Le prof lui le sait. Il a dû l'apprendre quand il était élève, raconte-t-il. Avant d'entonner: "Nous sommes les enfants heureux de la plus belle des patries..." l'hymne neuchâtelois, il l'a repris avec ses élèves à l'occasion du 150e anniversaire de la République.

Cela vous embêterait d'apprendre ces hymnes? "Nooon" , répondent les gosses en choeur. "J'aimerais bien" , ajoute même une voix. "Quand c'était au programme il y a 20 ans, ça ne leur plaisait pas du tout", note de son côté le maître. RON

"Un point commun entre tout le monde"

L'hymne national à l'école? Elève en 9e année Harmos au collège des Terreaux, à Neuchâtel, Amanda Mbwebwe est pour: "C'est très important." La jeune fille de 12 ans est née ici, mais ses parents sont originaires de République démocratique du Congo. Ne connaissant pas le chant patriotique, elle nous raconte être allée se renseigner sur internet. Elle est tombée sur une vidéo, avec paroles et chant: " Ç a m'a plu." Par contre, l'hymne neuchâtelois, elle le connaissait, pour l'avoir appris à l'école primaire.

Sa camarade Newal Abdella voit aussi d'un bon oeil la perspective de chanter l'hymne à l'école: " Ç a ferait un point commun entre tout le monde, ce serait bien." L'argument est repris par Maéva Buhler. Celle-ci estime aussi qu'en matière d'hymne, comme avec d'autres matières, "c'est mieux d'apprendre vite. " Par la suite, "au moins, on pourra le chanter pendant les matches de foot."

"Un peu vieux"

Marlene Chevalley-Knoepfler n'est pas aussi conquise: " Ç a fait un peu vieux, c'est nos grands-parents qui faisaient ça." Elle se voit mal chanter dans la cour de l'école le cantique suisse. Le côté anachronique de ce dernier semble faire l'unanimité. A titre de comparaison, Tom Vioget relève que "la Marseillaise en reggae, ça existe" , en référence à la version de Serge Gainsbourg. Newal suggère de renouveler l'hymne tous les 50 ans, par exemple. S'il pouvait proposer une nouvelle mouture, précisant que "la dernière votation fait honte d'être suisse" , Tom écrirait "l'UDC c'est des c..." Dans un débat politique improvisé, Maéva note que "l'UDC, ça fait partie du pays."

Il faut dire que notre bande d'amis a eu récemment l'occasion de chanter l'hymne national pour le président de la Confédération Didier Burkhalter, lors de sa réception officielle en décembre à Neuchâtel. Marlene assure que lors de ce concert, le conseiller fédéral Ueli Maurer a pleuré; pendant un air de Nabucco et non durant l'hymne: "Il l'a trop entendu" , suggère la collégienne espiègle.

Source: Arcinfo

Publié le
mar 01/01/2019 - 17:37
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