Les élèves de primaire et secondaire sont exposés à de fortes doses de dioxyde de carbone qui pousse à la somnolence. Il faudra mieux aérer les classes.
Les performances des écoliers sont ralenties par la trop forte concentration de C02 dans les classes
Si les élèves baillent en classe, ce n'est pas dû au manque de pédagogie de l'enseignante, mais à la mauvaise qualité de l'air dans la salle. Selon une étude des associations d'enseignants alémaniques portant sur les élèves de 3 classes enfantine, primaire et secondaire, le taux de CO2 dans les bâtiments scolaires est trop élevé.
Dans des classes de Baden (AG), des médecins du travail ont mesuré en continu, minute par minute durant un jour, la concentration en dioxyde de carbone, gaz inodore et incolore mais nocif. Constat alarmant: durant presque toute la durée des heures d'enseignement, les valeurs de C02 dépassent les normes légales, soit 1000 ppm (part par million). La loi sur le travail indique en effet que la quantité de C02 ne doit pas aller au-delà d'un pour mille dans une pièce fermée. Dans la classe de secondaire, la limite était dépassée après 10 minutes, le jardin d'enfants, disposant de salles plus vastes, touchait la limite après une heure. En primaire, la situation était critique: après deux heures de cours, on mesurait 4148 ppm de C02.
Certes en aérant à la récréation, le taux baissait pendant un moment, mais dès que les fenêtres étaient fermées, le teneur en C02 grimpait à nouveau en quelques minutes. «Nous estimons que dans 70 à 80% des classes de Suisse, l'air est malsain», déclare le médecin du travail Claude Sidler, co-auteur de l'étude. «Cela devient préoccupant à partir de 1500 ppm, il est alors difficile de travailler de manière concentrée.»
Pourquoi cet air délétère dans les classes? Il y a trop d'élèves par classe et on aère mal ou pas assez. Des valeurs trop élevées de C02 induisent «un manque d'attention, une baisse des performances voire des maux de tête ou des irritations des muqueuses», précise l'étude. Cela n' a rien de nouveau, mais les autorités n'en faisaient pas une priorité. Désormais le sujet est à l'ordre du jour. Un projet pilote sur l'aération des classes a été lancé dans plusieurs cantons et communes. Un groupe d'experts a été mis sur pied par l'Office fédéral de la santé publique comprenant notamment la Ligue pulmonaire suisse et des représentants des enseignants. Il va plancher sur les mesures à prendre. Une liste de recommandations sera fournie cet automne à la Conférence suisse des directeurs de !'Instruction publique et sera transmis aux communes et aux responsables d'établissements scolaires.
Nadia Pastega
Source: Matin Dimanche du 21 mai 2017
Source originale (Sonntagszeitung)