Aller au contenu principal

Un avenir plutôt sombre !

Soumis par Jean-François Kunzi le 4 novembre 2005

La droite, majoritaire au Grand Conseil, jusqu’aux élections d’avril dernier, laisse une ardoise considérable. Après un déficit de 100 millions en 2004, celui de 2005 risque bien d’avoisiner130 millions. Est-ce bien là un exemple de la rigueur financière dont se targuent volontiers les politiciens appartenant à cette mouvance ?Confronté à une situation catastrophique, le Conseil d’Etat nouveau va présenter au législatif un budget pour 2006, déficitaire de 44 millions, dans lequel il démontre qu’il a dû opérer des économies drastiques afin de répondre aux critères du frein à l’endettement voulu par le peuple.

Lors de la campagne précédant les élections cantonales du printemps 2001, les partis de droite se faisaient forts de rétablir, au cours de la législature, l’équilibre des finances cantonales. Si la situation ne s’avérait pas aussi catastrophique, on pourrait se gausser devant l’échec retentissant de tant de prétention et de vanité. Certains députés de cette mouvance politique, adeptes du « moins d’Etat », toujours prompts à accuser la gauche de vilipender les deniers publics mais volontiers amnésiques lorsqu’il s’agit d’assumer les conséquences fâcheuses de leurs décisions ne devraient-ils pas, aujourd’hui, ou rougir de honte ou, pour le moins, présenter un profil bas ?

N’ont-ils pas succombé facilement au chant des sirènes du lobby des bétonneurs ? N’ont-ils pas, à plusieurs reprises, dès le début des années nonante, consenti, aux catégories les plus aisées de la population, des cadeaux fiscaux qui, depuis lors, péjorent gravement les finances cantonales ? Ne soutiennent-ils pas encore, sans état d’âme, des lois du marché qui brillent par leur absence d’éthique, qui fragilisent et appauvrissent puis marginalisent une partie grandissante de la population provoquant une diminution considérable des rentrées fiscales et une explosion de l’aide sociale ?

Que leur importent finalement les critiques, les récriminations et les souffrances de certains de leurs concitoyens ! Leur action procède d’une stratégie machiavélique. Par tous les moyens, ils cherchent à affaiblir l’Etat, à l’empêcher de jouer pleinement son rôle de redistributeur. Ce printemps, malgré une percée importante de l’UDC, le peuple leur a infligé un désaveu notable.

Mais, on ne refait pas l’histoire ! La gauche maintenant majoritaire est confrontée à une situation financière dramatique. Aucune amélioration ne semble se profiler dans un avenir proche. Pire, aux yeux de la Confédération, Neuchâtel passe du statut de canton à capacité financière faible à celui de canton à capacité moyenne. Ce qui entraîne une diminution conséquente et particulièrement malvenue en ce moment des ristournes fédérales.

Le Conseil d’Etat est confronté à des choix cornéliens. Son ébauche de budget pour 2006 laissait apparaître un déficit de 183 millions qu’il a ramené à 44 millions dans le projet qu’il présente au Grand Conseil et qui sera débattu dans la session de décembre.

Parce qu’il provoquera assurément du mécontentement dans les communes, chez les détenteurs de fortune dépassant Fr. 250'000,--, chez les jeunes, fonctionnaires et enseignants, qui voient leur progression salariale bloquée, chez les membres de la fonction publique qui, une fois de plus, passent à la caisse, chez les étudiants qui, par voie d’initiative, demandent d’affecter l’or de la BNS exclusivement à la formation, ce projet de budget rétablira-t-il le fameux consensus neuchâtelois ? Les réformes inévitables pourront-elles s’opérer dans un climat serein et constructif ?

Jean-François Kunzi

Mots-clés associés