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Une aide pour les profs bernois

Soumis par SAEN le 8 août 2009

Les profs qui connaissent des problèmes passagers pourront demander à être secondés, pour rétablir la confiance et la discipline en classe

Le ministre Vert bernois Bernhard Pulver a une vision très sociétale de l'école. Elle doit s'intégrer dans l'organisation globale des familles, offrir un «espace propice à l'apprentissage et un environnement bienveillant». Tout le contraire d'une «caserne administrative», a-t-il dit vendredi, à la veille de la rentrée dans la partie alémanique du canton - les Biennois et les Jurassiens bernois reprennent le 17 août. Caserne administrative, selon la formule d'un élu conservateur.

Alors, Bernhard Pulver multiplie les initiatives. Il se réjouit de constater que les horaires blocs sont généralisés. Il voit se développer avec intérêt les «écoles à journée continue», avec des structures de prise en charge des enfants dans plus de 50 communes. Chaque localité devra offrir des modules d'encadrement des élèves avant et après les cours dès la rentrée de 2010, pour autant que dix élèves le réclament.

L'harmonie scolaire dépend aussi du bien-être des enseignants. Le conseiller d'Etat a mené une enquête de satisfaction à fin 2008, à l'enseigne de la formule «Où le bât blesse-t-il?» «Elle a mis en évidence le haut degré d'engagement de la grande majorité des membres du corps enseignant, relève le ministre. Plus de 60% d'entre eux sont très ou majoritairement satisfaits de leur situation professionnelle.»

Des profs épuisés

L'étude fait pourtant apparaître des problèmes: 22% des enseignants, en particulier parmi ceux affectés aux classes générales, affirment ne pas parvenir à réaliser l'entier du programme et 43% disent être régulièrement épuisés après une journée de travail. Causes notoires: la discipline et l'hétérogénéité des classes.

Partant du principe que «si nous arrivons à accroître le bien-être des enseignants, la qualité de la formation sera meilleure», Bernhard Pulver lance un programme de soutien ciblé aux profs qui rencontrent des difficultés. Notamment dans les classes générales des dernières années obligatoires. Un effort avait déjà été fait, en abaissant à 17,5 élèves leurs effectifs moyens, contre 20 pour les classes prégymnasiales.

Le canton de Berne va plus loin. Il offre, pour une période temporaire, la possibilité à un enseignant de demander à sa direction un soutien. «L'objectif est de stabiliser la classe, restaurer la discipline, rétablir une bonne attitude et recréer un climat propice à l'apprentissage», explique Bernhard Pulver. Pas besoin d'être au bord du burn out. Le projet vise en particulier des enseignants débutants, en proie à des problèmes personnels ou connaissant des difficultés à diriger la classe.

«Prenons un exemple, explique Ruth Bieri, cheffe de projet. Une classe générale de 8e année, avec 10 garçons et 7 filles, dont 2 garçons et 1 fille perturbent le déroulement des leçons. L'enseignant s'adresse à sa direction d'école. Il est décidé de transférer un élève dans une autre classe et de faire intervenir un deuxième enseignant dans la classe, trois matinées par semaine durant six semaines.»

Une aide dans les cinq jours

Résultat, avec un duo de profs à certains moments, l'enseignement peut être dispensé différemment, peut-être avec deux groupes. L'originalité bernoise, c'est «le sur-mesure», précise Bernhard Pulver. Pas question de généraliser la formule, ni de fixer des normes parfaitement définies. «Les critères peuvent être un taux élevé d'élèves ayant des problèmes de motivation, d'élèves présentant des problèmes de violence, de dépendance ou d'absentéisme, etc.», note Ruth Bieri.

Le processus se veut «sans lourdeur bureaucratique», relève le ministre. L'enseignant alerte sa direction locale, qui transmet à l'inspection scolaire pour décision. L'appui peut intervenir dans les cinq jours. Un soutien qui ne doit pas forcément être apporté par d'autres enseignants. «Il sera aussi possible de faire appel à des personnes expérimentées, ayant un bon contact avec les jeunes», relève Ruth Bieri.

Berne, avec ses 102 000 élèves répartis dans 5730 classes, a prévu un «paquet» de 11 000 heures de soutien aux enseignants en difficulté, destinées en priorité aux 700 classes dites générales. C'est à la fois beaucoup et peu. Selon l'exemple précité, l'aide nécessite 72 heures. «C'est une expérience, nous verrons bien», commente Bernhard Pulver, précisant que 11 000 heures d'appui coûtent un million de francs.

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