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Une marée de lycéens au Château pour défendre la qualité des cours

Soumis par SAEN le 23 septembre 2009

Près de 1200 étudiants des trois lycées neuchâtelois ont marché hier sur le Château. Après avoir hué le conseiller d'Etat Philippe Gnaegi, la joyeuse cohorte a remis une pétition munie de 1560 signatures pour réprouver les coupes budgétaires dans l'enseignement.

La journée du 22 septembre restera probablement ineffaçable pour les étudiants des trois lycées neuchâtelois. Leur marche de protestation sur le château de Neuchâtel s'est soldée par une formidable démonstration de force et de cohésion. Selon la police, quelque 1200 élèves ont, joyeusement, convergé vers le siège du gouvernement cantonal. Après être arrivés dans la cour du château, et avoir bruyamment réclamé la comparution du chef du Département de l'éducation, de la culture et des sports (Decs), les étudiants ont copieusement conspué l'orateur qu'ils réclamaient. Après des échanges d'argument et quelques lazzis, les coordinateurs de la marche ont pu remettre à Philippe Gnaegi une pétition forte de 1560 signatures. Elle demande à l'Etat de ne pas toucher à la qualité de l'enseignement, de renoncer aux aménagements qui nuiraient au bien-être des élèves.

Tout avait commencé par l'appel des lycéens de Blaise-Cendrars, qui ont lancé la pétition. Quelque 400 étudiants de La Chaux-de-Fonds ont gagné le lycée Denis-de-Rougemont, au chef-lieu, pour s'assurer du soutien de leurs homologues du Bas et récolter des paraphes supplémentaires. L'exercice est une réussite totale quand bien même la matinée s'est déroulée comme si d'une course d'école il s'agissait.

Le cortège, qui a emprunté l'avenue du 1er-Mars, était composé d'une majorité festive, des jeunes pour beaucoup excités comme des puces à l'idée de l'événement qu'ils créaient. Les visages, enjoués pour la plupart, contrastaient avec la ritournelle scandée tout au long du trajet: «Etudiants, pas contents!» Du reste, le nez collé contre les vitrines et fenêtres, les gens ont largement souri au passage de ce défilé encadré par les policiers. Le regard amusé, un homme attablé à une terrasse acquiesce: «Ils ont raison, ils sont jeunes. Les coupes dans l'instruction sont toujours dangereuses...»

Reste les revendications des étudiants. Futiles? Sûrement pas pour les étudiants, qui craignent une péjoration de leur cadre d'études. Déplacées? Peut-être à entendre le chef du Decs, qui dresse des comparaisons intercantonales et qui évoque la pénible situation des chômeurs.

Du théâtre alors que tout cela? Assurément non, considère Daniel Simon. Ce prof (en congé) d'histoire à Blaise-Cendrars, père d'un lycéen à Neuchâtel, est le seul adulte à s'être mêlé aux pétitionnaires. «Personnellement, je suis fier des étudiants. C'est un acte civique à relever, que l'on pourra utiliser en leçons d'histoire dans le cadre des luttes syndicales, par exemple.» /STE

Des élèves ont préféré rester en classe

«Le lycée tout entier ne manifeste pas. Les intellos sont restés en classe», ironise une lycéenne de Numa-Droz, elle-même pas trop au fait des revendications des pétitionnaires. Au lycée Denis-de-Rougemont, lieu de réunion des étudiants, des élèves sont effectivement à leur pupitre. «Ce n'est pas que la démarche soit inintéressante, mais nous ne nous sentons pas concernés. Les caisses de l'Etat sont plus que vides, il faut bien décider de faire des économies car la situation est insoutenable. Cette année c'est les profs, puis viendra le tour des autres. Nous sommes tous touchés», déclarent deux élèves qui désirent rester anonymes et qui ne veulent même pas essayer de faire passer leur message, «vu le flot d'élèves». Plus loin, six demoiselles avouent «ne pas avoir tout compris de la pétition». Elles restent en classe pour préparer une épreuve de maths, d'autant qu'elles admettent «qu'il faut bien réduire quelque part» et que «le dialogue est préférable». Devant le lycée, Paco et ses potes sont catégoriques: «Nous sommes en crise et devons tous faire des sacrifices, qui sont réalisables. Le problème c'est que les profs font de la démagogie en classe.» Et d'accuser: «Les profs menacent de faire peu de travaux écrits et d'en reparler lors d'un examen oral...» /ste

Réaction des profs

Résolution
L'assemblée de la SSP-EN s'est prononcée pour le retrait de toutes les mesures touchant à l'enseignement, ainsi que pour la suspension du frein à l'endettement, et pour l'initiative sur les grandes fortunes.

Consultation
Les profs critiquent les délais d'application des mesures.

Prix 2009
Le conseiller d'Etat Philippe Gnaegi a reçu une tronçonneuse d'or. /gsc

Reportage de canal alpha

Source

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