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Vingt et un élèves privés d'école... ou pas

Soumis par SAEN le 29 janvier 2015

Les parents des élèves de l'école Dix Atouts, pour enfants dyslexiques, ont appris mardi que l'établissement allait, pour des raisons financières, fermer ses portes... demain!

Aux Dix Atouts, les chaises risquent de rester définitivement sur les tables. DAVID MARCHON

La nouvelle fait l'effet d'un électrochoc chez les parents des élèves de l'école de l'association Dix Atouts, basée à Neuchâtel et qui accueille des enfants souffrant de dyslexie, dysphasie, dyscalculie ou de déficit de l'attention. Demain, leurs enfants, 21 au total, dont 11 établis dans le bas du canton, cinq dans le Haut et quatre issus d'autres cantons, se retrouveront sans école. En effet, Dix Atouts fermera subitement ses portes pour des raisons financières, après cinq ans d'existence.

"Nous avons appris la nouvelle mardi, par un e-mail de la directrice adressé aux parents" , explique Fred (prénom fictif), au téléphone. "Nous étions au courant des difficultés financières, mais cette nouvelle arrive au dernier moment. Les parents vont s'opposer à cette décision, demain soir, lors de l'assemblée générale."

Réaction des parents

Du côté des parents d'élèves, les réactions sont effectivement vives et on parle déjà de s'opposer à la fermeture de l'école. Si certaines des motivations qui ont poussé les parents à se dresser contre la dissolution de l'association sont évidentes, il y en a d'autres, plus pragmatiques, comme notamment le fait que cette mesure n'ait pas été inscrite à l'ordre du jour de l'assemblée générale. "La présidente a décidé de fermer l'école sans nous consulter. Nous allons donc faire opposition à sa démarche, car cette décision nous revient. Mon fils ne dispose pas d'un encadrement suffisant dans le public et sa demande d'acceptation au Centre régional d'apprentissage spécialisé (Ceras) avait été refusée, d'où notre 'décision' de l'inscrire à Dix Atouts" , reprend Fred.

Plus assez d'argent

De son côté, la directrice et cofondatrice de l'association, Marylène Garnier, explique que la réalité des chiffres ne pouvait plus être ignorée: "Actuellement, il nous manque 6000 francs pour payer les salaires de janvier. Nous avons également des dettes envers plusieurs parents d'élèves, qui nous ont soutenus financièrement depuis le début de l'aventure, dont une créance de 200 000 à l'un d'entre eux" , explique-t-elle.

Malgré les frais d'écolage (1250 francs par année), les rentrées financières ne sont pour l'heure plus suffisantes. "Il nous faudrait entre 100 000 et 150 000 francs pour terminer l'année. Le fonctionnement de Dix Atouts repose essentiellement sur les dons, qui se font de plus en plus rares, et l'Etat ne nous verse pas un centime" , détaille la directrice. "De notre point de vue, le canton enfreint son obligation de non-discrimination en n'offrant pas suffisamment d'alternatives pour la scolarisation des enfants handicapés. Ces élèves ont une intelligence normale, mais ils ont besoin d'un encadrement spécialisé pour leur permettre d'avancer à leur rythme."

Retour au public

Pour Monika Maire-Hefti, conseillère d'Etat en charge de l'Education, les subventions n'ont pas lieu d'être dans cette situation. "Il est inscrit dans la loi que le canton ne subventionne pas les établissements privés" , déclare-t-elle, avant de souligner une situation des finances cantonales déjà compliquée. "Vous m'apprenez la nouvelle de cette décision. Je vais immédiatement prendre contact avec mes services afin de mettre en place les mesures nécessaires pour l'accueil de ces enfants au sein de l'école publique" , continue-t-elle. "Heureusement que le service public est là pour assurer la continuité de l'éducation de ces 21 élèves."

Mais attention, le retour à l'enseignement public n'est pas la seule option. "En Suisse, l'éducation est obligatoire. Mais un élève peut très bien être scolarisé dans le privé ou à la maison, comme il peut l'être dans une école publique. La décision reviendra aux parents. "

Quinze profs touchés

Outre les enfants, les premiers concernés par cette fermeture imminente sont également les enseignants. Ce sont 15 emplois qui sont menacés, dont ceux de dix enseignants spécialisés et de cinq aides socio-éducatifs dont un civiliste et un apprenti. "Je suis consternée par cette décision, mais nous n'avions plus le choix, la situation n'est pas viable" , explique Marylène Garnier.

Le sort de l'école Dix Atouts sera donc arrêté demain soir par les parents d'élèves, lors de l'assemblée géné rale.

L'ECOLE PUBLIQUE EST DISPONIBLE

"Il est évident que l'école publique est disponible pour accueillir les élèves de Dix Atouts" , déclare Monika Maire-Hefti. "Si cette structure fournissait certainement du bon travail, notamment via un accompagnement idéal, mais impossible dans le public (réd: deux enseignants pour cinq élèves), on constate aujourd'hui que les parents ont pris un risque."

De son côté, Jean-Claude Marguet, chef du Service de l'enseignement obligatoire, souligne la vocation d'intégration de l'école publique. "Chaque enfant, à 4 ans révolu au 31 juillet, peut intégrer le système éducatif. Actuellement, nous avons 20 417 écoliers en âge d'être scolarisés de la première à la 11e année. Les parents de ces enfants ont tous des attentes, ils veulent le meilleur possible pour eux et c'est normal. Nous avons de nombreuses demandes pour les élèves à haut potentiel, les sportifs, les musiciens, les artistes et les enfants ayant besoin d'encadrement spécialisé. Nous essayons de répondre au mieux à ces attentes avec les moyens que nous avons à disposition" , dit-il.

Sa réaction à la déclaration de Marylène Garnier concernant le non-respect des autorités de leur obligation de non-discrimination et du manque d'encadrement pour les enfants handicapés? " Quand une offre privée se crée, les parents peuvent choisir d'y placer leurs enfants. Mais je peux vous assurer que pas une journée ne se passe sans que des enseignants et des acteurs de l'enseignement ne se retrouvent pour travailler à l'amélioration et à l'adaptation de nos structures pour ces écoliers demandeurs de mesures particulières. Mais vu le nombre conséquent d'élèves, ce travail s'inscrit dans la durée et nous ne pouvons pas réagir sur des courtes périodes".

Par LUCIEN CHRISTEN

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Neuchâtel: le sort de l'école Dix Atouts encore en jeu

Un comité ad intérim s'est mis en place et va se retrouver, dès demain, pour planifier les prochains mois.
Crédit: DAVID MARCHON

Elle devait fermer ses portes aujourd'hui. Mais, réunis en assemblée générale, les parents des élève de l'école Dix Atouts, basé à Neuchâtel, ont débattu jusqu'à tard hier soir et n'ont pas dissout l'association la gérant.

La décision fut brutale. Rencontrant des problèmes financier, l'école Dix Atouts (qui accueille des enfants souffrant de dyslexie, dyscalculie, dysphasie ou de troubles de l'attention), installé à Puits-Godet, à Neuchâtel, devait fermer ses portes aujourd'hui. Réunis en assemblée générale, les parents des 21 élèves la fréquentant ont débattu de son sort jusqu'à tard hier soir. Au final, l'association qui gère l'école n'a pas été dissoute. Un comité ad intérim s'est mis en place et va se retrouver, dès demain, pour planifier les prochains mois.

Par FLV

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