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Violence scolaire: L’émotion ne règle pas les problèmes

Soumis par SAEN le 12 mars 2009

Les événements sanglants intervenus à Winnenden (Allemagne), les brutalités de Gagny, amplifiées par l'écho que le président de la République leur a donné en recevant des enseignants de ce lycée, tout cela ravive le débat sur la violence scolaire. Le  président de la République  a promis "que tout serait mis en oeuvre pour qu'un tel événement ne se reproduise pas". Il a invité le ministre de l'éducation nationale à "lancer, en concertation avec les collectivités locales concernées, une réflexion destinée à renforcer par des mesures opérationnelles la sécurisation des établissements scolaires".

Aura-t-on la cruauté de rappeler des paroles vieilles d'à peine un an? En janvier 2008, Xavier Darcos disait : "Je ne saurais accepter la multiplication des entorses à la tranquillité nécessaire à l'apprentissage. Je ne saurais accepter la banalisation des faits de violence". En 2002, ministre délégué de Luc Ferry, il avait lancé un xième plan contre la violence scolaire. "L'objectif est de faire baisser la violence de moitié en cinq ans" promettait-il. "Je veux lever le tabou de la violence scolaire, prendre l'opinion à témoin et montrer ce qui se passe réellement dans nos écoles. Si chacun prend conscience de la gravité de ce qui se passe, nous aurons plus de facilité à combattre le phénomène". Sept ans plus tard, la situation a-t-elle changé?

A nouveau, on assiste à une erreur de diagnostic. Si toutes les formes de violence scolaire sont à combattre, le ministre, et les médias aussi, privilégient toujours les formes les plus spectaculaires de la violence, celles qui font des victimes. Or la violence scolaire c'est à 80% le harcèlement (le bullying) exercé par des élèves sur d'autres élèves. Cette forme là, qui n'est pas spectaculaire, et qui s'exerce entre jeunes, a autant d'effets négatifs sur les élèves qu'elle suscite peu d'intérêt chez les politiques.

L'erreur de traitement n'est donc pas surprenante. Si les liens  entre établissement et police ne sont pas inutiles c'est d'abord par ce qu'ils peuvent apporter comme sentiment de protection. L'enseignant se sent davantage protégé; les incidents sont transmués en  procès-verbaux ce qui apprend à chaque partie à prendre du recul et à connaître les droits de l'autre. Mais aucune mesure policière n'empêchera les coups de folie qui se terminent en bain de sang. Aucune ne répondra à la réalité du harcèlement scolaire qui pourrit la vie de nombre d'établissements. Aucun policier n'aidera un jeune à apprendre à contenir sa colère.

Pourtant des solutions existent. Eric Debarbieux, qui mène en ce moment avec la mairie de Paris une expérience originale, estime qu'il y a des facteurs propres aux établissements dans leur organisation matérielle. La baisse du nombre de surveillants, des recoins mal contrôlés sont par exemple des facteurs de violence. Il y a surtout des causes à chercher au cœur même du fonctionnement de nos établissements. C'est la solitude des enseignants et l'anonymat des élèves qui favorisent le harcèlement. C'est la maigreur de la formation à la gestion du stress et des groupes qui fragilise des enseignants. La violence scolaire explose à la rencontre entre l'état de notre école et celui de notre société.

Eric Debarbieux

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Dossier violence scolaire

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