Le site internet, qui propose des "excuses" payantes aux élèves moyennant finance et qui a soulevé une énorme polémique, n'est en fait qu'un coup de pub de la société d'édition belge Iknost.
Les responsables du site Xkiouze.com vont-ils présenter leurs excuses pour leur canular ? Ce site internet, qui propose aux élèves des "excuses en béton" à leurs absences scolaires moyennant finance, est bien une supercherie. A l'origine de ce coup médiatique : Iknost, une société belge d'édition de solutions et de services interactifs en quête de publicité pour l'un de ses produits... de soutien scolaire !
Dans une interview au "Post", Nathalie Demieux, la directrice commerciale France de la société, affirme que le buzz avait été créé "pour promouvoir notre site Learnisys.com, qui propose des solutions innovantes d'aide à la scolarité, de soutien à domicile". Mais également pour "sensibiliser les enfants et les parents au problème de l'absentéisme"... Le site, dont le lancement officiel était annoncé pour le 12 avril prochain, propose ainsi la vente de "certificat médical", de "certificat de vol [par le commissariat local]", un "certificat de passage de permis", voire même un "certificat de décès". Les tarifs s'échelonnent de 7,90 euros pour une excuse jusqu'à 34,90 euros pour le pack "Always Cool" de six excuses, payables par SMS et livrables en moins de 24 heures. Poussant encore un peu le bouchon, le site a même lancé un concours récompensant les meilleures propositions d'excuses...
Une énorme polémique, brève mais intense
Ce site, au principe plus que discutable moralement, a en tout cas provoqué une énorme polémique, brève mais intense. Très rapidement, Michel Richard, secrétaire général adjoint du Syndicat national des personnels de direction de l'Education nationale (SNPDEN), le premier syndicat de chefs d'établissement en France, a condamné "sans aucune réserve ce projet, qui est totalement à l'opposé de nos valeurs. Nous souhaitons que le ministère fasse le nécessaire pour faire interdire le plus rapidement possible ce site". "C'est pitoyable, on continue à dénigrer l'école", a déclaré Jean-Jacques Hazan, président de la Fédération des conseils de parents d'élèves des écoles publiques (FCPE), première fédération de parents d'élèves de l'enseignement public.
Même le ministère de l'Education a pris part au débat, affirmant qu'il avait lancé une expertise juridique auprès de ses services "pour étudier le caractère légal de ce site et des prestations qu'il propose". Pour sa part, le ministère de la Justice a exprimé ses doutes sur le sérieux du site. "Nous avons du mal à croire à sa crédibilité", a affirmé le porte-parole du ministère, Guillaume Didier. Plusieurs indices permettaient en tout cas de douter dès le lancement de l'authenticité de ce service, entre une présentation complètement loufoque, des tarifs fort élevés, et des responsables inconnus et étrangement muets... Le ministère de la Justice a toutefois ajouté que "s'il s'avérait que ce n'est pas un canular et qu'il ouvre réellement, le site tombe sous le coup de la loi pénale qui interdit ce genre de dispositif".
"Ca n'a duré que deux jours, mais c'est quand même positif"
Sous la pression, Iknost s'est finalement découvert. "On a géré de bout en bout. C'est vrai que ça n'a duré que deux jours, mais c'est quand même positif, on a eu énormément de retombées. Mais, à un moment donné, il faut savoir stopper le jeu...", a expliqué Nathalie Demieux. La société, qui avait dans un premier temps affirmé ne pas être à l'origine de ce site, précise qu'elle "va dans quelques jours remplacer le site Xkiouze.com par un annuaire d'associations militant pour l'éducation".
Pour le moment, le site propose encore "quelques exemples d'alibis". Mais un encadré est apparu depuis mardi, avertissant : "Attention : pour expliquer le bien-fondé de notre projet et répondre aux nombreuses questions suscitées, Xkiouze.com donnera une conférence de presse demain à 12h30 à Paris". Selon Nathalie Genieux, la vidéo de présentation du site devrait également être changée dans la journée de mercredi : "A la fin du spot, ce sera écrit quelque chose comme 'redescendez sur terre, vous feriez mieux d'utiliser votre temps avec un professeur'"...
