Aller au contenu principal

Zurich agit pour prévenir les tueries à l’école

Soumis par SAEN le 23 mars 2009

« Le risque est devant notre porte », estime un policier zurichois. Pour y faire face, les forces de l'ordre ont été spécialement formées. La ville est aussi la première de Suisse à se doter d'un système informatique visant à reconnaître des meurtriers potentiels.

Le massacre de Winnenden, en Allemagne, la semaine dernière, où un adolescent a abattu quinze personnes dans un lycée, est encore dans toutes les mémoires. « Les tueries ne sont pas un phénomène américain, constate Rainer Lanker, expert en la matière auprès de la police cantonale zurichoise. Le problème est à notre porte. Nous espérons que celle-ci ne s'ouvre jamais. »

Pour la garder verrouillée, les autorités cantonales et municipales se sont dotées de clés sur mesure. Ainsi, Zurich est la première ville de Suisse - et l'une des seules au monde - à se doter d'un nouveau système informatique visant à reconnaître les meurtriers potentiels.

Source

Dans les semaines à venir, un groupe de 25 experts, composé de psychologues scolaires, de professeurs, de policiers et de fonctionnaires, sera formé à utiliser ce programme, appelé Dyrias. Il a été inventé par Jens Hoffmann, un criminologue allemand que toutes les polices du monde s'arrachent. Conçu avec les données récoltées lors de précédentes tueries, Dyrias sert à reconnaître le profil d'une personne à risque. Son utilisateur doit remplir un formulaire de trente questions, permettant au système de calculer le niveau de danger d'un individu.

Troupes spéciales formées

Dans un premier temps, les experts doivent tester ce programme. Ensuite, il sera remis aux écoles. «Mais il ne s'agira pas de scanner chaque élève, précise, dans la Neue Zürcher Zeitung, Roland Zurkirchen, directeur du Service de prévention de la ville de Zurich. C'est un outil supplémentaire pour prévenir les tueries.»

Dans la même optique, le canton et la ville ont créé, il y a quelque temps déjà, deux troupes spéciales prêtes à intervenir en cas de drame. Le mois dernier, ces policiers ont en plus reçu une formation spéciale de la part de deux experts allemands. L'objectif était de les préparer mentalement à une tuerie.

Car, dans ce cas, il s'agit d'intervenir le plus rapidement possible. Contrairement aux prises d'otages, le dialogue et la négociation ne sont d'aucune utilité. «Le criminel a décidé de tuer le plus de gens possible, il s'agit donc de l'arrêter coûte que coûte, explique Rainer Lanker. Chaque coup de feu signifie en effet la mort d'un être humain.» Un principe dont les professeurs zurichois sont aussi conscients.

Alerter les classes

Pour Roland Zurkirchern, tous savent ce qu'il faut faire quand un élève pète un plomb. Certaines écoles se sont même dotées d'un système interne. En cas de problème, le directeur lance un appel dans les haut-parleurs de l'établissement pour avertir les maîtres. Chacun sait alors qu'il y a danger et prend la mesure adéquate: s'enfermer à double tour dans la classe. En Allemagne, cette même mesure a permis à l'école de Winnenden de sauver plusieurs vies.

En Suisse, tout le monde se souvient de la tuerie de Zoug, en septembre 2001. Un homme était entré dans la salle du Grand Conseil pour fusiller quatorze personnes. Ce drame, aussi sanglant qu'inattendu, avait choqué tout le pays. Depuis, la Suisse est restée épargnée par les tueries.

Genève et Vaud observent la démarche avec intérêt

Les cantons de Genève et de Vaud se sont payé des sueurs froides ces derniers temps.

Un élève est venu avec un fusil d'assaut au collège de Saussure à Genève, lundi. En janvier, un étudiant a semé la panique à la Haute Ecole de santé, à Lausanne, lui aussi avec un fusil d'assaut. De quoi craindre d'éventuels dérapages dans l'avenir Les polices cantonales assurent rester attentives. « Nous gardons toujours à l'exprit cette éventualité, explique Jean-Christophe Sauterel, porte-parole de la police vaudoise. Des événements de ce genre peuvent évidemment aussi se passer chez nous, et nous y sommes préparés. » Les deux cantons n'ont pas mis en place un programme spécifique, comme à Zurich. Mais tous deux travaillent avec les Départements de l'instruction publique « Nous avons établi un protocole d'accord avec le corps enseignant qui nous permettrait d'agir vite, le cas échéant, explique Patrick Puhl, porte-parole de la police genevoise. Les professeurs nous signalent lorsqu'ils repèrent des élèves à risques. » Les deux polices cantonales disent rester attentives au programme mis en place à Zurich. Mais, « pour l'heure, nous jugeons que la situation ne réclame pas de mettre en place un dispositif particulier pour ce genre de phénomènes », nuance Jean-Christophe Sauterel.

Nadine Haltiner, Zurich

« 24 heures »,  19 mars 2008

Mots-clés associés