Ecole — Deux pétitions, qui ont réuni plus de la moitié des enseignants concernés, dénoncent le projet du Département de l’instruction publique. Qui pourrait reporter l’un des ses volets
Par Frédéric Mairy
A la rentrée 2005, l’école secondaire du canton de Neuchâtel devrait présenter un nouveau visage. Devrait, car le projet «Réforme du secondaire 1» vient de se heurter à deux pétitions des enseignants. Qui s’interrogent sur la nécessité de deux de ses trois volets: le regroupement en une voie générale des sections moderne et préprofessionnelle, ainsi que la modification des méthodes d’évaluation. Un mouvement initié hors-syndicats mais trouvant, sur son deuxième objet, un relais du côté du Syndicat des services publics, qui demande un moratoire.
Pas de quoi affoler le Département de l’instruction publique pour autant, qui a rencontré une délégation des pétitionnaires. Lesquels sont nombreux, surtout face à la réforme de l’évaluation: «On est beaucoup plus que la moitié», notent-ils. Chef du Service de renseignement obligatoire, Jean-Claude Marguet n’a pas vérifié chaque signature. Mais il confirme que cela «tourne autour de la moitié» de l’effectif (461 signatures pour les structures, 542 pour l’évaluation). «Les taux sont assez variables d’un centre à l’autre.» Les raisons de signer le sont aussi selon lui:
«Nouspensons qu’il y a eu une dizaine de sources possibles.» Elles vont de «la résistance au changement» à «la crainte d’un enseignement à deux vitesses», en passant par le refus de la suppression des activités complémentaires à option à celui du travail en équipe.
Une palette de positions que résume Daniel Ziegler, président de la section enseignants du SSP: «Ces pétitions signifient moins selon moi une opposition de principe à la réforme que l’expression d’un ras-le-bol généralisé.»
«Pas un bras-de-fer»
Michel Gindrat, l’un des initiateurs du mouvement, précise que ce qui est demandé,
«c’est le retrait de ces deux objets de la réforme» (le troisième, soit la mise en place d’un nouveau plan cadre, n’est pas combattu). «Nous avons adressé nos pétitions au Grand Conseil car le projet nous paraissait mal ficelé. C’était aussi pour nous une façon de voir s’il était encore possible de discuter.»
La rencontre avec le chef du Département de l’instruction publique semble montrer que tel est le cas. Le climat s’est détendu, du coup Michel Gindrat préfère ne pas en rajouter pour l’instant. Si ce n’est en soulignant que les divergences resteraient importantes sur le volet évaluation.
Car en proposant de maintenir les notes, mais avec une autre échelle, et de supprimer les moyennes, le projet est selon l’enseignant d’«une nature fondamentalement différente de ce que l’on connaît». Des réticences constatées également au sein du SSP, d’où la proposition de mettre ce dossier en suspens, qui a rencontré un écho assez favorable auprès de Thierry Béguin (voir ci-dessous).
Pour les pétitionnaires, la balle se trouve désormais dans les pieds du Département de l’instruction publique. Qui en reste, pour l’heure, au calendrier prévu: chaque enseignant recevra un questionnaire à la rentrée et les résultats permettront à' «affiner encore le concept». En attendant cette consultation, Jean-Claude Marguet refuse de parler d’un «bras-de-fer»: «Les changements proposés sont importants et on peut comprendre qu ’il y ait des résistances. Mais nous voulons travailler avec tout le monde pour faire avancer l’école.» /FDM
Source : L'Express/L'Impartial, 24 juin 2004