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Action contrainte et collaboration forcée

Soumis par John Vuillaume le 22 février 2013

L’Europe est en panne de croissance. Sa domination mondiale n’est qu’un lointain souvenir et elle ne parvient plus à exploiter le reste du monde à son profit. La crise de nos finances publiques est à replacer dans ce contexte historique et économique. La tendance est lourde.

Action contrainte

L’habillage idéologique libéral, qui vise à légitimer le creusement des inégalités dans lequel s’opère ce changement, n’est qu’une version modernisée de la loi le la jungle qui a toujours favorisé les plus puissants au détriment des plus faibles.

Bref, l’heure n’est plus aux vaches grasses et aux promesses électorales clientélistes, à l’arrosage étatique généreux et aux progrès sociaux généralisés, également en faveur des détenteurs de charges publiques !

Les marges de manœuvre de celles et ceux qui exercent un pouvoir politique sont restreintes, ce qui rend notre lutte pour nos conditions de travail, et donc pour nos élèves, de plus en plus ardue mais plus que jamais nécessaire.

Collaboration forcée

Le SAEN ne serait-il pas plus fort en continuant de cultiver une posture anti-Gnaegi primaire, qui paie en termes de recrutement de nouveaux membres et qui nous délierait de toute véritable responsabilité dans l’évolution de notre système de formation ?

Le comité cantonal a estimé que le SAEN devait au contraire être partie prenante des changements en cours dans l’école neuchâteloise pour défendre efficacement la profession enseignante dans notre canton, même si nous ne sommes naturellement pas toujours sur la même longueur d’onde que le chef de l’éducation.

Il serait plus facile et moins risqué pour nous de nous contenter de jouer aux bovins de service et de meugler au passage du train. Cependant ce comportement n’a strictement aucune prise sur le train en marche ! Etre installé confortablement dans les wagons non plus. C’est dans la cabine de la locomotive qu’il faut se trouver, aux côtés du mécanicien, si nous voulons avoir la moindre chance d’influencer le train des réformes scolaires.

Le groupe de pilotage HarmoS, présidé par le chef de département et composé de représentants de communes, du canton, des directions d’école, du département et des enseignants, est, dans les faits, le groupe de pilotage de l’école obligatoire neuchâteloise. C’est à l’initiative du SAEN que M. Philippe Gnaegi a accepté d’intégrer les syndicats d’enseignants dans ce groupe de pilotage. Notre participation ne fait pas du syndicat un valet du pouvoir exécutif, mais il faut être conscient de la stricte répartition des rôles. Le Conseiller d’Etat, élu du peuple, consulte, décide et prend les risques. Ses partenaires tentent d’influencer son jugement par le biais de propositions concrètes et d’explications argumentées qui s’appuient sur les groupes d’influence qu’ils représentent. Ce sont les règles du jeu.

Quand nous déclarons, au détour d’un courrier vengeur ou d’une tirade des salles des maîtres, que nos politiciens sont des nuls, ainsi que les associations professionnelles qui travaillent avec eux, parlons-nous vraiment de celles et ceux que nous critiquons ou faisons-nous simplement part de notre état d’esprit du moment ?

Fréquentant le monde politique de l’intérieur depuis une dizaine d’années, je dois constater que le comportement et le travail de nos élus sont généralement et réellement bien meilleurs que ne le laisse transparaître leur couverture médiatique. Le phénomène est le même pour le corps enseignant. Notre image médiatique est rarement à la hauteur de la qualité des prestations dont nous faisons bénéficier nos jeunes et leurs familles. La nature humaine est ainsi faite : lutter contre la tentation d’abaisser les autres pour se sentir soi-même supérieur est un combat de tous les instants qui mérite d’être mené dans la perspective de relations sociales plus franches, plus chaleureuses et plus fraternelles.

Au début de son mandat, M. Philippe Gnaegi s’est trompé lorsqu’il s’en est pris aux enseignants en sous-estimant fortement la capacité de leurs syndicats à les mobiliser, les soutenir et les protéger.

Le SAEN s’est trompé en affirmant qu’après une si mauvaise entame de législature, le chef du DECS (département de l’éducation, de la culture et des sports) n’allait jamais être en mesure d’exercer pleinement ses fonctions. Et BASTA !

John Vuillaume

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