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Ces quatre élèves de 11e Harmos ont ausculté pendant trois ans la réforme scolaire

Soumis par SAEN le 30 juin 2018

Les cahiers sont au feu! Pour Malaïka, Dimitri, Cassandra et Bryan, l'école obligatoire est finie. Ces quatre élèves neuchâtelois vous ont raconté pendant trois ans la nouvelle réforme scolaire. Verdict.

D’août 2015 à ce mois de juin, vous avez pu suivre les aventures scolaires de Cassandra, Bryan, Malaïka et Dimitri, en sept épisodes. Au départ, ils étaient six, un élève par district. La vie n’étant pas toujours un long fleuve tranquille, Sara a quitté Cescole et le canton de Neuchâtel au bout de la 9e Harmos et Gauthier, le hockeyeur du Val-de-Travers, pousse désormais le puck au Lausanne Hockey club, avec un agenda si chargé qu’il n’a pas pu venir.

Cette plongée au long cours de la refonte du cycle 3 (9,10,11e Harmos ) a permis d’ausculter pendant trois ans les changements à hauteur du banc des écoliers. Fin des sections, naissance des niveaux 1 et 2 dans cinq branches principales, cette révolution laisse des traces. Pas qu’en négatif! Voici le dernier chapitre.

Postface: trois ans de tribulations... Mes chers, vous avez séduit bien des lecteurs, moi la première. C’est avec un pincement au cœur qu’on vous lâche. Merci. Croquez la vie à pleines dents.

Des cobayes ou pas?

«Oui, de vrais cobayes!» Le cri est unanime. «Pour ceux qui vont entrer en 9H, j’espère que ce sera plus calme», lâche Malaïka. Dimitri n’hésite pas à parler de «scandale! Ce n’est pas normal de changer tout le système en le modifiant au fur et à mesure.»

On lui argumente que les adaptations étaient les bienvenues quand ça ne fonctionnait pas. Il insiste: «Ça sentait l’improvisation.» Bryan déplore le fait que les infos n’étaient jamais claires ces trois ans. «A une même question, on avait des réponses différentes suivant à quel prof on s’adressait. Ils n’en pouvaient rien car eux-mêmes n’étaient pas bien au courant.»

Tous relèvent que l’information devrait être améliorée à tous les niveaux. «Car après, ça retombe sur les profs et c’est dur pour eux», insiste Bryan. 

Ça fait quoi de terminer l'école?

En gros, ils ne sont pas mécontents. Même s’ils relèvent que ce sera dur de quitter leurs copains, de n’être plus vraiment ensemble. «Ça devenait lassant à la longue. On a envie de passer à autre chose», explique Dimitri. «On ne sera plus les grands au milieu des petits! Je ne réalise pas que c’est fini, que le lycée, c’est demain», raconte Malaïka, qui ajoute: «L’école ne va pas me manquer. On sera plus libre, les profs seront moins sur notre dos. Il faudra se montrer responsable.»

Ce qui fait justement un peu peur à Cassandra. «On nous lâche là au milieu et on ne sait pas trop ce qu’on va faire. C’est bizarre.» «Ouais, vachement bizarre», rebondit Bryan. «Je serai vraiment loin de mes potes, on n’est que deux à aller à Neuch.»

Devoir passer au semestre, est-ce un stress?

Pas surprenant, c’est stressant pour les élèves à la limite et ceux qui font le yoyo entre le niveau 1 et 2. Malaïka et Dimitri soulignent le manque de clarté des circulaires et de la brochure d’info «que personne ne comprend, même pas les profs et les parents», ce qui accroît la tension. «J’en connais un qui n’a su qu’à la dernière note de français qu’il passait. Une autre a tout fait pour aller au lycée. Elle a ses notes, des 2, mais c’est non. Ses parents feront opposition. En attendant, elle ira en préap’», raconte Dimitri.

Pendant ces trois ans, Bryan avouait une certaine tension liée au passage, réussi dans certaines branches, au niveau 2. Au final, il juge que, côté stress, ça allait. «Un pote ne passait pas car il avait trois branches insuffisantes. Il était du coup content de refaire l’année car il ne sait pas quoi entreprendre. Au final, quand il a vu qu’il réussissait tout de même, il s’est forcé à redoubler. C’est fou non?» Malaïka se demande aussi comment ira le lycée pour les élèves qui n’ont pas été en niveau 2 dans deux branches.

Les casiers, fausse bonne idée?

Comme les élèves changent souvent de classes au cours de la journée, des casiers pour leurs affaires ont été installés dans la plupart des collèges. Les utilisent-ils? Tous les quatre répondent que oui. A un bémol près de Dimitri: «Aux Terreaux à Neuchâtel, ils sont au dernier étage. Tous ceux qui sont en haut les emploient, les autres non. Ça prend trop de temps de monter et descendre aux récrés.»

Les affaires sont donc retournées dans les pupitres. Les oublis de clefs? Visiblement les profs ou les concierges ont des doubles. Mais gare à trop d’oublis, il y a sanction à la clef!

Lycée ou apprentissage?

Cassandra rêve d’être fleuriste. «Je n’ai pas trouvé de place d’apprentissage. J’ai pourtant fait des stages et postulé dans au moins 20 endroits. J’ai aussi été voir dans l’horlogerie et chez un vétérinaire.» Elle s’est donc rabattue sur le lycée Jean-Piaget (JP), à Neuchâtel, en matu pro commerciale qu’elle compte bien terminer, «car ça peut servir».

Bryan, lui, a hésité avec une formation de laborantin.«J’ai fait des tests puis abandonné l’idée et je me suis inscrit au JP filière santé après la séance d’info. J’ai même pas vu qu’il y avait l’Ester dans le Haut! Ça ne me gêne pas de faire 40 minutes de train depuis Le Locle.» Pour Malaïka et Dimitri, la voie était tracée vers le lycée académique. 

Témoigner, chouette expérience?

«On m’a pas mal allumée», rigole Malaïka. Et de raconter que depuis qu’elle a dit que sa prof d’allemand était sévère, mais que c’était bien, «elle arrive toujours en classe en disant qu’elle est la prof la plus sévère du collège! Auf Deutsch!»

A part des «on t’a vu dans le journal», Dimitri n’a pas souffert de son exposition médiatique. Tout comme Cassandra: «Mes profs me disent que c’est cool que j’aie participé.» «Moi, j’ai reçu les félicitations du sous-directeur!», lance Bryan. «Mais j’ai aussi dû lui préciser ma pensée quand j’ai dit qu’un prof était cool. Il voulait savoir s’il n’était pas trop cool!» Non, tout va bien.

par Sophie Winteler

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