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Collège des Parcs: aussi vite que possible!

Soumis par Myriam Facchinetti le 21 mai 2021
Cour nord du collège des Parcs

Les conditions de travail des enseignant·es du Collège des Parcs à Neuchâtel sont inacceptables. Le SAEN met tout en œuvre pour que les rénovations promises depuis presque une décennie puissent démarrer à coup sûr en juillet 2022.

Un investissement ambitieux

Entre 1890 et 1914, on a édifié dans le canton de Neuchâtel cinquante-trois bâtiments scolaires, soit plus de deux par année en moyenne. Parmi eux, le collège des Parcs, novateur pour son époque, est un témoin de la richesse passée du canton. Avec près de 886 élèves réparti·es dans 22 classes au mois d’avril 19141, il démontre que l’ambition de la ville de faire de l’éducation la force principale d’un canton visionnaire ne connaissait pas de limite.

Un jeudi ordinaire au collège des Parcs…

Jeudi, sept heures du matin. La température devrait être acceptable, contrairement au lundi où, le temps que le chauffage se mette en route après un week-end de repos, il faut prévoir une ou deux couches supplémentaires.

Espoir

Entre les 23 et 25 mai 2014, le Collège des Parcs fête ses 100 ans en grande pompe. La mise en place de l’évènement mobilise toute l’énergie et la détermination du comité d’organisation, des enseignant·es et des élèves pendant près d’une année. Le succès est intégral: un blog2 est créé et permet les retrouvailles de dizaines d’ancien·nes élèves; l’association de quartier et les parents participent en masse; les autorités communales et cantonales soutiennent l’évènement et promettent évidemment des rénovations indispensables. Le vénérable bâtiment devrait rapidement retrouver les splendeurs du temps de sa construction. L’espoir est presque palpable.

Quelqu’un frappe à la porte. C’est l’enseignante d’activités créatrices sur textile qui m’informe que la porte de sa salle de classe refuse définitivement de s’ouvrir. Elle se rendra donc à la place de jeu pour cette matinée.

Lente agonie et impuissance

Sept ans et trois conseillères communales plus tard, force est de constater que rien n’a été fait. Les usagèr·es du Collège des Parcs assistent impuissant·es à la lente agonie de leur collège. À chaque jour, son lot de mauvaises surprises, des pannes d’électricité ou de chauffage, à la condamnation de sanitaires risquant de s’effondrer sur ses utilisateur·rices. Les frais pour remplacer le mobilier datant des années 50 sont trop importants pour être rajoutés aux dépenses nécessaires à la sécurisation indispensable du bâtiment. Depuis 2014, les délégué·es du collège n’ont eu de cesse d’avertir la ville de l’insalubrité et de la dangerosité de ce bâtiment en perdition. En vain: chaque année, un nouvel inventaire des travaux urgents est effectué et chaque année, on les repousse, sous prétexte de rénovations imminentes.

Il me reste quinze minutes avant l’arrivée des élèves. Je décide donc de m’atteler au démontage du seuil de la porte d’entrée dont deux vis sont arrachées, ce qui risque de blesser mes élèves. N’y arrivant pas, je me mets à la quête du concierge que je trouve sur son téléphone portable, essayant de dépanner une collègue qui n’arrive pas à ouvrir la porte de sa salle de classe. Puis il file réparer le bureau qui se démonte dans la classe d’un collègue.

Le chantier du siècle

Un projet pour le bâtiment attenant (actuelle salle de gymnastique) et pour la construction de salles de gym souterraines (sous la cour sud) a été validé en 2019, mais toujours rien pour le bâtiment principal. La ville de Neuchâtel a pourtant rapidement construit un bâtiment de transition à Beauregard, afin d’accueillir élèves et enseignant·es du cycle 2, le temps des travaux. Le projet d’auberge de jeunesse dans les locaux de l’ancien collège des Sablons (à 500 mètres du collège des Parcs) est gelé, afin de pouvoir loger élèves et enseignant·es du cycle 1 et ainsi préserver les plus jeunes de déplacements importants. Tout est donc prêt. Mais aujourd’hui, ces deux bâtiments, dont l’entretien sera couteux, sont désespérément vides, à cause de la dernière excuse en date: la COVID.

Dans les sanitaires de l’étage au-dessous (les nôtres, désaffectés, servent uniquement de réduit), deux cabines sont condamnées, car le muret de séparation risque de s’effondrer. Après la récréation, quelques filles m’annoncent qu’un autre muret est fendu de haut en bas.

Révoltant

Les enseignant·es sont las·ses, épuisé·es de ne pouvoir garantir un enseignement de qualité, à la hauteur de la technologie numérique avalisée par le canton en juin 2020. Le bâtiment, qui abrite un joyau répondant au doux nom de «projet PRIMA», est un écrin indigne de la pédagogie bilingue au XXIe siècle. Bien conscient que le chantier du siècle peut effrayer plus d’un·e conseiller·ère communal·e, le corps enseignant croise les doigts pour que Madame Baur soit celle qui tranchera de ses ciseaux dorés le ruban d’inauguration du nouveau Collège des Parcs avant la fin de l’été 2024!

1 Feuille d’Avis de Neuchâtel, p.9, 11 avril 1914

Publié le
ven 21/05/2021 - 00:02
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