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Davantage d'argent sera versé pour soutenir l'engagement d'apprentis

Soumis par SAEN le 25 août 2015

Les entreprises formatrices seront plus soutenues financièrement.

Les entreprises neuchâteloises qui engagent des apprentis seront encore plus soutenues financièrement. Elles le seront grâce à une hausse de leur propre contribution à un fonds cantonal, mais aussi grâce aux millions de francs que le Conseil d'Etat se propose de verser pour soutenir toute une série de mesures destinées à dynamiser un processus qui a montré ses limites.

Hier à l'issue de la conférence de presse donnée au Centre professionnel des métiers du bâtiment, à Colombier. De droite à gauche: Laurent Feuz, chef du Service cantonal des formations postobligatoires, Jean-Claude Baudoin, président de l'Union neuchâteloise des arts et métiers, et enfin Catherine Laubscher, secrétaire régionale d'Unia Neuchâtel, regardent si la conseillère d'Etat Monika Maire-Hefti a bien suivi les conseils de Laureline Köck, apprentie peintre en bâtiments de 3e année. DAVID MARCHON

Cette contribution exceptionnelle de l'Etat de Neuchâtel, ainsi que la modification d'une loi cantonale relative à la formation professionnelle, ont été présentées hier lors d'une conférence de presse à Colombier. Toutes deux doivent obtenir l'aval du Grand Conseil pour devenir réalité.

Constat d'un tassement

Le processus évoqué, c'est le plan d'actions lancé en 2011 pour faire en sorte que davantage de jeunes choisissent la formation professionnelle, par opposition à la formation académique que dispensent les lycées. Les actions menées devaient également déboucher sur une augmentation du nombre de places d'apprentissage, et donc de la formation duale, soit la formation en entreprise plutôt que dans une école professionnelle à plein temps.

Mais voilà: après une hausse du nombre de places entre 2011 et 2013, "nous avons assisté à un tassement, pour ne pas parler d'un risque de baisse" , déplore Laurent Feuz, chef du Service cantonal des formations postobligatoires.

Filières techniques

Que faire de plus ou de mieux? Réponse: soutenir davantage les entreprises dans le domaine le plus important de l'activité économique, soit les dépenses et les recettes. "Engager un apprenti, c'est une démarche profitable à tous" , rappelle la conseillère d'Etat Monika Maire-Hefti. "Mais dans certaines filières, les filières techniques en particulier, un apprenti coûte plus qu'il ne rapporte durant les deux premières années de formation (réd: sur quatre le plus souvent). Les mesures prévues sont destinées à pallier en partie cette réalité." Les filières techniques touchent l'essentiel du tissu industriel neuchâtelois: microtechnique, électronique, horlogerie, machines, etc.

En plus de la problématique financière, les employeurs doivent faire face à une autre difficulté: "De plus en plus d'apprentis connaissent des problèmes sur le plan scolaire, ou alors des problèmes dans leur vie en général" , indique la ministre de l'Education. "Mais les entreprises ne disposent généralement pas des moyens leur permettant de soutenir leur apprenti, et du même coup d'éviter l'échec que constitue une rupture de contrat."

Des moyens qui, eux aussi, ont un coût. D'où les nouvelles mesures concoctées de manière conjointe par les représentants des employeurs et des syndicats, ainsi que l'Etat de Neuchâtel.

La différence romande

La première consiste à augmenter la contribution des entreprises au fonds cantonal pour la formation et le perfectionnement professionnel. A partir du 1er janvier 2016, le taux de contribution passera de 0,056% à 0,087% de la masse salariale. Du coup, le budget annuel du fonds passera de 3,7 millions actuellement à 5,7 millions l'année prochaine. "Les employeurs considèrent que c'est une bonne mesure, car elle permet de corriger un problème que l'on ne connaît pas de l'autre côté de la Suisse" , commente Jean-Claude Baudoin, président de l'Union neuchâteloise des arts et métiers (Unam).

Explication de texte: en Suisse alémanique, où l'image de l'apprentissage est bien plus positive, la part de la formation duale (au sein de la formation professionnelle) s'élève à 90, 95, voire 100%! "Dans le canton de Schaffhouse, par exemple, il y a 0% d'apprentis formés dans une école professionnelle à plein temps" , relève Monika Maire-Hefti. A Neuchâtel, on ne compte que 65% d'élèves en formation professionnelle duale.

Dans ce dossier où les divers partenaires tentent autant que possible de tirer à la même corde, l'Etat passera lui aussi à la caisse: il le fera sous la forme d'une contribution - unique - de 6,5 millions, montant qui sera réparti entre 2016 et 2020. Il faut dire que plus la formation duale se développe, plus le canton fait des économies, puisque ses dépenses dans le domaine des écoles professionnelles diminuent...

LES PRINCIPALES MESURES

Le représentant des employeurs d'un côté, celle des employés de l'autre. Ils ont pour noms Jean-Claude Baudoin, président de l'Union neuchâteloise des arts et métiers (Unam), et Catherine Laubscher, secrétaire régionale d'Unia Neuchâtel. Présents lors de la conférence de presse d'hier, tous deux membres du conseil de direction du Fonds cantonal pour la formation et le perfectionnement professionnel, ils ont présenté les principales mesures financières destinées à mieux soutenir les entreprises formatrices .

Centres d'apprentissage: créer un centre de formation spécifique à une filière, soit au sein d'une entreprise, soit entre plusieurs entreprises, ça coûte vite beaucoup d'argent. La création de tels centres sera soutenue financièrement.

Cours interentreprises: pour les entreprises, il existe une inégalité historique entre les apprentis formés dans une école professionnelle neuchâteloise et ceux qui doivent suivre des cours dans un autre canton. Dans ce cas, les écolages sont pris en charge par le fonds cantonal. De même, les frais de matériel pour les examens finaux seront subventionnés à 100%.

Coordinateur de formation: cette mesure consiste à financer le ou les poste(s) de personnes qui auront pour tâches de faire le lien entre les entreprises hautement spécialisées et de voir comment elles peuvent collaborer dans le domaine de la formation.

Apprentis en difficultés: les entreprises ne disposent généralement pas des ressources humaines pour venir en aide à un apprenti qui connaît des difficultés scolaires, sociales ou comportementales. Une aide financière leur permettra de compenser en partie ce manque dans ce genre de situations. Cette mesure vise donc à sauver un contrat d'apprentissage et non à en créer un nouveau.

Soutenir des mesures déjà existantes: d'une manière plus générale, les moyens supplémentaires mis à disposition du fonds cantonal de formation professionnelle seront utilisés pour soutenir des mesures déjà mises en place pour favoriser la création de nouvelles places d'apprentissage, ou pour pérenniser des structures existantes.

Le mot de la fin à Catherine Laubscher: " Pour ce qui est des filières techniques, les mesures proposées visent à accroître la main-d'oeuvre qualifiée dans le secteur industriel, où les entreprises puisent souvent de l'autre côté de la frontière."

Par PASCAL HOFER

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