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Et tout le monde s’en fout…

Soumis par Pierre Graber le 23 février 2018

Le comité du SAEN a publié un dossier traitant des nouvelles structures de l’école obligatoire (régionalisation) et de leur coût. Le moins qu’on puisse dire est que le monde politique ferme les yeux et se bouche les oreilles pour ne pas avoir à s’interroger quant à la nature du dérapage financier.

NE_1990_2015_dep_totales_enseignants_Edu_800.jpgLe dossier de L’Educateur a été transmis à la presse régionale et romande ; pour assouvir la curiosité des journalistes, des informations supplémentaires leur ont été transmises, qui n’avaient pas trouvé de place dans la revue. La rédaction d’Arcinfo devait être absorbée par le lancement du titre fusionné et le sujet n’a pas été considéré assez visuel pour Canal Alpha. Quant à la RTS, elle avait probablement aussi la tête ailleurs ; d’ailleurs, quand on parvient à capter son attention, on nous pose d’emblée une question qui orientera le traitement réservé à l’information : « Y a-t-il un risque que cela débouche sur une grève ? » ; hors de ce cas de figure, pas de salut !

Deux journalistes de médias différents1 ont fait honneur à leur profession. Même s’ils ont manqué de temps pour assimiler l’ensemble de la documentation, ces deux personnes ont pris contact avec le soussigné et consacré plus d’une demi-heure, voire près du double à se faire expliquer les finesses du dossier, posant au passage des questions pointues, témoignant de leur capacité d’analyse. Face à un dossier à charge pour les autorités, tous deux ont donné la parole à la cheffe du département, qui ne pouvait cependant pas dire grand-chose, car l’origine du dérapage est vraisemblablement à chercher du côté des cercles et, donc, des communes.

Heureux hasard du calendrier, le dossier du SAEN a été publié quelques jours seulement avant que la commission École obligatoire du Grand Conseil s’empare du rapport du Conseil d’État au postulat déposé au printemps 2014 par Andreas Jurt et une cohorte de députés de tous bords.

Circulez ! Y a rien à voir !

Le titre du postulat est déjà tout un programme : « Ecole obligatoire : Moins d’état-major de directions d’écoles, moins de paperasse et davantage de focus à l’enseignement. »

Très rapidement, le SEO a préparé la réponse qui a été mise en consultation parmi les milieux concernés en été 2016. À peu de choses près, cela constitue le rapport2 étudié par la Commission École obligatoire.

Ce gros document de 50 pages a été mis en balance avec le dossier du SAEN… et celui-ci n’a pas fait le poids. Quelle surprise ! Il semble d’ailleurs douteux que le parlement se montre plus critique en plénière. C’est que, voyez-vous, les nouvelles structures ont été plébiscitées par le Grand Conseil en 2011 et que passablement de députés encore présents ne veulent pas se déjuger !

Près de 50 millions !

L’école obligatoire coûte près de 50 Mio de plus en 2015 qu’en 2011 et on n’a peut-être pas encore atteint le point culminant. Les innovations pédagogiques et les salaires des enseignants n’y sont pour presque rien3… Dans un système cantonalisé, comme c’est le cas ailleurs, on en connaît qui crieraient au scandale. Pas chez nous, car les politiciens ont créé une machine à pilotage et responsabilité hybrides. Le dérapage financier n’est pas dû prioritairement au canton, dont le Grand Conseil supervise la gestion. Dans ses réponses à la presse, Mme Maire-Hefti ne dit rien d’autre. Certes, on ne s’explique pas l’explosion des coûts dans les régions. Mais, comme c’est réparti dans plus d’une trentaine de communes, personne n’a de vision globale et on est prié de se satisfaire de la situation… Alors, au bout du compte, on économise des bouts de chandelle en péjorant gravement les conditions de travail et le citoyen-contribuable passe à la caisse !

1 La radio régionale RTN et le quotidien Le Courrier.
2 On peut le trouver sur le site du SAEN, rubrique Dossiers
3 Moins de 20 %, certes tout étant relatif, ça fait près de 10 Mio, mais il en reste 40...