Aller au contenu principal

Tu reprendras bien un peu de régionalisation ?

Soumis par Myriam Facchinetti le 19 novembre 2021
(pixabay)

L'heure est grave : l’année scolaire est jalonnée d’événements, de décisions et autres mesures propres à chaque centre scolaire, favorisant certain·es, prétéritant les autres. Il est loin le temps où les décisions au sujet de l’école étaient prises pour l’ensemble du corps enseignant et où les disparités entre communes étaient mineures. Il est loin également le temps où le syndicat pouvait se battre pour effacer les différences, sans y perdre son latin. Petit tour d’horizon, avec des exemples anonymisés mais bien réels.

À l’heure d’écrire ces lignes, l’assemblée des délégué∙es a pris la décision de mettre en votation ( lors de l’assemblée générale du 3 novembre 2021 ) une résolution visant à ramener un peu de sérénité au sein du corps enseignant. Cette résolution, qui sera le phare des combats de toute l’année à venir, se base sur le principe d’inadéquation de la régionalisation. Sans vouloir revenir sur la définition de la régionalisation depuis la création des différents centres et cercles scolaires, il est indéniable que les enseignant∙es neuchâtelois∙es et leurs élèves ne sont pas tous∙tes logé∙es à la même enseigne.

Nous avons choisi d’ouvrir les yeux de nos syndiqué∙es à travers quelques exemples triés et vérifiés.

Soutien scolaire

Manon* enseigne le soutien pédagogique dans un grand collège. Dans son centre, le soutien a été repensé : elle est la responsable de l’équipe de soutien et distille celui-ci en fonction des demandes des enseignant∙es, des besoins des cycles et des disponibilités du personnel à disposition. La formule fonctionne très bien : des dizaines d’enfants bénéficient d’un bon suivi, les enseignant∙es sont épaulé∙es dans leur mission.

Manon est pensive : son enfant, scolarisé dans un autre centre que celui où elle travaille, est dyslexique. Chaque année, elle doit « remettre l’ouvrage sur le métier », rencontrer le∙la nouvel∙le enseignant∙e et redemander du soutien, justifier à nouveau les mesures BEP qui n’ont pas été transmises par la direction à la nouvelle équipe pédagogique de son enfant. Elle aimerait tant que les bonnes pratiques de son centre puissent être diffusées dans tout le canton.

Équipement technologique

Laurent* est généraliste dans une classe de 7e année. Il enseigne depuis 10 ans et est passionné de nouvelles technologies. Il peut passer des heures à chercher comment faire passer ses leçons de manière interactive, à créer des ateliers pour pouvoir différencier son enseignement en fonction des compétences de ses élèves. Sa classe est très mal équipée : absence de projecteur et de tableau blanc, ordinateurs qui vieillissent, rien ne permet l’utilisation facilitée de la technologie pour amorcer une notion ou faire des mises en commun efficaces.

Laurent est envieux : son amie de longue date, enseignante elle aussi mais dans un autre centre scolaire, a reçu dernièrement un écran géant tactile, qui fait office de tableau. Cet outil lui facilite grandement la vie et celle de ses élèves. Quand Laurent lui demande ce qu’elle a dû faire pour l’obtenir, elle hausse les épaules et répond que son directeur voulait innover et cherchait des enseignant∙es motivé∙es pour tester ce nouvel appareil.

Gestion des ressources humaines

Francesca*, enseignante à 30 % dans une classe de 1-2, a peur : depuis quelques années, plusieurs collègues de son centre ont été inquiété∙es par des parents d’élèves très remontés. À chaque fois, c’est le même scénario : les parents se plaignent auprès de la direction et celle-ci sermonne les enseignant∙es en prenant la défense des parents. Souvent, ses collègues ont baissé les bras, épuisé∙es d’être ainsi mené∙es à la limite de leurs forces, sans pouvoir compter sur l’aide leur direction.

Francesca pense que cela pourrait aussi lui arriver, car cette année est assez difficile et les parents ne la lâchent pas. Elle a peur du faux pas. Elle a déjà tenté de postuler dans le même centre que son amie Rebecca* dont la direction a toujours mis tout en œuvre pour défendre et aider les enseignant∙es à se relever de fausses accusations, partant du principe que l’enseignant∙e incriminé∙e est humain∙e et parfois vulnérable, et que son rôle est de l’épauler, en toute circonstance.

Ces quelques exemples, tirés d’une liste non exhaustive, ne sont que la pointe de l’iceberg. Chacun∙e de nous – tout comme chacun∙e des élèves de notre petit canton - devrait avoir les mêmes droits et les mêmes possibilités dans l’accomplissement de son enseignement. Mais pour l’instant, ce n’est absolument pas le cas. Et il est temps que cela change.

* Prénoms fictifs


Voir aussi la Résolution pour un meilleur équilibre des responsabilités scolaires

Publié le
ven 19/11/2021 - 00:03