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Féminisme ou pruderie ?

Soumis par Brigitte Hofmann le 25 septembre 2020
Photo Christian Lendl (Vienna Tourist Board)

Dans le métro londonien, des affiches du peintre Egon Schiele ont été censurées. Cologne et Hambourg ont également refusé cette publicité jugée choquante. Le problème ? Trop de nudité féminine. Le syndicat neuchâtelois se penche sur cette problématique.

En tant que féministe convaincue et militante, ces décisions, souvent mises en lien avec la cause de la femme, me laissent sans voix. Le corps d’une femme ne peut-il donc être montré, sous forme artistique, sans l’assimiler à une forme de pornographie ou de dévalorisation de la femme ? Les FEMEN, militantes féministes engagées, utilisent pourtant leur corps nu pour afficher leurs slogans. Mais ce mouvement se veut athée, voire antireligieux, accusant la laïcité « d’accepter l’inacceptable ».

Cette censure de la nudité féminine ne viendrait-elle pas de la religion justement ? Le mouvement de la libération des femmes (MLF) est né de l’élan hippie de la révolution de 68. À l’époque, il conduit à une liberté sexuelle nouvelle qui donnait le pouvoir aux femmes de disposer librement de leur corps. Les médias de l’époque ont copieusement relayé cette tendance. Force est de constater que la pudibonderie a fait son retour, au fil des décennies.

Les dérives de la publicité, étalant dans les magazines des mannequins (féminins ou masculins) poussé·es à l’anorexie, sont hautement condamnables. Mais à mes yeux, elles relèvent plus spécifiquement du culte de la perfection de plus en plus présent dans notre société. Il est grand temps de faire la différence entre cette nudité à connotation sexuelle et la nudité naturelle, qu’elle soit féminine ou masculine. Si la première, néfaste pour l’estime de soi car mise à rude épreuve devant l’idéal véhiculé par les médias, doit être condamnée, la seconde, relayée par des artistes depuis des millénaires, ne doit pas être la victime d’une frange grandissante de la population influencée par des mouvements religieux radicalisés.

Je salue l’effort de certains musées qui, à l’instar du Tate Modern de Londres, étoffent leurs expositions avec des œuvres d’artistes féminines et des ouvrages montrant la nudité masculine, s’ouvrant à la beauté du corps humain, sans limite d’âge ou de perfection.

Pour permettre à chacun·e de mieux identifier l’influence des genres dans la société actuelle, et former les élèves, futur·es citoyen·nes de notre pays, à un monde plus égalitaire, le SAEN consacrera une partie de sa journée syndicale à cette thématique, le 4 novembre prochain, à Cernier.

Publié le
Jeu 24/09/2020 - 22:10
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