Aller au contenu principal

Fonctionnaires neuchâtelois par centaines dans la rue

Soumis par Stefan Lauper le 13 novembre 2009

A l'appel du Syndicat des services publics, plusieurs centaines de personnes ont défilé hier en début de soirée dans les rues de Neuchâtel. Elles dénoncent les coupes prévues dans le budget 2010 par le Conseil d'Etat. «Stop au démantèlement du social et des services publics», proclamait une banderole déployée en tête de cortège.

La célèbre chanson «Petit papa Noël» compte une nouvelle version. Il y est question d'un Gnaegi qui «ne doit pas oublier nos revendications» et d'un Studer qui, lui, «doit maintenir les prestations».

Adressées aux deux conseillers d'Etat et à leurs collègues du gouvernement neuchâtelois, ces revendications sont celles des membres de la fonction publique qui, hier en début de soirée, ont défilé dans les rues de Neuchâtel. Composé d'une majorité d'enseignants, le cortège a réuni «plus de 2000 personnes» selon les responsables syndicaux, 700 selon les pointages de la police.

Objectif de la manifestation: faire pression sur le Conseil d'Etat qui, dans son projet de budget 2010, «prévoit des coupes massives dans le secteur public et parapublic». «Koupon dant la fôrmassion!», ironisait une banderole.

«Si je prends part à ce défilé, c'est pour défendre une école de qualité et qui donne un maximum de chances de réussite aux élèves. Le seul capital de notre canton, c'est la formation!», expliquait Yves Tissot, de La Chaux-de-Fonds, où il exerce en tant que professeur à l'école secondaire. «Et puis, je défends aussi nos conditions de travail, surtout celles des jeunes enseignants. Avec les mesures annoncées, un prof perdra 80 000 francs sur l'ensemble de sa carrière. Ça fait douze ans qu'on nous mène en bateau. On en a marre!»

Non loin de là, Anne Chollet, de La Chaux-de-Fonds également, institutrice à Savagnier, indiquait: «Il ne va pas de soi de manifester. Nous savons que beaucoup de gens souffrent en raison de la crise économique. Mais c'est la deuxième fois qu'on veut me supprimer ce à quoi j'ai droit. Et puis la suite, ça sera quoi? Alors que notre métier est de plus en plus difficile, je me sens abandonnée par l'Etat.»

Une infirmière à domicile, active dans le bas du canton, a accepté de témoigner, mais anonymement: «Sinon, ça va se retourner contre moi. Beaucoup de collègues ne sont pas là ce soir car ils ont peur des pressions. La direction de Nomad (réd: «Neuchâtel organise le maintien à domicile», un établissement cantonal) fait pression sur le personnel depuis deux ans. Surtout sur le bas de l'échelle, les aides familiales. Des infirmières ont été licenciées... Résultat: une diminution de la motivation et une baisse de la qualité. Les patients, souvent des personnes âgées, s'en rendent bien compte et s'en plaignent. C'est de pire en pire.»

Organisée à l'appel du Syndicat des services publics (SSP), la manifestation d'hier n'a pas réuni l'ensemble de la fonction publique. La Société des magistrats, fonctionnaires et employés de l'Etat de Neuchâtel n'avait pas invité ses membres à manifester dans la rue, «par solidarité avec les difficultés rencontrées par une partie importante de la population neuchâteloise». /PHO

L'économie prévue sur les salaires

Blocage de la progression salariale Dans son rapport au Grand Conseil, le Conseil d'Etat indique, à propos du budget 2010, que les mesures salariales principales consistent: à bloquer la progression salariale (parmi laquelle les échelons automatiques); à maintenir la retenue obligatoire sur les traitements; enfin à indexer les traitements à l'évolution de l'indice des prix à la consommation (IPC). Selon le gouvernement, le personnel de l'Etat ne subira pas de perte de pouvoir d'achat.

Une économie de 15 millions Les mesures salariales projetées permettront à l'Etat d'économiser un total de 15,2 millions de francs. Tous postes confondus, le budget 2010 de l'Etat de Neuchâtel présente un déficit de 34,3 millions de francs. Les comptes 2009, quant à eux, selon la dernière projection en date, seraient déficitaires de 69 millions, soit 39 millions de plus que le déficit prévu au budget. /pho

Lui aussi en colère, un «spectateur» s'en prend aux manifestants

Neuchâtel, rue de l'Hôpital, 18h10. Au premier étage d'un immeuble, une fenêtre s'ouvre au passage du cortège. Un avocat de la place apparaît et se met à crier: «Lamentable! Vous feriez mieux de travailler! Les fonctionnaires ruinent le pays! La moitié des fonctionnaires: loin!» Inutile de préciser que l'intervenant a été copieusement sifflé. Ce qui ne l'a pas empêché, après avoir fermé sa fenêtre, de la rouvrir quelques secondes plus tard pour remettre ça... /pho

VIDÉO

Les fonctionnaires neuchâtelois sont mécontents. Ils l'ont fait savoir jeudi en  d'après-midi dans les rues de Neuchâtel. Explications du co-président du SSP région Neuchâtel Paul Jambé.

Canal Alpha | Andrea Schmid | Clémence Antille

Source

Mots-clés associés