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Inquiétudes pour l’école neuchâteloise

Soumis par John Vuillaume le 22 février 2013

La restructuration de l’Etat neuchâtelois, avec à la clé une modernisation du canton qui passe notamment par le renforcement de synergies dans l’espace BEJUNE (sécurité, éducation, santé, etc.), n’est pas encore achevée. Le secteur de la formation, qui ne bénéficie pas de puissants appuis politiques, risque encore de subir des coupes claires si les enseignants et les parents d’élèves ne font pas bloc pour s’opposer à la poursuite d’économies qui péjorent sensiblement les conditions de l’exercice de la profession enseignante.

Une majorité du Conseil d’Etat, derrière Mme Gisèle Ory, a décidé pour des raisons politiques (ménager le Haut du canton) et politiciennes (assurer sa réélection) de suspendre les efforts de rationalisation du système hospitalier neuchâtelois, avec comme conséquences le maintien de surcoûts en matière de politique sanitaire, sans aucune amélioration économique ou médicale pour les assurés et citoyens neuchâtelois. Les économies qui ne seront pas réalisées dans le domaine de la santé se feront-elles en partie dans celui de la formation, là où les coupes budgétaires et les restructurations diverses font moins de vagues, car elles paraissent sans conséquences à court terme, n’hypothéquant «que» l’avenir de notre jeunesse?

1) M. Philippe Gnaegi, le champion des économies

M. Philippe Gnaegi a-t-il apporté son soutien à Mme Gisèle Ory dans la poursuite d’une politique hospitalière trop dispendieuse pour notre canton? Si c’est le cas, les enseignants du canton ont du souci à se faire. En effet, la seule promesse que le chef du département de l’éducation a tenue depuis son arrivée au pouvoir est la poursuite inexorable d’économies dans l’école neuchâteloise, notamment dans le post-obligatoire. Comme les déficits du canton sont toujours à l’ordre du jour et qu’il ne faut pas s’attendre à ce que le monde politique prenne le taureau par les cornes en matière de politique hospitalière, les autres secteurs de la Fonction publique ne devraient-ils pas s’attendre pas à morfler de nouveau, instruction publique en tête?

2) Les réformes en cours dans l’école neuchâteloise

M. Philippe Gnaegi a succédé à un trou noir, Mme Sylvie Perrinjaquet, invitée il y a peu et de manière tout à fait justifiée par le corps électoral neuchâtelois à quitter la politique active. Son bilan à la tête de l’école neuchâteloise fut au-dessous de tout, et son successeur ne pouvait que bénéficier de la comparaison. Quand il s’agit d’économiser, M. Philippe Gnaegi ne consulte pas les syndicats d’enseignants. Mais, contrairement à sa devancière, il travaille dur, dirige son département et peut compter sur de solides majorités au Grand Conseil, ce qui ne facilite pas la tâche des défenseurs de l’école neuchâteloise. La plupart des réformes entreprises et menées durant la législature répond à une volonté d’économiser dans la formation. Dans ces conditions, réforme ne signifie donc pas nécessairement amélioration. Faire mieux avec moins relève de la croyance idéologique, pas de l’ambition politique. Faire mieux avec les mêmes moyens confine souvent à la gageure: réformer le système des filières du secondaire I sans adjonction d’argent supplémentaire n’est peut-être tout simplement pas réaliste.

3) Et les perspectives d’avenir?

Seul un redressement des finances de notre canton permettra de redonner des couleurs à notre école, notamment une amélioration des salaires enseignants dans les deux premiers cycles HarmoS. Le destin de notre chef Philippe Gnaegi avec qui le dialogue, exigeant mais nécessaire, a été rétabli n’est quant à lui pas encore connu. Si sa réélection semble assurée – on ne voit pas pourquoi l’électorat de droite ne lui renouvellerait pas sa confiance –, deux cas de figures nourrissent les inquiétudes des enseignants neuchâtelois. Le premier est le départ de M. Philippe Gnaegi du département de l’éducation pour celui de l’économie, ce qui lui éviterait d’assumer dans la durée les conséquences des mesures d’économies qu’il a décidées. Le second est qu’il débute son second mandat à la tête du département de l’éducation comme le premier, avec de brutales mesures d’économies prises sans concertation, avec le risque réel d’allumer une sorte de guerre scolaire que pourtant personne, M. Philippe Gnaegi en premier lieu, n’appelle de ses vœux.

John Vuillaume

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