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Je transpire, tu transpires, nous transpirons

Soumis par Brigitte Hofmann le 21 septembre 2018
soleil

Mardi après-midi dans une salle de classe d’un vénérable bâtiment scolaire avec une vue magnifique sur le lac. C’est la rentrée, il fait un temps splendide. La petite Diane soupire : « J’ai trop chaud maitresse ! » Un coup d’œil sur le thermomètre confirme : 31 degrés et la journée ne vient que de commencer. Des souvenirs d’enfants remontent : à Zürich, où j’ai passé mon enfance, on nous renvoyait à la maison au-delà d’une certaine température. On appelait ça « Hitzeferien », des vacances de chaleur. Inimaginable aujourd’hui ! Les parents doivent pouvoir compter sur l’école pour la prise en charge de leur enfant pendant qu’ils travaillent.

Depuis les années 70, le monde du travail a bien changé, les femmes ont repris le chemin du travail. D’un côté, c’est tant mieux si la situation de la femme évolue vers un plus grand équilibre des tâches au sein d’une famille. Mais ce retour au travail des femmes n’a pas eu pour effet un retour au foyer des pères. Les entreprises profitent pleinement de cette main-d’œuvre féminine qui a augmenté de façon spectaculaire. Et elles sont peu nombreuses à donner le change.

La société laisse la prise en charge des enfants dont les deux parents travaillent aux familles, qui se tournent en dernier secours vers l’école faute d’autre solution. Ainsi, on a vu s’installer l’horaire bloc avec toute sa rigidité. L’horaire des tout petits s’est considérablement alourdi. Fini le travail en demi-classe, le REX remplaçant la petite classe se fait dorénavant en effectif complet. Ces dernières années, les possibilités de travailler en petit groupe ont fondu comme neige au soleil dans les deux premiers cycles. Pourtant, tout le monde peut comprendre le gain d’efficacité qu’un enseignement en petit groupe apporte.

Pareil pour les lendemains d’activités extrascolaires. Révolu le temps où les élèves pouvaient dormir un peu plus longtemps, s’ils avaient offert un spectacle aux parents ou aux habitants du village le soir précédent. En cas de maladie, on remplace l’enseignant dans l’urgence, coûte que coûte, même si la plupart du temps, ce sont des personnes sans formation qui assurent ce qu’on ne peut qualifier que de « gardiennage ».

Pour en revenir aux familles, les entreprises ne se sentent absolument pas concernées par la problématique. Bien au contraire, les cadeaux fiscaux qu’on leur fait ne font qu’aggraver le quotidien des enseignants et des élèves. Les impôts qu’ils ne versent pas sont économisés dans les classes par des mesures aussi douloureuses que la suppression d’heures d’enseignement, par exemple.

Par temps de canicule, mes élèves et moi continuons donc de faire semblant de travailler, profitant de petits moments d’atelier dans la fraîcheur toute relative des corridors - à défaut de pouvoir aller en forêt, expérience déconseillée à cause des tiques ou au bord du lac par manque d’accompagnants titulaires d’un brevet de sauvetage reconnu. Mais c’est un autre chapitre…

L’automne arrive bientôt et la problématique de la gestion de la canicule va être enfouie bien au fond d’un tiroir jusqu’au prochain épisode. La vie scolaire est un éternel recommencement.

Publié le
ven 21/09/2018 - 11:42
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