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La génération @ lira moins de journaux

Soumis par Stefan Lauper le 13 septembre 2008

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Téléphone portable, journaux (gratuits), sms: les jeunes passent sans problème d'un média à l'autre. Mais ceux qui prévoient de lire moins de journaux à l'avenir sont plus nombreux que ceux qui veulent en lire davantage... Radiographie.

L'association Recherches et études des médias publicitaires (REMP) a voulu en avoir le cœur net: pourquoi, alors que les journaux suisses ont perdu au total 717'000 lecteurs en un an, les gratuits ne cessent-ils de gagner du terrain et touchent aujourd'hui 40% du public? Grands amateurs de ces titres, les jeunes en sont-ils les seuls responsables?

Les 18-20 ans sont les plus grands lecteurs de gratuits, a confirmé Viviane Zimmermann, cheffe du projet «lecture des journaux chez les jeunes» à la REMP, mardi après-midi lors d'un colloque à Zurich. Si l'on considère la tranche 14-20 ans, leur proportion parmi les lecteurs de gratuits a progressé de 30%.

«Mais elle a aussi augmenté dans toutes les tranches d'âge», relativise la responsable. En revanche, ce qui est patent, c'est que les journaux gratuits progressent depuis 2004 et que les jeunes y sont très réactifs, tandis que les grands journaux régionaux sont à la baisse et que les petits journaux régionaux voient aussi leur lectorat, bien que toujours très élevé, diminuer.

Pas débordés

La REMP a commandé une étude passant au crible les habitudes médiatiques de 504 jeunes de 14 à 20 ans dans toute la Suisse, ainsi que leurs visions d'avenir. Première conclusion: les jeunes ne sont absolument pas débordés par le flux d'informations.

Seuls 21% répondent «oui» à cette question. «Mais la capacité multitâche des jeunes est une légende», selon Karin Jost, qui analyse les comportements des jeunes dans le magazine «report» de la REMP.

Selon elle, «on peut attester cette capacité dans certains cas particuliers, mais pas de façon globale. Internet est utilisé de façon 'monomédiale', tv et radio sont des médias d'accompagnement. La télévision domine encore pour tout ce qui est divertissement», écrit Karin Jost.

D'après les 504 jeunes interrogés, Internet est le premier choix pour savoir ce qui est en vogue (avant les magazines et la télévision) et les journaux gratuits arrivent en tête pour avoir un regard global rapide sur ce qui se passe (avant Internet et la télévision).

Journaux, magazines et livres à la traîne

Les journaux traditionnels sont cités lorsqu'il s'agit de rechercher des informations de fond (mais derrière Internet et avant la télévision) et pour les informations nationales et internationales. Les gratuits, de leur côté, ont surtout une fonction de guide des sorties.Frappant dans cette étude: les jeunes ont aussi été interrogés sur leurs intentions. Sans surprise, ils disent vouloir utiliser encore plus Internet, encore plus leur téléphone portable, et encore plus les «podcasts». La tendance change avec la radio: il y a égalité (27% chaque fois) entre ceux qui pensent l'écouter moins et ceux qui pensent l'écouter plus à l'avenir.Au rayon suivant, celui des journaux, ils sont plus nombreux à dire sans ambages qu'ils en liront moins à l'avenir (31% contre 24% qui en liront davantage et 45% qui en liront la même quantité). Les livres aussi ont du plomb d'aile: 38% prévoient des lectures moindres, à égalité avec ceux qui liront comme aujourd'hui. Enfin, du côté des magazines, les pronostics à la baisse (43%) dépassent les prévisions de stabilité (39%) et encore plus d'accroissement (18%).

Egalement présent à Zurich, Ulrich Reinhardt, directeur de la «Fondation pour les questions d'avenir» de Hambourg a tenu à relativiser: n'oublions pas, a-t-il dit, que «les jeunes sont en minorité. Il y a 50 ans, il y avait deux fois plus de moins de 15 ans qu'aujourd'hui... N'axons pas tout sur cette tranche d'âge, d'autant plus que ce sont les plus âgés qui ont le plus de moyens économiques...».

Le plus préoccupant, a-t-il ajouté, est le fossé qui s'agrandit entre les jeunes sortant d'une école obligatoire élémentaire et ceux qui ont suivi une formation supérieure. Les deuxièmes utilisent Internet trois fois plus que les premiers...

swissinfo, Ariane Gigon, Zurich

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