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La grogne des enseignants

Soumis par Brigitte Hofmann le 21 octobre 2016

La grogne des enseignants se heurte souvent à l'incompréhension de la population qui, mal informée par le Conseil d'État, ne comprend pas notre réaction.

Laissez-moi vous expliquer notre point de vue :

La grande majorité des enseignants qui manifestent leur mécontentement aujourd'hui n'est absolument pas concernée par la nouvelle grille salariale. S'ils s'inquiètent, c'est pour la survie de leur métier. Depuis quelques années déjà, la Suisse doit faire face à une pénurie d'enseignants. Nos cantons voisins sont heureux d'accueillir les jeunes diplômés neuchâtelois en quête de meilleures conditions de travail. Certaines régions périphériques se voient de plus en plus obligées d'engager du personnel sans formation pour assurer la prise en charge des élèves. Neuchâtel paie donc la formation d'enseignants qu'il encourage ensuite à quitter le canton. Pourquoi un jeune diplômé resterait-il sur Neuchâtel où il travaille une voire deux périodes hebdomadaires de plus pour un salaire inférieur ? Et les frais de cet exode, ce seront en première ligne les enfants et leurs parents qui les paieront, suivis immédiatement par les enseignants en place qui se sentent obligés d'épauler des remplaçants sans formation et chargés de rattraper des situations compliquées dues au manque de compétence des personnes engagées. On a parfois tendance à l'oublier : enseigner, c'est un métier qu'on doit apprendre. Un passionné de mécanique, bricolant un peu sa voiture n'est pas forcément capable de tenir un garage. Ce qui est valable pour tout métier l'est aussi dans l'enseignement.

 

Je le précise également, car le Conseil d'Etat fait habilement l'amalgame entre la nouvelle grille salariale et la situation financière du canton : ce n'est pas une mesure qui permettra d'économiser de l'argent dans l'immédiat ! Au primaire, les nouveaux enseignants seront payés un peu plus durant leurs premières années d'enseignement ! Mais la tendance s'inverse après une poignée d’années, l’État récupère largement ses billes et même bien plus! De plus, l'enveloppe salariale, le Conseil d'Etat le dit assez souvent, ne diminuera pas ! Faut-il en conclure que l'argent économisé auprès des enseignants permettra d'offrir des salaires plus conséquents encore aux employés occupant des postes dans le haut du panier? C’est Robin des Bois à l'envers : on prend aux pauvres pour donner aux riches.

 

En résumé, les enseignants sont mécontents non pas parce qu'ils veulent gagner plus, mais parce qu'ils craignent pour l'avenir de leur métier en pleine dévalorisation, tant financière que morale. Un métier de plus en plus complexe et de moins en moins reconnu. Tout ce qu'ils demandent finalement, c'est un minimum de respect.

Brigitte Tisserand

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