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L'enseignement, métier désacralisé

Soumis par John Vuillaume le 21 octobre 2016

Aujourd’hui, le maître n’est plus qu’une «personne-ressource» et les élèves des «apprenants», l’enseignant un prestataire de services comme un autre et les enfants qui lui sont confiés de simples «clients» focalisés sur le rapport qualité/prix (comment obtenir les meilleures notes en fournissant le moins d’efforts possibles?).

Omniprésence des outils électroniques, pressions parentales de plus en plus massives, bureaucratisation croissante et contre-productive de la profession, élévation générale du niveau de formation de la population, avec comme corollaire paradoxal une priorité moins marquée accordée à la première dizaine d’années d’école, les causes objectives de la déstabilisation des fondements de la profession enseignante ne sont pas uniquement une question de point de vue.

L’utilisation appropriée et régulière des technologies de l’information a certes ouvert des champs considérables en matière d’enseignement. L’accès aisé à l’information, les multiples ressources que permet le recours à l’informatique conduisent souvent les élèves à aller plus loin dans leur progression scolaire, connaissances et compétences, qu’ils n’auraient pu l’imaginer.

Les parents de nos élèves sont de plus en plus nombreux à pouvoir s’impliquer de manière constructive dans le parcours scolaire de leurs enfants. Le partenariat est profitable aux élèves qui gagnent en confiance quand ils voient parents et enseignants tirer à la même corde. Tout n’est pas rose pour autant. Quand un environnement familial toxique est détecté par le biais du comportement anormal de certains enfants — et cela arrive régulièrement dans les premiers degrés, les enseignants sont en première ligne. Hélas, ils doivent vaincre la lourdeur épuisante des procédures avec des réseaux les surchargeant excessivement et un manque de considération de nombreux professionnels s’agglutinant autour des «cas» révélés par la vie scolaire.

L’école faisait l’objet de tous les soins quand elle fonctionnait comme ascenseur social d’une société qui voyait l’avenir de ses enfants plus prospère que son présent. Cette époque est révolue. Aujourd’hui, les parents espèrent que leur progéniture ne sera pas déclassée dans un monde de plus en plus concurrentiel amplifiant les inégalités sociales, avec une classe «moyenne» qui a de plus en plus peur de sombrer dans les basses couches de la société.

Celles et ceux qui ont bénéficié d’un excellent système de formation, public et gratuit, leur ayant permis d’intégrer les hautes sphères de la société ne renvoient guère l’ascenseur. C’est flagrant quand on se penche sur l’esprit et les valeurs qui imprègnent les tests scolaires et la plupart des matières enseignées. L’univers des classes sociales moyennes supérieures s’impose ainsi comme modèles. La sélection s’opère dès lors sur des bases sociales plus que sur les capacités réelles des enfants. Ceux qui ne possèdent pas les codes de la classe sociale dominante sont clairement défavorisés.

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