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Le Conseil d’État neuchâtelois agresse sa Fonction publique

Soumis par John Vuillaume le 24 août 2009

(texte en version pdf pour impression)

La fin de l’été coïncide avec le difficile bouclement du budget 2010. Le Conseil d'État neuchâtelois est toujours aussi enclin à faire casquer la Fonction publique plutôt que de déroger, légalement, aux mécanismes de frein à l’endettement. Cette situation n’est plus acceptable.

Le racket institutionnalisé de la Fonction publique

La Fonction publique est systématiquement sacrifiée sur l’autel des économies budgétaires. Les mécanismes normaux du volet salarial de la loi sur le statut de la Fonction publique n’ont été appliqués que 2 ans durant les 15 à 20 dernières années ! Non-indexations, plafonnements et retenues salariales sont la norme et le Conseil d'État ne respecte donc quasiment jamais la loi depuis trop longtemps. Ajoutons la dégradation continue des conditions de travail induite par des trains d’économies de plus en plus contestés et nous aboutissons à un tableau réaliste de la mauvaise passe persistante dans laquelle les derniers Conseils d'État ont plongé la Fonction publique du canton.

Le nouveau Conseil d'État, qui maîtrise sa communication, a décidé d'appeler les péjorations salariales et des conditions de travail de la Fonction publique « mesures d'accompagnement ». Ces dernières visent à établir un budget qui ne soit pas trop déficitaire.

Les « mesures d’accompagnement » du DECS

Le successeur de Mme Sylvie Perrinjaquet au DECS a débuté sa législature de la même manière que sa devancière : il a sollicité les directeurs d’établissements qui lui ont transmis des catalogues d’économies qu’ils jugent supportables. Les associations professionnelles ont été une nouvelle fois totalement ignorées.

Aux dernières nouvelles, le rétablissement de décharges de l’Accord DECS-syndicats passera à la trappe. Le département planche aussi sur des retenues salariales, la suppression partielle des décharges en raison d’âge et une augmentation de l’indice horaire au secondaire II.

Un canton à réformer

Pourquoi la Fonction publique est-elle la seule à passer à la casserole lorsqu’il faut boucler les budgets ? Parce que les lobbies communaux, culturels ou agricoles ont des relais politiques et sociaux beaucoup plus puissants que ceux de la Fonction publique. Faire passer la Fonction publique à la caisse ne pose pas de difficulté majeure, mais supprimer des subventions dans le monde culturel ou agricole soulève des oppositions autrement virulentes. Réformer le système de santé non-universitaire le plus cher de Suisse n’a rien d’une formalité. Rationaliser les prestations et les infrastructures qui existent à double, triple, voire quadruple (4 centrales d’alarme pour 170'000 habitants, 3 pour toute la Suède !) est aussi nécessaire qu’ardu. La superposition et la concurrence entre pouvoirs communaux et cantonal dans un canton de 170'000 habitants sont extraordinairement coûteuses et contreproductifs.

En matière scolaire, le service de l’enseignement obligatoire doit par exemple faire face à près de 70 interlocuteurs ! De plus, aucune réforme structurelle d’envergure n’a été initiée dans le domaine de la formation depuis fort longtemps.

Neuchâtel doit se réformer, se moderniser et devenir une seule entité autour d’un pôle urbain unique Neuchâtel-La Chaux-de-Fonds qui ne verra le jour qu’au prix d’une liaison ferroviaire rapide et sûre qu’on a pris l’habitude de nommer « transrun ».

Il n’est plus temps d’attendre : un canton qui ne parvient pas à assumer ses dépenses dans la formation, la santé et la prévoyance sociale n’est tout simplement plus souverain.

Des États généraux des prestations étatiques

Les représentants des associations de la Fonction publique neuchâteloise soutiennent le projet d’ « États généraux des prestations étatiques » qui réuniraient les principaux acteurs politiques, culturels et sociaux du canton afin de redéfinir les priorités de l’action publique, rénover le système et redimensionner certaines infrastructures publiques. Les réformes structurelles sont les seules à même d’améliorer la situation de la Fonction publique neuchâteloise.

Quel est l’intérêt du Conseil d'État à exiger de la Fonction publique de nouveaux sacrifices qui ne font que financer un système clientéliste, suranné et dispendieux qui ne profite qu’à une minorité qui se fait mousser aux frais du peuple neuchâtelois et de sa Fonction publique ?

John Vuillaume

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