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Le stress du changement de niveau

Soumis par SAEN le 4 février 2017

Nos élèves témoins de la «révolution» scolaire racontent la 10e Harmos.

Juin2015- février2017: depuis un an et demi, ces élèves témoignent des changements du cycle 3 (9, 10 et 11e Harmos). (De g. à d.) Dimitri (collège des Sablons, Neuchâtel), Cassandra (La Fontenelle, Cernier), Gauthier (de Travers, mais scolarisé au Mail, Neuchâtel), Bryan (collège Beau-Site,  Le Locle) et Malaïka (collège Numa-Droz, La Chaux-de-Fonds). Sara, sur la photo «9e H» a déménagé.
Juin2015- février2017: depuis un an et demi, ces élèves témoignent des changements du cycle 3 (9, 10 et 11e Harmos). (De g. à d.) Dimitri (collège des Sablons, Neuchâtel), Cassandra (La Fontenelle, Cernier), Gauthier (de Travers, mais scolarisé au Mail, Neuchâtel), Bryan (collège Beau-Site, Le Locle) et Malaïka (collège Numa-Droz, La Chaux-de-Fonds). Sara, sur la photo «9e H» a déménagé. DAVID MARCHON-PHOTOMONTAGE: FRANçOIS ALLANOU

6 - 1 =… D’accord, Dimitri, Cassandra, Gauthier, Bryan et Malaïka ont dépassé le stade de l’apprentissage des soustractions. En 10e Harmos, ils jonglent plutôt avec fractions et équations. Il y a un an et demi, ils étaient six à débarquer dans nos colonnes pour nous raconter leur 9e Harmos, année où a commencé la «révolution» du cycle 3 (9, 10, 11e). A cinq, ils continuent l’aventure, Sara ayant déménagé hors du canton.

Nous les avions quittés en juin passé. En sept mois, ce qu’ils ont grandi! En taille, dans leurs réflexions, ils ont tous désormais 14 ans. Leur 10e? Elle rime avec la continuité des changements qui ont vu la disparition des sections et la naissance des niveaux (1 étant les «moins» bons, 2 les «meilleurs») dans cinq branches: français, maths, sciences, allemand et anglais. Et alors?

Cette 10e, pas si pire?

En juin dernier, certains la redoutaient cette nouvelle année qu’on dit tellement plus exigeante. En fait, elle n’est pas «si pire», comme on dit au Québec! «Ce n’est pas aussi dur que tout ce que j’avais imaginé. Sauf qu’il y a plus de devoirs, surtout en maths», lâche Cassandra, la plus inquiète des six à l’époque. Bryan trouve, comme les trois autres, que c’est un peu plus difficile, qu’il a plus de devoirs effectivement, mais «c’est gérable». Malaïka sue davantage «en langues, surtout en allemand. On a la prof la plus stricte du collège! On sera bien préparé, mais...» ça tombe bien car elle songe à devenir traductrice. «Non, j’ai changé, je pense étudier le droit.»

Côté langues, Gauthier rejoint Malaïka sur le fait que «c’est plus difficile». Mais il en veut, le Vallonier de Travers, car il s’exerce au suisse allemand pendant ses entraînements de hockey à Bienne. En août passé, il a quitté le collège de Longereuse pour le Mail, à Neuchâtel, où il a rejoint une classe sport-études. «Je prends le train de 6h30, car j’ai déjà un entraînement à 7h30. En gros, je rate six périodes par semaine et je suis un cours de rattrapage le jeudi soir pour faire mes devoirs. Je suis dans les mini-top et je m’entraîne 3 à 4 fois par semaine. J’ai choisi le club de Bienne car les Suisses allemands en veulent plus, ils ont une longueur d’avance sur les Romands.»

Et le carnet?

Fin de semestre rime avec carnet. Cassandra et Bryan ne l’avaient pas encore reçu lors de notre rencontre mercredi passé. Pour tous, leur niveau se maintient. Gauthier, Malaïka, Dimitri et Cassandra n’ont presque que des 2, Bryan mélange 1 et 2. «Si je ne m’étais pas planté au dernier TE, je serais en 2 en sciences. J’avais vécu la même histoire en français à la fin de 9e. ça me tue, je suis déçu. Une fois par mois, on a un contrôle de verbes et il plombe ma moyenne. J’ai de la peine à les apprendre par cœur!» Bryan nous avait parlé du stress occasionné par son envie de passer du niveau 1 à 2, et bien «ça n’a pas trop changé.»

Dimitri «n’a pas de souci, mais mes notes sont un brin moins bonnes». Idem pour Malaïka: «Ma moyenne générale a baissé.» ça l’embête? «Oui! J’ai failli descendre en allemand, mais j’ai demandé à rester en 2. Il faut donc que j’assure une suffisance.»

Weniger deutsch...

Depuis cette année, les élèves ont une heure de moins d’allemand. Ils ne s’en plaignent pas, mais.... «Les profs doivent faire le même programme en perdant 1h. Ils disent que c’est absurde», lâche Dimitri. «Du coup, on a un rythme très soutenu», renchérit Malaïka. «Ma prof nous a prévenus qu’on finirait tout juste la matière.»

Un fossé entre 1 et 2?

A leurs yeux, entre 1 et 2, ce n’est pas le grand écart. L’apprentissage du vocabulaire d’anglais par exemple est le même pour les niveaux 1 et 2 chez Bryan, «mais tout dépend des branches et des professeurs.» Dimitri: «Les techniques d’enseignement ne sont pas les mêmes à ce que j’ai pu voir en ayant en remplacement une prof qui enseigne au niveau 1. C’est tout de même plus exigeant en 2.»

Unis ou désunis?

Visiblement, les cinq se sont habitués à changer de copains-copines au gré des branches. La classe de base, ou principale, se reforme pour les cours de dessin, de gym, d’histoire et de géographie. Sinon, nos ados remarquent qu’ils côtoient plus souvent et plus ou moins les mêmes camarades dans les disciplines à niveaux. Sauf Malaïka qui n’a qu’un copain partageant les mêmes horaires et profs.

Du coup, quand on parle camp de ski ou course d’école, on découvre qu’ils ne partent pas avec leur classe de base, mais avec celles de français ou de maths.

Et la grève?

En fin d’année passée, les enseignants ont manifesté leur mécontentement face aux réformes de l’Etat en faisant grève. Comment les élèves ont-ils vécu cette période? Eclats de rire! On ne sait pas bien pourquoi mais, ça les fait marrer. «Des profs n’ont pas fait la grève car ils trouvaient que ce n’était pas à nous de la subir. A certains cours, on a regardé des films avec le remplaçant, ça allait!» raconte Cassandra. Selon Gauthier, 90% de ses profs ont débrayé: «On a regardé le Vendée Globe et on a eu pas mal de congés, car les remplaçants allaient plutôt en 9e et en 11e.» Tous soulignent que les enseignants ont pris du temps pour expliquer de vive voix ou à l’aide de circulaires ou encore en les renvoyant sur des sites, pourquoi ils suivaient ou non la grève. Bryan: «Certains renonçaient pour des raisons financières, d’autres car ils venaient d’être engagés. Il y avait des banderoles comme: ‘Ecole à vendre’».

Parfois, «on était perdus», lâche Gauthier. «On ne savait pas si on avait cours, car les syndicats disaient à 17h si oui ou non il y avait grève le jour d’après. Comme je viens d’assez loin, je me suis retrouvé à l’école un matin alors qu’il n’y avait pas classe. Mais bon...» philosophe-t-il.

À l'heure du choix

En 10e, ce n’est pas nouveau, les élèves doivent choisir une discipline à option qui sera étudiée en 11e. La question qui «tue»: que feras-tu quand tu seras grand?

Dimitri, Malaïka et Gauthier ont choisi une option académique, la voie pour aller au lycée puis à l’université. Les sciences humaines pour les deux premiers qui se destinent respectivement à la psychiatrie et au droit. Gauthier a opté pour les sciences expérimentales afin de se préparer aux études d’architecture. Cassandra se verrait bien fleuriste. Elle a donc choisi deux options professionnelles, l’informatique et les activités créatrices et manuelles. Le lycée n’est pas sa tasse de thé: «Je n’ai pas du tout envie d’y aller aussi. Si je me lance, je vais rater. En fait, j’ai peur de ne pas réussir.» Bryan est encore «dans le bleu». Il n’a pas fait son choix, bien qu’il lorgne du côté de sa voisine, l’école technique du Locle. A suivre.

Par Sophie Winteler

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