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L’école impossible à réformer?

Soumis par Stefan Lauper le 22 novembre 2008

"Il y a dans ce ministère une culture de la grève qui nous empêche de parler des choses réelles, des questions qui concernent les élèves". En accusant les syndicats enseignants d'immobilisme et de résistance au changement, Xavier Darcos pense minimiser, voire enrayer, la vague de mécontentement qui s'est exprimée le 20 novembre. Il entame un air bien connu mais qui mérite qu'on aille y voir de plus près.

Il est sans doute paradoxal pour Xavier Darcos d'accuser les enseignants d'immobilisme alors qu'il a lui-même bombardé l'Ecole de réformes à un rythme qui ne s'était jamais vu. En quelques mois on a vu se succéder la réforme du primaire, celle du lycée professionnel, des programmes du collège et maintenant du lycée. Il a finalement fait accepter la réforme du bac pro alors même qu'elle est lancée sans curriculum, avec des instructions discordantes, ce qui met les enseignants tout à fait mal à l'aise.

Certes ses réformes rencontrent des résistances. C'est le cas par exemple de la réforme du lycée ou des nouveaux programmes de primaire. Une des raisons de ces oppositions c'est sans doute le brouillage introduit par le ministre lui-même. Comment les enseignants peuvent-ils s'y retrouver dans des réformes qui reposent sur des visions totalement opposées de l'Ecole ? Aux enseignants du primaire soucieux d'éduquer les enfants, le ministre ordonne d'instruire, y compris dans les formes les plus ringardes. Aux professeurs des lycées, il vante le lycée finlandais et l'accompagnement personnel. L'autonomie des élèves devient la valeur suprème du nouveau lycée alors que son initiation est bannie de l'école. Comment les enseignants pourraient-ils interpréter cette valse idéologique autrement que par l'arbitraire ou la dissimulation ?

Xavier Darcos connaît ses classiques et il a sans doute lu Antoine Prost. Pour lui "les changements qui ne se font pas sont ceux qui mettent en cause l'identité professionnelle des enseignants". C'est elle qui est évidemment niée et mise en péril dans le cas des Rased. Elle est aussi attaquée de face dans la réforme du primaire. C'est pourquoi la stigmatisation des syndicats est sans effet. Le ministre peut-il penser changer l'Ecole dans la méfiance des enseignants ?

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